• L'Almanac'h, les grandes dates de l'Histoire de Bretagne

    #9 La bataille de Saint-Marcel, le 18 juin 1944
     Durée 21 minutes
    3 février 2021
    Cette date est restée comme celle de la bataille de Saint-Marcel (56), journée pendant laquelle l'armée allemande a liquidé cet important maquis morbihannais. La mémoire des deux semaines d'intense activité de la Résistance et la terrible repression qui a suivi a durablement marqué les habitants.

    Tristan Leroy est conservateur du Musée de la Résistance Bretonne de Sant-Marcel, actuellement en pleine refonte muséographique. Cette nouvelle présentation mettra l'humain au cœur du propos, en mettant en avant des objets qui ont une histoire afin de restituer ce qui a pu être le quotidien des résistants à hauteur d'homme.

    Dans cet épisode, il nous raconte la formation de la Résistance bretonne puis du maquis de Saint-Marcel et sa liquidation à partir de ce que l'on a vite appelé la bataille de Saint-Marcel, le 18/06/1944. La question de la mémoire locale des événements est le fil rouge de ce récit, avec les témoignages de survivants, recueillis en 2012 par des élèves du lycée Jean Quiennec de Malestroit.

    L’Almanac’h est une série produite par Bretagne Culture Diversité.

    Proposée et réalisée par Antoine Gouritin.

    Les témoignages de cet épisode sont extraits du film réalisé par les élèves du lycée Jean Quiennec de Malestroit en 2012 : https://vimeo.com/46279860

    La musique originale est de Jeff Alluin.

    Pour aller plus loin :
    Bougeard Christian, La Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale et les identités régionales, Brest, Editions du CRBC, 2002.
    Leroux Roger, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Mayenne, Joseph Floch, 1978.
    Animé par : Bretagne Culture Diversité
     
     

    votre commentaire
  • 27 Mai

    Concurremment avec I'attaque du 1er bataillon du 4lème R.I sur Assevillers, le 22ème R. M. V. E. devait reprendre Villers-Carbonnel et Pont de Brie; son attaque n'a pas non plus réussi. L'ennemi est maintenant suffisamment en force, bien muni d'armes automatiques, fortement installé et appuyé par son artillerie. Le morceau est trop fort pour notre division étendue sur un front de 18 kilomètres, sans renforts d'artillerie, sans chars, sans aviation, et devant progresser sur un terrain plat et dénudé qui favorise singulièrement la défensive. Si i'idée de toute progression ne semble pas encore abandonnée, elle est du moins remise, et nous recevons l'ordre de nous installer défensivement sur place. Chaque unité n'a d'ailleurs pas attendu cet ordre pour commencer les travaux de campagne.

    Dès le 28 mai I'ordre sera donné de « tenir sur place ».


    Depuis le 23 mai, la 19ème division avait cependant accompli une marche d'approche de 38 kilomètres, reprenant près de vingt villages et repoussant les éléments ennemis qui ne forment plus qu'une étroite poche au sud de la Somme. Tout cela réalisé par ses propres moyens. Si les 25 et 26 mai elle avait eu à sa disposition un certain nombre de chars et d avions, la division aurait atteint sans aucun doute la Somme et aurait même pu poursuivre au-delà. Mais, sans que les
    combattants aient pu le savoir, dès le 25 mai le but de cette offensive :

    tendre la main à l'armée du Nord, qui pendant ce temps progressait vers le sud, n'était plus possible, car les trois divisions anglaises formant l'avant-garde de cette armée s'étaient soudain repliées sans ordre vers Calais, augmentant ainsi l'étendue de la brèche de plus de 25 kilomètres. Les éléments allemands, profitant de cette circonstance, s'étaient rapidement engouffrés dans cette brèche, renforcés à chaque instant par des unités nouvelles amenées en camions, car l'ennemi avait conscience du péril auquel il échappait ainsi. La liaison entre I'armée Frère et I'armée Blanchard aurait en effet permis d'encercler et de découper de leur base tous les éléments motorisés allemands gui s'étaient précipités vers Boulogne et Abbeville.

    Le 27 mai I'organisation défensive des villages s'intensifie donc dans le sous-secteur Estrées-Deniécourt, Soyécourt, Vermandovillers. Elle devait se poursuivre jusgu'au 5 juin. Avec le repos relatif, les forces reviennent aux hommes et chacun, conscient de la dangereuse position du régiment, harcelé par des tirs d'artillerie incessants et par des attaques locales, travaille le sol avec acharnement. En peu de jours les résultats sont remarquables et nous ne regretterons pas notre peine, car c'est à ces trous étroits et profonds que beaucoup doivent actuellement la vie. Les transmissions fonctionnent maintenant entre Estrées et les batteries. Nos artilleurs commencent de remarquables tirs à vue. Ils
    ne sont pas avares de leurs munitions et les quelque cent obus que reçoit journellement chacun de nos villages ne sont que la cinquième partie de ce que nous envoyons sur les rassemblements, les travaux et les colonnes repérés de l'observatoire d Estrées-Deniécourt. Un tir de barrage déclenché
    pendant la nuit devant Belloy nous a démontré que nous sommes maintenant soutenus par notre artillerie divisionnaire.

    28 Mai

    Les travaux continuent. Ce qui se fait le plus sentir c'est I'absence de sommeil. La journée est à peu près calme dans notre sous-secteur. Cependant, visite de plusieurs avions ennemis volant en rase-mottes et sur lesquels crachent toutes les armes automatiques. Tirs d'artillerie ennemie, à cadence irrégulière, sur Estrées, Fay, Soyécourt et Vermandovillers. Notre artillerie continue ses tirs à vue. Nos villages commencent à se démolir.

    Cependant, le 2ème bataillon, détaché pour tenir la rive de la Somme sur le flanc Est de la division, subira aujourd'hui une forte attaque locale et le 28 mai marque singulièrement dans les annales de la 7ème Cie. Celle-ci, avec une section de mitrailleuses, deux canons de 25 et les mortiers de 81 de la C. À. B. 2, tient le village de Saint-Christ-Briost et le Pont de Saint-Christ ,depuis le 25 Mai. Ce point d'appui est placé sous le commandement du capitaine Dupuis. La Somme coule à cet endroit dans une vallée relativement encaissée, orientée sud-nord : son lit, assez étroit, est double par celui d'un canal. En arrière des deux rives, le plateau domine la vallée, nettement plus haut du côté allemand.
    Le village de Saint-Christ se trouve au fond de la vallée. Un point d'appui au pont et dans le centre du village; un point d'appui au nord, nettement en dehors du village (section Mignard) ; un point
    d'appui au sud (section Chabanel). Le P. C. est près de la rue centrale. Les mortiers de 81 sont dans la cour du P. C.

    Vers 9 heures, des éléments allemands ayant franchi la Somme et venant du Pont-de-Brie attaquent le point d'appui nord, aidés par des tirs de minen partant de la rive Est de la Somme. Malgré leurs efforts
    ces éléments sont arrêtés, et vers 11 h 30 le feu s éteint et tout disparaît. Le calme semble revenu. Cependant, vers 15 heures des rafales d'armes automatiques et un violent tir de harcèlement par minen et 105 s'abattent sur le village, un peu au hasard semble-t-il. Les observateurs ayant décelé un nid de mitrailleuses, le capitaine Dupuis fait peu après, exécuter sur cet objectif un tir de mortiers. La réplique est immédiate et une dégelée de gros minen s'écrase en réponse sur le P. C., blessant
    gravement à une jambe le capitaine Dupuis. Le lieutenant Bonnefis, commandant la 7ème compagnie, qui s'élançait pour le secourir, a les deux jambes broyées, et le sous-lieutenant Lemée reçoit un éclat à la tête. Ce coup malheureux a les conséquences les plus graves, car il prive de ses chefs le point d'appui de Saint-Christ au début d'une forte attaque allemande.

    En effet, un terrible bombardement s'abat peu après sur Saint-Christ, faisant sauter les toitures. Des bombes incendiaires atteignent les maisons qui bordent le pont et qui commencent à flamber. En même temps, franchissant le canal sur des planches posées sur des péniches à moitié coulées, les fantassins allemands attaquent le village. Les rafales de nos fusils-mitrailleurs causent de sérieux ravages dans leurs rangs et arrêtent leur progression. Le combat continue. A 17 heures, la lutte fait rage, les balles sifflent de tous côtés et les obus soulèvent partout poussière et fumée. Le sous-lieutenant Mignard est venu prendre le commandement de la compagnie. On résiste. Soudain, vers
    18 heures, de nouveaux obus incendiaires viennent mettre le feu aux maisons occupées par la section qui défend le pont. Cette fois il est impossible d'arrêter I'incendie. Les hommes doivent, la rage au coeur, quitter leurs abris, et les Allemands en profitent pour passer rapidement la Somme et le canal. Ils ont pris pied sur notre rive; la lutte devient dure lorsque soudain surgit une nouvelle difficulté. L'ennemi a repris ses attaques sur le point d'appui nord; il l'a en partie encerclé et la section qui le défend est décimée. N'ayant plus son chef, le sous-lieutenant Mignard, elle se replie en désordre sur le village.

    Mignard envoie I'ordre au sous-lieutenant Chabanel, qui défend les lisières Sud, non attaquées, d'aller s'établir face au nord-ouest, Mais le désordre est à son comble. Les obus éclatent sans arrêt. Les balles sifflent de tous côtés. La situation devient intenable. Les hommes, en voyant la section Chabanel se diriger au pas de course vers les lisières ouest du village, croient à un repli et la suivent en faisant le coup de feu. Les Allemands sont d'ailleurs entrés dans le village par le nord-ouest et la rue principale est enfilée des deux côtés par les balles. Pour sauver les restes de son unité, le sous-lieutenant Mignard doit donner I'ordre de repli. Le médecin Zaracovitch refuse de suivre et reste avec
    ses blessés. Le lieutenant Bonnefis vient d'ailleurs d'expirer avec le plus grand courage. Alors, groupant une quarantaine d'hommes qui luttent encore, les sous-lieutenants Mignard, Chabanel et Cocault se replient non sans peine et atteignent Marchelepot. La 7ème compagnie a perdu ce
    jour-là 3 officiers et 71 hommes et sous-officiers.

    29 Mai

    On ne pouvait rester sur cet échec. Dès la nuit, la 6ème compagnie reçoit l'ordre de reprendre Saint-Christ. Heureusement cinq chars d'assaut peuvent être mis à sa disposition. Elle s'ébranle à 4 heures.
    Accueillie par le feu nourri des armes automatiques ennemies, elle bondit en avant, entraînée par le chef de bataillon Pourcin, qui, peu après, est blessé au bras, D'un seul élan elle reprend le village. Surpris, les Allemands repassent en hâte la Somme. Saint-Christ est de nouveau entre nos mains. Nos camarades sont vengés. Le chef de bataillon, qui avait refusé de se faire évacuer avant la reprise du village, passe alors le commandement du 2ème bataillon au capitaine Thouron.

    Durant ce temps, I'ennemi se renforce toujours sur le front de notre régiment. Dompierre-Becquincourt et sa sucrerie sont le siège d'une grande animation. Par de petites infiltrations, vers 10 heures, l'ennemi
    s'efforce de venir jusqu'à Fay et Estrées. Mais nos armes d'infanterie et notre artillerie font merveille. Les remarquables concentrations de feu de cette dernière et son activité incessante empêchent I'ennemi de parvenir à ses fins en causant le plus grand désordre dans ses arrières.

    Pendant les journées des 28 et 29 mai, I'aviation allemande ne fut pas inactive; par groupes de trois ou cinq ses appareils nous survolent à tous moments, mitraillant parfois, sans aucun résultat d'ailleurs, car
    nos hommes étaient parfaitement terrés, Le 28 mai, vers 14 h 30, les feux conjugués des 1er et 3ème bataillons touchèrent gravement un bombardier ennemi qui poussait I'imprudence à les survoler en rase-mottes : il s'abattit en flammes à quelques kilomètres de là.

    A la tombée de la nuit, cinq chars R. 40, mis à la disposition du régiment pour quelques heures, vont faire dans les parages de Fay une démonstration plus bruyante qu'utile... Les nuits jusqu'ici ont été à peu près calmes; seules les lueurs des incendies brillent sous la voûte étoilée; parfois une fusée verte montant droit dans le ciel déclenche le tir de barrage, mais rapidement le grondement s apaise; quelques fusées éclairantes illuminent encore le ciel, puis c'est à nouveau le silence.

    30 Mai

    A 3 h 50 retentit le crépitement rapide et régulier de notre F. M., puis le tac tac tac plus lent de nos mitrailleuses auquel se joignent les rafales des mitraillettes allemandes. Cela dure, disparaît, puis reprend, semblant venir de la direction de Fay, puis tout rentre dans le calme,
    Chaque nuit, ainsi, venant de quelque part dans le secteur de la division se déclenche le tir des armes automatiques. Mais cette fois cela reprend, s'amplifie, et voici la fusée verte, basse sur l'horizon. Un coup de téléphone (car malgré les pires difficultés nos transmissions fonctionnent) annonce une attaque sur Fay. Brutalement, rageusement, s'abattent tout à coup les rafales de nos 75 qui exécutent le tir de barrage demandé. Durant 10 minutes, c'est un roulement infernal qui couvre tout autre bruit. Puis tout s'apaise, quelques coups de feu isolés, c'est fini. L'aube naît bientôt, le jour se lève et une nouvelle journée d'un temps magnifique commence.

    Le village de Fay, tenu par la 11ème compagnie du 3ème bataillon, a été attaqué à deux reprises cette nuit. Mais la vigilance des défenseurs n'a pas été prise en défaut. Les groupes ennemis purent à peine atteindre les lisières du village, cloués au sol par les tirs repérés de nos fusils mitrailleurs et de nos mitrailleuses aidées par les mitrailleuses d'appui d'Estrées et également par nos 75. La plus forte tentative ennemie, au point du jour, a été repoussée comme les autres. On se perd en conjonctures
    sur le but de cette attaque. L'ennemi a-t-il voulu s'emparer de Fay, qui entre en pointe dans son dispositif, ou bien a-t-il voulu seulement se rendre compte des raisons pour lesquelles nos chars
    avaient fait tant de bruit hier soir, ou bien, enfin, sonder les réactions de notre plan de feux ?

    Dans la journée arrivent du P. C. D. I. les ordres nécessaires pour regrouper le régiment. En effet, par suite, de l'arrivée d'une nouvelle division, la 29ème D.I, le 2ème bataillon du 41ème R.I va pouvoir regagner le régiment. La 29ème D.I. s'intercale entre la19ème D. I. et la 3ème D.I.L. et va border les rives de la Somme, de Saint-Christ à Ham. Par suite du nouveau dispositif de la D. I., le 3ème bataillon du 41ème R.I abandonne Estrées-Deniécourt, qui sera occupé par le 117ème R. l. Le 3ème bataillon du 41ème R.I s'installera à Soyécourt. Le 1er bataillon du 41ème R. quittera Soyécourt pour aller occuper Foucaucourt, jusqu'à présent tenu par le 31ème R. T. A. de la 7ème D. I. N. A. (division d'Infanterie nord-africaine). Le 2ème bataillon du 41ème R.I, quittant les rives de la Somme, viendra occuper Herleville, actuellement défendu par le 31ème R. T. A. (régiment de Tirailleurs algériens) de la 7ème D. I. N, A. Ce nouveau dispositif devra être pris par échelons entre le 30 mai et le 2 juin. Les ordres sont donnés en conséquence par le colonel. Dans la nuit du 30 mai au 31 mai, le 1er bataillon
    du 41ème R.I va occuper Foucaucourt, laissant une section dans Soyécourt.
    Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, le 3ème bataillon du 41ème R.I, moins la 9ème compagnie occupant Fay, qui reste, malgré la difficulté de ses liaisons, dans le sous-secteur du régiment, se portera à Soyécourt.
    Enfin le 2ème bataillon du 41ème R.I, procédant par étapes, viendra occuper Herleviile dans la nuit du 1 au 2 juin.

    En exécution de ces ordres, divers contacts sont pris avec le 31ème R. T. A., qu'il faut relever; ils permettent de constater la nervosité des tirailleurs qui, à tout bout de champ, tirent en tous sens pour
    se donner du courage: le jour quand les obus tombent, la nuit quand ils entendent le moindre bruit. Le calme de nos Bretons qui deviennent aguerris ressort d'autant plus à ce contact.

    31 Mai

    À la fin de la nuit, le 1er bataillon du 41 a relevé à Foucaucourt le 3ème bataillon du 31ème R. T. A. Malgré toutes les précautions prises on déplore un tué et un blessé, non par I'action de I'ennemi, mais par le fait des tirailleurs.

    Journée assez calme. De I'observatoire d'Estrées, nos artilleurs règlent à merveille de beaux cartons. Les Allemands se camouflent vraiment mal et leurs convois de troupes sont terriblement tentants
    pour nos canons. La supériorité de notre artillerie est vraiment très nette. L'artillerie allemande semble arroser au hasard les villages et leurs abords, causant seulement l'écroulement de maisons et des pertes légères.

    Vers 19 heures, dans un ciel toujours bleu, les avions allemands qui, pour la première fois, ne s'étaient pas montrés de la journée, passent au nombre de six. Ils survolent à pleins gaz et à basse altitude nos
    villages. Fatale imprudence, L'effet moral est inverse de celui escompté par l'ennemi; nos tireurs au F. M. et à la mitrailleuse ne laissent pas échapper de telles cibles; le tir crépite de tous côtés. L'un de ces avions, après avoir survolé Estrées, laisse échapper une fumée noire, s'élève brusquement, puis s'abat en flammes après avoir lâché un homme en parachute que le vent pousse vers les lignes allemandes. Victoire ! C'est le troisième avion abattu par le régiment en quelques jours.

    Dès le début de la nuit, à partir de 22 heures, le 3ème bataillon, par compagnies échelonnées, quitte Estrées qu'il occupait depuis le 24 mai pour se porter à Soyécourt. Le 1er bataillon du 117ème R. I. le remplace. La relève est terminée à minuit 30  sans incidents.

    Pendant ce temps, le 2ème bataillon, relevé par la 29ème D. I., s'est regroupé à Licourt et s'apprête à faire étape pour Vermandovillers et Herleville.

    1er Juin

    La nuit, bien commencée. va t-elle se terminer sans incidents? Depuis quelques jours, en effet, I'ennemi tâte les villages avancés du secteur de notre division, lançant des coups de main plus ou moins forts, au lever du jour: ainsi à Fay et à Berny.

    Soudain, à 3 h 15 retentit un bruit intense de fusillade. Une fusée verte monte dans le ciel, et bientôt se déclenche le tir de barrage de 75. C'est à nouveau Fay qui est attagué. A Soyécourt, le 3ème bataillon
    est en état d'alerte, ainsi que le 1er bataillon du 117ème qui occupe maintenant Estrées. Aucun renseignement. L'E. R. 17 a pu confirmer la demande de barrage, car le téléphone est coupé. Tout rentre enfin dans le calme et, au petit jour, une patrouille est envoyée aux renseignements.
    Les premières nouvelles ne sont pas bonnes. Fay a subi une violente attaque gui a été repoussée, mais le lieutenant Payen et toute sa section sont portés manquants. Le chef de bataillon Jan, commandant le 3ème bataillon du 41ème R.I, se rend personnellement à Fay, et bientôt parvient la
    nouvelle du glorieux fait d'armes que la 9ème compagnie a inscrit à I'actif du régiment.

    Le village de Fay, situé à 2 kilomètres au nord de la route Amiens-Péronne, au débouché .d'un ravin venant de Dompierre-Becquincourt, forme une pointe dans le dispositif ennemi. C'est par conséquent un point important à conquérir pour celui-ci, car il interdit les débouchés ennemis sur Estrées et sur Foucaucourt. Depuis le 30 mai au soir, la 9ème compagnie a relevé la 11ème compagnie. Elle est commandée par le capitaine Dunand et renforcée d'une section de mitrailleuses de la C. A. B. 3. Les abords du village ont été assez fortement installés, tant par la 11ème ,compagnie que par la 9ème, qui craignait avec raison de nouveaux coups de main.

    Vers 22 heures, le sous-officier de garde d'une section a été mis en éveil par une agitation anormale dans le troupeau des nombreuses vaches errantes aux abords du village. Le capitaine Dunand, alerté, a redoublé de surveillance et renforcé la garde. Soudain, vers 3 heures, le sous-officier de garde à la barricade nord-ouest du village ayant entendu parler allemand alerte la garnison, et lorsque, à 3 h 15, un fort groupe d'Allemands se rue sur cette barricade, tout le monde est à son poste, prêt au feu. Malheureusement, le fusil-mitrailleur défendant cette barricade s'enraye après quelques rafales et les Allemands, appuyés par trois puissants lance-flammes, se lancent à I'assaut, jetant leurs grenades
    à manches et leurs fumigènes dans toutes les directions. Les lance-flammes mettent le feu à la barricade et à une maison contiguë près de laquelle sont calcinés le cheval et la voiturette du mortier de 60.
    Emportés par leur élan, les Allemands, bousculant les restes de la section du lieutenant Payen, qui défendait la barricade, arrivèrent jusqu'au centre du village, mais là ils tombent brutalement sous le leu des fusils-mitrailleurs du lieutenant Mauduit dont les V. B. appuient I'action; ils refluent alors vers le nord, en désordre, et un groupe d'une vingtaine d'entre eux s'engouffre dans la cour de la ferme servant de P. C. Ils sont alors reçus par le feu de la section de mitrailleuses commandée
    par le sous-lieutenant Vaillant qui, ayant rapidement déplacé une pièce, fait un véritable carnage. Le jour commence à se lever. La maison en flammes éclaire la scène. Les fumigènes allumés par les Allemands dégagent une âcre fumée mélangée à celle des nombreuses cartouches brûlées. L'ennemi qui s'efforce alors de se replier vers Assevillers est à nouveau pris à partie par les mitrailleuses et les F. M. du point d'appui tenu par la section de I'adjudant Le Denmat qui battent le glacis au débouché nord de Fay. Le tir de barrage de nos artilleurs achève la besogne. Il est 6 heures. Le capitaine Dunand lance alors en avant la section du sous-lieutenant Mauduit qui fait quelques prisonniers dans les jardins, puis, appuyée par la section Le Denmat, réoccupe la partie nord-ouest, du village, faisant encore des prisonniers, Seuls quelques Allemands réussissent à franchir le barrage de feu et à regagner Assevillers. Pendant ce temps la section du lieutenant Payen, bousculée par l'ennemi et coupée du village, s'est regroupée entre Fay et Assevillers. Empêchée de regagner Fay par suite des tirs de barrage, elle atteint Estrées, d'où elle rejoint sa compagnie.

    L'attaque ennemie avait été menée par environ 150 hommes amenés le soir même de Péronne à Assevillers en camions. L'ennemi laissa entre nos mains 29 prisonniers et 16 cadavres, dont un officier. Une cinquantaine de cadavres gisaient dans la plaine. En outre, 36 fusils, 2 mitrailleuses légères, 3 mitrailleuses lourdes, 2 lance-flammes, 50 grenades et tout un lot d'équipements et de munitions, sans oublier des bobines de fil téléphonique, tombent entre nos mains.

    La 9ème compagnie a perdu 1 sous-officier et 5 hommes tués, 7 sous-officiers et 8 hommes blessés. C'est, pour notre régiment, un brillant succès.

    Le matin, vers 10 heures, le 2ème bataillon du 41ème R.I venant de Licourt arrive à Vermandovillers où il stationne pendant la journée, préparant la relève du 2ème bataillon du 31ème R. T. A. à Herleville, qui doit avoir lieu dans la nuit. Le 2ème bataillon était séparé du reste du régiment depuis le 23 mai au soir.

    Journée calme; temps splendide. Contingent habituel d'obus sur les villages, accueilli avec le flegme des vieilles troupes. Visite quotidienne de plusieurs groupes d'avions, ennemis bien entendu, car les avions français ou alliés demeurent invisibles.

    2 Juin

    Durant la nuit, le 2ème  bataillon a gagné Herleville. La relève s'est effectuée sans incident. Le regroupement du régiment est ainsi terminé, et le nouveau dispositif est en place..Les divers éléments du 41ème R.I sont ainsi disposés. Au nord, en pointe, à 2 kilomètres de la route nationale Péronne-Amiens, une compagnie du 3ème bataillon occupe le village de Fay.

    A sa gauche, à 3 kilomètres au sud-ouest, le 1er bataillon défend Foucaucourt, à cheval sur la route nationale Amiens-Saint-Quentin. A 4 kilomètres au sud de Fay, le 3ème bataillon occupe Soyécourt. En outre, entre Soyécourt et Fay, un point d'appui intermédiaire été établi dans le bois du Satyre, sur la route nationale. Il est tenu par une section de la 11ème compagnie, avec le groupe de mortiers de 81. En arrière de Foucaucourt, et à 2 kilomètres au sud-ouest, le 2ème bataillon est établi dans
    Herlevilie.

    En arrière de Soyécourt et à deux kilomètres se tient, à Vermandovillers, le P. C. R. I., avec la 7ème compagnie du 2ème bataillon.

    Enfin la C. H. R. est à Lihons, à 4 kilomètres au sud de Vermandovillers, avec le G. R. D. I.

    L'artillerie appuyée par le régiment est ainsi disposée: À Vermandovillers, un groupe de 155 du 210ème R. A. L.; au Bois-Etoilé (1 kilomètre ouest de Vermandovillers), un groupe de 75 du 10ème R. A. D. et un groupe de renforcement du 304ème R. A. P. Chacun des villages, sauf celui de Fay, possède des canons anti-chars, soit des canons de 25 organiques des bataillons, soit de la C. R. E., soit de la C. D. A. C. ; soit des canons de 47 de deux B. D. A. C., venues en renforcement, et
    deux pièces de 75 anti-chars.

    Enfin, à Vermandovillers se trouve un groupe de canons de 25 anti-aériens et à Soyécourt la section de mitrailleuses anti-aériennes de 20 mm, appartenant au 1er bataillon.

    Le régiment est encadré, à droite (Est) par Ie 117ème R. I., qui occupe Belloy-en-Santerre, au nord de la route Amiens-Saint-Quentin, Estrées et Berny-en-Santerre, Deniécourt, Arblaincourt et Pressoir, où
    se trouve le P. C. 117. Le 117ème est lui-même prolongé à sa droite par le 22ème R. M. V. E., 3ème régiment de la division, qui occupe Fresnes-Mazancourt, Misery, Marchelepot ; ce régiment a, à sa droite la 29ème D. l. puis la Somme, dont la boucle remonte vers le sud jusqu'à Ham et dont l'autre rive est occupée par les Allemands.

    Le P. C. de l'Infanterie divisionnaire (P. C. I. D.) est à Chaulnes et le P. C. de la division (P.C.D. I.) à Rouvroy.

    Le régiment est encadré à gauche (Ouest) par le 31ème R. T. A. faisant, partie de la 7ème D. I. N. A., qui occupe Chuignolles, le Bois Sainte-Marie, Proyart et Framerville. La gauche de la 7ème D. I N. A. borde à nouveau la Somme, dont le cours, après la boucle de Péronne, sud-nord,descend vers l'ouest.

    C'est dans ce dispositif et sur ces lieux que le régiment subira l'offensive allemande du 5 juin. Il est intéressant de décrire le cadre dans lequel devaient se dérouler ces opérations: la plaine de la Somme,
    paysage de Beauce, avec quelques lentes et faibles dénivellations de terrain. A L'Est, un terrain plat, désespérément plat, jusqu'à la Somme qui coule sud-nord, à 8 kilomètres de la. Au nord-est, même aspect si ce n'est que, près de Villers-Carbonnel, un léger bombement de terrain masque la ville de Péronne que l'on voit cependant de certains clochers, et qui est à 12 kilomètres. Au nord, Assevillers occupe la crête d'un léger repli du sol. Puis, à quelques kilomètres au nord s'étend Dompierre-
    Becquincourt, sur le bord du plateau dominant la rive sud de la Somme. Dompierre, centre important ennemi, journellement bombardé par nos artilleurs qui essaient en particulier d'abattre la cheminée de la sucrerie, observatoire excellent pour l'ennemi. Plus en arrière, à une dizaine de kilomètres, on voit les lignes de hauteurs bordant la rive nord de la Somme, bons observatoires lointains pour I'ennemi. Au nord-ouest, vues limitées par le bois Sainte-Marie et les hauteurs dominant un ravineau qui se dirige vers la Somme. Au sud-ouest, au sud et au sud-est, à perte de vue, la plaine ondulée ... Pas de haies, pas de talus, pas de fossés : rien qui nous rappelle un coin quelconque de notre Bretagne, mais  l immensité plate où courent les routes parmi les champs et les champs, sens un arbre, sans un buisson. Çà et là cependant quelques petits boqueteaux et des bois isolés. Un de ces bois, le bois du
    Satyre, longeant les lisières ouest de Fay, s'étend jusqu'aux abords de Soyécourt et constitue un couloir d'infiltration dangereux. Un autre, le Bois-Etoilé, s'étend entre Herleville et Vermandovillers. Enfin, entre Vermandovillers et Chaulnes, Ie bois de Chaulnes, très étroit. Quelques boqueteaux aux lisières nord d'Herleville, un autre boqueteau à la sortie sud de Vermandovillers. Ces bois, seuls abris pour nos batteries d'artillerie, furent naturellement très vite repérés par I'ennemi. Dans cette plaine monotone, où les champs ne sont même pas entourés de barbelés, s'étendent çà et là des villages aux maisonnettes encore neuves. Cette région fut déjà en effet le théâtre de violents combats, et tout y
    fut détruit par les bombardements en 1914-1918. Une partie seulement des villages a été reconstruite, aussi pas de rues, mais, en général, des maisons éparses, souvent éloignées les unes des autres, parfois groupées en petits paquets, et occupant cependant toute la surperficie de I'ancien village, trop grande pour le nombre actuel des maisons. Toutes les constructions sont en briques, généralement sans étage. En résumé, cette plaine est facile à défendre contre I'infanterie ennemie, si ce n'est
    quelques couloirs d'infiltration, mais elle constitue aussi un terrain idéal pour l'évolution des chars d'assaut. Les villages eux-mêmes séparés les uns des autres par plusieurs kilomètres sont difficiles à défendre parce que formés de maisons éparses et trop fragiles. On regrette les villages
    et les bourgs aux maisons accolées, construites en pierre de taille, munies de caves solides et encerclées de jardins aux murs épais...

    La T. S. F. nous a appris, que les restes de l'armée de Belgique ont fini de s'embarquer à Dunkerque, L'armée de Blanchard lutte encore. On nous a annoncé I'attaque d'une division blindée anglaise gui aurait repris Abbeville et très légèrement progressé vers le nord, mais, tous renseignements pris, si cette attaque a eu lieu, c'est à l'aide d'une division blindée française formée de tous les chars échappés de Belgique; elle n'a d'ailleurs pas eu de suite. Il y a déjà plusieurs jours que les derniers
    éléments de I'armée anglaise du nord ont regagné leur île. Nous espérons bien les voir débarquer au Havre ou à Dieppe. Et tous ceux qui ont occupé la Bretagne cet hiver, que font-ils ? Aucun avion allié
    dans le ciel; toujours et uniquement les croix allemandes. La situation est inquiétante, mais, fort heureusement, on n'a guère le temps d'y songer.

    Il faut s'attendre d'un jour à I'autre à une grande attaque allemande. Toutes les forces disponibles vont bientôt déferler vers le sud, sur nous. On nous transmet l'ordre du jour du général Weygand : « Tenez !
    C'est le sort de la France gui est en jeu. Si nous pouvons tenir un mois, c'est la victoire probable ! » Le moral est excellent. Qui de nous songe à autre chose qu'à « tenir » ? Le général de division nous a envoyé l'ordre suivant : « ]e réitère I'ordre déjà donné. Quelle que soit la violence des attaques et des bombardements auxquels peuvent être soumises les unités, aucun repli ne doit être ordonné ni toléré. On doit résister sur place jusqu'au dernier homme en faisant subir à I'ennemi le maximum de pertes. Le sort de la bataille actuelle en dépend. »

    Les travaux continuent avec activité. Il faut appliquer l'ordre reçu du corps d'armée: S'enfermer dans les villages solidement barricadés, pour les défendre jusqu'au bout et attendre que les contre-attaques
    prévues à cet effet viennent nous dégager. » Selon ces directives nous achevons de barricader solidement les routes, de créneler les maisons, de réunir les espaces vides entre les constructions par des tranchées profondes, munies d'emplacements de tir, et de creuser des boyaux de communication entre les points principaux. La parole est au pic et à la pioche. Le Génie pose de nuit des mines anti-chars aux endroits dangereux, entre Fay et Faucaucourt et aux issues des villages. C'est dimanche, paraît-il, mais c'est le gros travail comme en Sarre, cet hiver, on ne sait plus quel jour on vit.

    Dans la soirée, nous apprenons que le général Toussaint, commandant notre notre 19ème D. I., vient d'être nommé à la tête de I'artillerie d'un corps d'armée ; il est remplacé par le général Lenclud.

    Nos observateurs, des positions périlleuses, qu'iIs tiennent dans les clochers et les toitures, signaient de nombreux travaux ennemis devant Assevillers et Dompierre-Becquincourt. Des tirs d'artillerie bien centrés y mettent quelque agitation. Comme presque tous les jours des avions nous survolent et mitraillent un coin ou l'autre du secteur. sans autre résultat que de s'attirer les répliques nourries de nos armes automatiques. Le contingent habituel d'obus ne trouble guère notre activité.

    3 juin

    Dans la nuit, à 3 h 30,le téléphone carillonne : le 3ème bataillon signale que de Fay on entend des bruits de moteurs. On craint une attaque avec engins blindés. Tout le monde est alerté aux postes de
    combat. Le temps passe et le renseignement n'est pas confirmé. Fausse alerte. Peut-être était-ce une colonne de camions ?

    Durant la matinée, des patrouilles ennemies viennent tâter nos villages avancés : quelques rafales d'armes automatiques et de bons tirs de mortiers de 60 les mettent à la raison. Les transmissions sont sur les dents. Depuis huit jours les équipes posent ou réparent du fil sans arrêt. Les vaches errantes sont les pires ennemies de nos téléphonistes dont elles arrachent les fils chaque fois qu'elles les trouvent à leur portée; ce que les vaches laissent en état, les obus ennemis le volatilisent.

    La ligne téléphonique de Fay n'a jamais pu fonctionner plus de quelques heures sans interruption. Les piles de radio doivent être ménagées pour le jour où les relations téIéphoniques seront toutes rompues.

    Le temps splendide se maintient. Vers 13 heures une centaine d'avions ennemis nous survolent. Immense quadrilatère; formations impeccables; altitude moyenne. Ils se dirigent vers le sud et repassent en sens inverse vers 15 heures. Nous apprendrons qu'ils ont été bombarder Paris.

    Les travaux continuent à plein rendement. Chacun en sent I'importance et s'y donne avec coeur. Des mines anti-chars sont posées devant Herleville, Vermandovillers, Soyécourt et, cette nuit, toutes les routes seront barrées par ces champs de mines. On recouvre de paille les abords des barricades, ce qui camoufle les mines. Des récipients d'essence sont amenés à proximité de sorte que la paille sera facilement enflammée si les chars ennemis s'en approchent. Des bouteilles de bière remplies d'essence sont distribuées partout dans les tranchées. Lancées sur les chars avec une mèche enflammée dans le goulot, elles feront du beau travail. Les chenillettes montent sans arrêt du barbelé, des piquets et des munitions aux villages avancés. L'ennemi semble s'inquiéter de ces travaux. L'avion d'observation qui nous survole tous les jours sans arrêt depuis le 22 mai s'agite désespérément. Malgré sa faible vitesse et sa silhouette démodée, cet avion n'est justiciable que de nos mitrailleuses
    spéciales de 20 millimètres. Les autres armes automatiques sont impuissantes et nous avons la certitude qu'il est blindé. Il a dû rapporter aujourd'hui une moisson de renseignements, car à peine nous a-t-il quittés, en fin d'après-midi, que I'artillerie ennemie se met en action, La dose quotidienne est nettement dépassée, et les artilleurs du 210ème, au sud de Vermandovillers, reçoivent de fortes rafales. Mais personne n'est oublié, et dans chaque village du 41ème R.I, s'abattent les salves de 105,
    Tout s'arrête avec la nuit qui tombe. Beaucoup de bruit; les dégâts sont faibles; les pertes minimes.

    Le chef de bataillon Herrmann, commandant le 1er bataillon du 41ème R.I est nommé à la tête du 22ème R. M. V. E. et rejoint immédiatement son poste. Il est remplacé par le capitaine Giovannini, du 117ème R. I.

    A 16 heures, le 31ème R. T. A. signale des bruits de chars dans la région de Chuignes, Le renseignement est confirmé peu après par des observateurs qui ont aperçu des chars sur le coude de la route de Chuignes à Dompierre, et l'artillerie coloniale qui soutient le régiment voisin tire à pleins tubes. Nos postes avancés sont alertés, mais rien n'est signalé dans notre sous-secteur. Les éléments avancés du 31ème R. T. A. au bois Sainte-Marie signalent eux aussi des chars dans I'après-midi. Ces indices d'une attaque prochaine nous conseillent une extrême vigilance.

    4 Juin (1 jour avant l attaque allemande)

    Au cours de la nuit, nombreux tirs d'armes automatiques, Les Allemands ont lancé toute la nuit des fusées éclairantes. Tirs d'artillerie violents dans le lointain. Cependant la nouvelle journée commence sans encombre. Soleil, ciel bleu. Dès 7 heures, tranquille, l'avion d'observation ennemi tourne en l'air, surveillant nos mouvements.

    Aux P. C., la journée est remplie de nombreuses visites. Nous apprenons en effet que nous allons être relevés par une division franc'comtoise, la 47ème D,I., qui viendrait s'intercaler entre la 7ème D. I. N. A. et la 19ème D. I. Notre régiment passerait de l'aile gauche; à l'aile droite de la division. II irait occuper Saint-Christ, Epenancourt et Belhencourt. Ce changement n'est pas accueilli avec une grande satisfaction, car nous avons fait de nos villages de solides points de défense, et nous trouvons
    amer, au moment où une sérieuse attaque ennemie se prépare et parait prochaine, d'avoir tout à recommencer dans de nouveaux villages et sur un terrain inconnu. Cependant I'idée que des renforts arrivent ne nous déplaît pas, car 18 kilomètres de front pour une division c'est quelque peu supérieur à ce qu'enseignent les manuels de chez Lavauzelle, surtout lorsque I'ennemi se présente à vous de face et de flanc.
    Nous sommes loin du coude à coude de 14-18 Les officiers qui doivent nous relever reconnaissent le terrain, le matin et l'après-midi.

    Pour assurer les liaisons entre les points d'appui et remplacer les lignes téléphoniques incessamment coupées, les liaisons radio sont établies.
    Fay, en particulier, est doté d'un E. R. 17 supplémentaire, Après quelques rafales d'obus espacées, un calme absolu règne depuis 17 heures, Douce et tranquille soirée, les rayons du soleil couchant
    dorent la plaine qui en devient presque belle. On songe au repos, à des nuits de sommeil, les nerfs se détendent ; on respire enfin. Dans le calme de la nuit étoilée, les petits postes veillent . . . 

    - - - - - - - - - - -

     

     

     


    votre commentaire
  • 16 Mai

    A 18 heures, nous recevons I'ordre de départ. Le régiment ira s'embarquer à Dannemarie, à 21 kilomètres de nos cantonnements. Il partira dans l'ordre suivant: compagnie régimentaire , 1er, 2ème et 3ème bataillon. Départ échelonné entre le 16 mai 22 heures et le 17 mai 14 heures.

    Et dans la nuit, le régiment commence sa marche vers I'inconnu.
    Altkirch,... un avion est au sol; c'est un allemand, premier cadavre de cette nouvelle phase de la guerre. L'embarquement commence le samedi au début de la matinée. Et voici les retards inhérents à la vie militaire, les attentes incompréhensibles, les pénibles stationnements pendant des heures et des heures: le dernier train du régiment, avec le 3" bataillon, ne partira que le 18 mai, à 14h3O, avec 16 heures de retard.

    17 Mai 

     On embarque. Le premier train part. Il est 10 heures. La D. C. A. dresse vers le ciel ses canons et guette les avions ennemis qui voudraient détruire le viaduc de Dannemarie; mais ceux-ci doivent être
    en Belgique, où se déroule déjà la lutte farouche.

    L'armée allemande, dans une poussée violente et victorieuse, a déjà traversé le canal Albert,
    percé nos lignes à Sedan et franchi la Meuse.

    Tout va mal. Nous admirons en passant la splendide vallée du Doubs. Belfort, Montbéliard, Baume-les-Dames, Besançon, Dôle. Voici Dijon et le plateau de Langres: le train va lentement et la nuit nous surprend, roulant toujours.

    18 Mai

    Le jour venu permet de voir que nous longeons la vallée de I'Yonne.
    Où allons-nous ? A Soissons ? au Luxembourg ? En Belgigue ? Mystère! A Dieu vat!

    Voici Montereau et la vallée de la Seine. Le train avance lentement, très lentement, avec de nombreux arrêts. Puis c'est la vallée de la Marne, bordée de coquettes villas. Paris approche, mais nous ne comptions guère revoir la capitale en de pareilles circonstances.

    Durant de longues heures nous la contournons par I'ouest. Quelque chose a changé. Chacun sent la gravité de I'heure. Partout, le long de la voie, profitant des fréquents arrêts, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, distribuent boissons et cigarettes; ce ne sont que sourires et encouragements.

    Il faudra vaincre. Les trains militaires succèdent aux trains militaires. Que d'hommes, que de matériel en route pour barrer la route à I'ennemi I On reprend confiance malgré les mauvaises nouvelles, Pourquoi ne vaincrait-on pas ? Cependant, sur I'autre voie, passent les trains des réfugiés du Nord, de Belgique, des Ardennes, qui s'en vont abandonnant tout: pays, foyer, bétail. Mais il passe aussi des trains silencieux aux voitures métalliques, portant les couleurs françaises et la croix rouge, car pour d'autres c'est déjà commencé et fini.

    Des avions français nous survolent. Nous avons passé Versailles, puis Sceaux. Le soleil se couche de nouveau dans un ciel sans nuage. Chacun s'endort.

    La pénible réalité n'est pas loi.

    19 Mai

    Dimanche. Réveil brusque au petit jour. Il est 4 heures à peine. Le train s'est arrêté. Le disque est fermé; le bruit court que de terribles bombardements d'avions ont atteint la voie. Le capitaine Levreux, I'adjudant Tudal et une patrouille vont reconnaître la voie ferrée. Ils reviennent une demi-heure après, ayant trouvé la guérite des signaux vide; on serait à une vingtaine de kilomètres de Compiègne. Ils ramènent un caporal du Génie gui était caché dans un bois.

    Un violent bombardement s'est en effet abattu près de là, il y a une heure à peine, et l'équipe du Génie qui réparait la voie déjà démolie compte plusieurs tués. Tous les hommes se sont enfuis, affolés. Le caporal tremble encore d'émotion.

    Nous repartons à nos risques et périls. Dans le jour naissant, le train avance lentement . . . Chapelet d'entonnoirs béants le long de la voie; trains déraillés aux wagons pulvérisés. Une gare, non, un
    amas de décombres. Le café-restaurant près du passage à niveau est éventré et son toit s'est écroulé.

    Des rails bouleversés, et encore, encore des entonnoirs. Sur le canal, le long de la voie, des péniches ont été coulées par les bombes. Les avions ennemis sont passés là il y a une heure à peine. La marche hésitante du train continue. Il s'arrête après quelques centaines de mètres, puis repart, puis s'arrête à nouveau.

    Et voici des avions. La D. C. A. tire! canons de 75 et canons de 25 dont la cadence rapide ne nous était pas encore connue. Les avions s'en vont ; 10 minutes, 20 minutes après d'autres reviennent. Les convois se succèdent à 100 mètres. Quelles belles cibles ! Dans ces wagons, on ne peut que << subir ». On ressent à la fois un mélange d'inquiétude et de sang-froid.

    A deux kilomètres de Compiègne le capitaine Soula, de l'état-major de la 19ème D. I., et le lieutenant Lucas, adjoint du colonel, précèdent le convoi et se rendent à la gare où règne la plus grande agitation : deux officiers de la D. I. arrivés la veille et installés dans la salle des guichets les mettent au courant de la situation. Pratiquement on ne sait rien de précis. L'armée Corap n'existe plus. C'est une vraie débandade gui s'écoule depuis trois jours, mélangée à d'innombrables convois de réfugiés : Génie, Services, Infanterie, Artillerie, pêle-mêle. Hommes hirsutes, hâves, débraillés, le plus souvent sans armes : C'est cela I'armée française ! Les civils marchent comme des automates sur les routes :
    jeunes filles, vieilles femmes, hommes, poussant charrettes, brouettes,voitures d'enfants sur lesquelles sont amoncelés les objets les plus divers.

    Et sur tout cela planent la peur et la fatigue. C'est la panique.

    Pour réussir, les Allemands auraient, paraît-il, usé de tous les moyens, même de faux ordres portés par de faux officiers . . . Les passages de la Meuse ont été forcés. Les renforts ont été assaillis par les engins blindés allemands, alors qu'ils marchaient en rase campagne. Rien n'a résisté.

    Où est l'ennemi ? On ne sait trop. Lassigny ? Roye ? Montdidier ? Y a-t-il des troupes devant nous ? Peut-être les débris épars de quelques régiments résistent-ils çà et là ?

    Un officier de l'état-major de I'Armée, chargé des transports, se révèle plein d'optimisme. Sans doute les voies sont démolies par les bombardements, sans doute c'est l'embouteillage, mais les trains arriveront quand même quelque part et les unités débarqueront où elles pourront.

    On rapporte un ordre de débarquement pour Roye-sur-Matz. Il est 7 heures. Le train repart. Toujours des avions. La D. C. A. tire toujours. Plusieurs stations. Nouvel arrêt. Le chef de gare se refuse à
    nous faire conduire plus loin. Les Allemands, d'après lui, ne sont pas loin. Nous sommes à Ressons-sur-Matz. Le colonel Loichot téléphone à la division. Il rapporte I'ordre de débarquer où nous sommes.

    II n'y a qu'un petit quai de débarquement et, dans le ciel toujours bleu, les avions peuvent survenir d'un moment à l'autre, aussi chacun y met-il du sien : à peine débarqué on se camoufle. Les wagons viennent à quai deux par deux et débarquent chevaux et matériel. Les canons de 25 anti-chars sont rapidement descendus et mis en batterie à la sortie nord de Ressons-sur-Matz. A huit heures, tout est terminé. En une heure les compagnies régimentaires et une section de mitrailleuses du 3ème bataillon ont été débarquées et installées dans le bourg : barricades, garde aux issues, D. C. 4... A 14 heures, le P. C. R. I. est toujours sans nouvelles des trois bataillons : nul ne sait où se sont arrêtés les trains qui les transportent. Pas de renseignements non plus sur I'ennemi, << quelque part dans le nord >>. Notre G. R. D. (bien réduit, car des bombes d'avions ont détruit la moitié de I'escadron à cheval et
    quelques motos lors du débarquement) est passé à midi, partant à la découverte. La C. D. A. C. est installée à Chevincourt.

    18 heures : Des avions allemands arrivent sur Ressons-sur-Matz, volant à basse altitude, une douzaine environ: ils vrombissent et brutalement les bombes s'écroulent à grand fracas, visant la gare. Une
    usine située près de là flambe. Les oiseaux de mort sont repartis, leur besogne faite en quelques minutes.

    Pour organiser la défense, le régiment ne dispose - protégé par 2 ou 300 cavaliers qui représentent avec nous toute la division - que de 180 hommes, tous spécialistes, 3 F. M., les canons de 25 de la
    C. R. E. et une S. M. du 3ème bataillon.

    Dans la nuit, heureusement, arrive le 1er bataillon. Débarqué à Canly, à 9 kilomètres sud-ouest de Compiègne, il a été transporté en camions et va occuper les villages de La Neuville-sous-Ressons et de Cuvilly, à quelques kilomètres au nord de Ressons. Il y parviendra vers 1 heure du matin.

    A 22 heures et à 24 heures, notre G. R. D. fait connaître qu'il n'y a aucun élément ennemi au sud de I'Avre.

    20 Mai

    Cependant à 1 heure on signale la présence d'éléments blindés ennemis à notre droite, et G. R. D. et C. D. A. C. sont envoyés au plus vite pour border l'Oise et protéger notre flanc. Nous ne sommes plus
    couverts devant nous; il faut ouvrir l'oeil. Toute la nuit les lamentables convois de réfugies et leurs lourdes charrettes défilent devant le P. C. R. I.

    Le soleil se lève dans un ciel toujours bleu et sans nuages. On en arrive à regretter la pluie. Toute la journée des escadrilles nous survolent; la D. C. A. de Compiègne intervient à tous moments et de
    nombreux combats aériens se livrent dans le ciel. A 9 heures, nouveau bombardement de la gare de Ressons-sur-Matz : il faut à tous moments se camoufler dans les caves et tranchées. L'usine brûle toujours. L après midi, le colonel Paillas, commandant l'Infanterie Divisionnaire, se rend seul en auto jusqu'à Montdidier et n'y trouve personne, ni amis, ni ennemis ; il revient enchanté de ce coup d'audace, ayant seulement essuyé au retour quelques rafales de mitrailleuses d'avions. Le P. C. R. I. est toujours sans nouvelles des 2ème et 3ème bataillons qui se sont embarqués les derniers à Dannemarie. Cependant les 2ème et 3ème bataillons du 117ème R. I ont débarqué, et le général Toussaint, commandant notre 19ème D. I, constitue un groupement temporaire formé de ces deux bataillons, de notre 1er bataillon et du G. R. D, sous les ordres du lieutenant-colonel Loichot, commandant le 41ème R. I. Ce groupement reçoit I'ordre de couvrir Compiègne, et dans ce but fait mouvement vers le nord à 21 heures. Le G. R. D. va border I'Avre, le 1er bataillon occupe Tilloloy, sur la route Compiègne-Roye, les deux bataillons du 117ème  Piennes, Remaugies, Fécamp et Bus, à I'est de Montdidier. Le P. C. du groupement s'installe à Boulogne-La-Grasse.

    Àu cours de la marche de nuit, des fusées suspectes s'élèvent du bois de Beuvraignes. Des avions nous survolent par moments; un officier affirme avoir vu descendre des parachutistes. Le peloton d'éclaireurs motocyclistes est sur les dents. Depuis le matin il court çà et là à la recherche de ces fameux parachutistes souvent signalés mais introuvables.

    21 Mai

    Les compagnies régimentaires arrivent au petit jour, à 3 heures du matin, à Boulogne-la-Grasse, joli village dans un pays accidenté et boisé où se trouve un vieux château fort, en partie démoli au cours de la guerre 14-18... Nous atteignons en effet les lieux où les Allemands furent arrêtés en 1918. A la fin de la journée, vision formidable de puissance, 120 bombardiers allemands, accompagnés de 20 chasseurs, passent au-dessus de nos têtes en formations impeccables et bombardent Compiègne et Estrées-Saint-Denis, puis reviennent. Deux avions manquent au retour. Sept chasseurs français s'attaquent follement à une escadrille, mais doivent rapidement abandonner; les Allemands s'éloignent vers le Nord. Onze d'entre eux descendent en piqué pour attaquer le terrain d'aviation de Beuvraignes, puis tous disparaissent rapidement. Et toute la journée des avions passent et repassent.

    Enfin des nouvelles sont parvenues de nos 2ème et 3ème bataillons. Le 2ème bataillon a débarqué un peu avant Compiègne et vient d'occuper la Neuville-sous-Ressons. Le 3ème bataillon a débarqué la veille au soir à Précy-sur-Oise, près de Creil ; il a été transporté en camions au cours de la nuit, au sud de Cuvilly, et occupe Riquebourg. Ces deux bataillons n'ont pas souffert de l'aviation ennemie. Par contre, la section automobile de la C. H. R. a été durement bombardée en gare de Verberie où elle débarquait le 19 mai après-midi. Nous avons un tué et plusieurs blessés. Le gros transporteur d'essence a pris feu. Beaucoup de voitures sont ,criblées d éclats et un désastre n'a pu être
    évité que grâce au sang-froid du lieutenant Austruy, officier mécanicien du régiment. Tous les convois hippos et autos du régiment sont regroupés à Ressons-sur-Matz.

    22 Mai

    Rien de changé : ciel toujours bleu, nouvelles toujours mauvaises. Par une marche de nuit le 3ème bataillon s'est porté à Canny-sur-Matz, où il s'installe défensivement dans la journée du 22 mai. Malgré
    nos conseils les habitants quittent leurs villages; il avait fallu expulser brutalement le maire de Boulogne-la-Grasse qui voulait faire partir tout le monde le 21 au matin. La plupart des habitants reviendront d'ailleurs quelques jours après, pour partir définitivement les 5 et 6 juin. Le G. R. D. lance toujours plus loin ses reconnaissances, Lassigny, Roye, Chaulnes ont été reconnus. L'ennemi ne semble pas vouloir pousser vers le sud, sauf quelques engins blindes signalés çà et là. Toutes ses forces sont, pour l instant, dirigées vers le nord-ouest, vers la mer, pour couper du reste de la France l'armée de Belgigue et l'armée du Nord. Le Haut Commandement français décide d'attaquer I'ennemi de flanc, et, pour cela, de border la Somme en un premier bond, puis de se porter jusqu'à Arras où notre VIIème Armée (général Frère) rejoindra I'armée du Nord (général Blanchard) ,qui descend elle-même vers le sud, coupant ainsi les colonnes motorisées allemandes qui se sont dirigées vers
    Calais et Boulogne, Le 22 mai au soir le groupement temporaire est dissous. La 19ème division qui a enfin débarqué tous ses éléments d'infanterie va se regrouper dans la nuit, en vue de cette marche en avant. Le 1er bataillon reste à Tilloloy, le 2ème bataillon se porte par une marche de nuit sur Beuvraignes et le 3ème bataillon sur le bois des Loges, sous Crapeaumesnil. Les compagnies régimentaires et le P. C. R. I. iront au sud de Beuvrraignes, au Cessier.

    23 Mai

    A 6 heures, tout le dispositif est en place. A 7 heures commence la marche d'approche. Nous sommes en marche vers I'ennemi: la bataille va s'engager. Malheureusement les hommes sont las des trois jours de chemin de fer, des marches accomplies durant trois autres jours et de quatre nuits sans sommeil. D'autre part, I'artillerie n'a pas encore fini de débarquer et elle est loin dans le sud. Les fantassins seront seuls pour agir. Le moral cependant est élevé. On part avec confiance. Chacun
    est décidé à faire tout son devoir, même plus que son devoir.

    Le dispositif de marche est le suivant : En avant-garde, Ie 1er bataillon doit occuper Chaulnes. Derrière lui, le 2ème bataillon suivra I'itinéraire ouest de Roye-Fresnoy-Hattencourt-Hallu. Le 3ème bataillon, à droite, passera par Crapeaumesnil - Amy - Verpillères - Roiglise - Carrépuy - Gruny - Crémery - Liancourt - Punchy. À gauche (ouest) du 41ème marche le 117ème R. I Derrière le 41ème, le 22ème régiment volontaires étrangers suivra l'axe Royes Chaulnes. Le G. R. D. poussera des reconnaissances aussi près que possible de la Somme, Tous ces éléments marqueront un temps d'arrêt sur I'Avre.

    A 7 h 15 le 1er bataillon s'engage sur la route de Roye-Chaulnes. Il est transporté dans des autobus de la ville de Paris (T.C.R.P.). Dès le début, à quelques kilomètres de Tilloloy, incident très significatif: un sous-lieutenant du Train (vrai ou faux), crie aux premiers autobus que des engins blindés arrivent et, en s'agitant sur la route, arrête le convoi. Déjà trois ou quatre gros autobus manoeuvrent pour tourner. L'embouteillage commence. Fort heureusement le ciel gris et les nuages bas ne sont pas favorables à l'aviation. Le capitaine Thouron survient à ce moment et remet tout en route. Le sous-lieutenant du
    Train a disparu. Est-ce encore un << coup d'Hitler » ?

    Cette marche d'approche ,commencée à 7 heures ne devait se terminer qu'à 23 heures. Marche pénible, en grande partie à travers champs, sur de mauvaises routes ou pistes. Seuls des avions survolent de temps à autre nos colonnes ; un petit avion de reconnaissance, type Heinkel, paraît, en particulier, << prendre en consigne » Ie 41ème R. I. Il nous suivra partout, durant plusieurs semaines, avec son moteur semblant tourner << sur trois pattes », et sera gratifié de surnoms plus ou moins gracieux, tels que le << pou du ciel >>, << le petit emmerdeur », << le mouchard », etc . . .

    Tous les villages sont abandonnés. Une partie du bétail erre dans la campagne, le reste crie de soif et de faim dans les étables. Les hommes, au passage, détachent les bêtes, pompent de I'eau dans les
    abreuvoirs, rendent la liberté aux cochons, aux lapins. Nos cultivateurs bretons qui montent au combat ne peuvent rester indifférents à toute cette misère.

    En cours de route, vers la fin de la journée, Ie 2ème bataillon est dirigé sur Punchy et le 3ème bataillon sur Puzeaux. Le P. C. R. I. devra s'installer à Hallu. A 23 heures les hommes, exténués par cette marche d'approche pénible, atteignent les positions désignées et s'y installent. L'ennemi, heureusement, n'est pas encore là, et la nuit sera à peu près tranquille.

    C'est alors que commence pour le régiment un véritable imbroglio. Durant trois jours, le 41ème R. I., divisé en plusieurs groupements indépendants et variant tous les jours, marchant isolément sur les axes les plus diflérents et sans liaison entre eux, continuera sa marche d'approche, prendra ,contact avec I'ennemi et livrera ses premiers combats, Le tableau suivant groupe ces opérations :

    2ème bataillon : 5ème compagnie, 24 mai occupe Pertain; 25 mai prend Epenancourt; 6ème compagnie, 24 mai prend Villers-Carbonnel et se replie le soir sur Marchelepot; 7ème compagnie, 24 mai en réserve à Licourt, 25 mai prend Pont-Saint-Christ.

    3ème bataillon: 21 mai quitte Puzeaux, traverse Chaulnes, Ablaincourt, Vermandoviilers, Soyécourt, et occupe au soir Estrées-Deniécourt.

    1er bataillon: reste à Chaulnes les 24 et 25 mal. Ce furent les premières armes de notre régiment dans cette nouvelle guerre: chacune des sections mériterait une relation particulière.

    24 Mai

    Au matin, le 2ème bataillon, à la suite d'une série d'ordres contradictoires, a été partagé en plusieurs groupements. La 6ème compagnie, commandée par le lieutenant Duchesne, part avec une section de mitrailleuses vers le Nord, dès le début du jour. Elle atteint Omiécourt, puis Marchelepot. Elle est précédée d'une compagnie de chars. Sa mission est de s'emparer de Villers-Carbonnel et du Pont de Brie, dernier pont sur la Somme, à quelques kilomètres au sud de Péronne. Fresnes Mazancourt
    est atteint sans peine, malgré les avions qui mitraillent nos petites colonnes, mais, en approchant de Villers-Carbonnel, les chars sont violemment pris à partie. Artillerie et canons anti-chars en mettent plusieurs hors de combat ; les mitraillettes lancent leur aboiement régulier. Cependant, entraînés par leur énergique commandant de compagnie, les Bretons parviennent jusqu'au village et en chassent l'ennemi. La progression a été dure. Onze hommes, dont sept sous-officiers, ont été tués en payant d'exemple. Le débouchê de Villers-Carbonnel en direction de Pont-de-Brie semble difficile, car I'ennemi arrose de balles toutes les lisières nord et nord-ouest du village. L'artillerie ennemie
    continue à tirer à cadence espacée, mais régulière.

    Vers 14 heures, le capitaine commandant Ia, compagnie de chars décide de revenir en arrière, jugeant ne pouvoir exposer ses chars à une nouvelle attaque dans ce terrain plat et sans abri. Le lieutenant
    Duchesne fait alors parvenir au colonel Paillas, commandant le groupement, ce compte rendu « J'occupe Villers-Carbonnel. La compagnie de chars qui m'appuyait se retire. Sans I'appui des chars je ne crois pas pouvoir m'emparer de Pont-de-Brie, mais si j'en reçois I'ordre, je reprends la progression. >> Une compagnie du 22ème R. M. V. E. arrive vers 16 heures.pour renforcer Ia 6ème compagnie, mais son capitaine juge la situation si mauvaise que, loin de pousser vers Pont-de-Brie, comme
    le proposait le lieutenant Duchesne, il obtient l'ordre de se replier sur Fresnes-Mazancourt. Devant I'ordre écrit et formel, Ie lieutenant Duchesne, la rage au coeur, abandonne Villers-Carbonnel et se replie sur Fresnes-Mazancourt.

    Durant ce temps, la 5ème compagnie occupe Pertain sans difficultés et la 7ème compagnie s'installe à Licourt, avec le P. C. du 2ème bataillon du 41ème R.I.

    Ce même jour le 3ème bataillon progresse en marche d'approche dans une formation impeccable. L'aviation allemande harcèle nos colonnes. Où sont nos avions ?

    Chaulnes, Vermandovillers. Là parvient la nouvelle qu'un peloton moto du G. R. D. vient de se faire décimer devant  Assevillers, à 6 kilomètres au nord. Soyécourt est atteint, La canonnade éclate à droite : c'est l'ennemi qui bombarde Berny-en-Santerre qu'assaille, à 3 kilomètres de là, le 22ème R. M. V. E. Le 3ème bataillon du 41ème poursuit sa progression et atteint, malgré le bombardement violent qui fait des victimes, le village d'Estrées Deniécourt, où, avec le P. C. bataillon s'installent les 10ème et 11ème cornpargnies. A droite de ce village, face à Belloy-en-Santerre, la 9ème compagnie est arrêtée par des feux nourris d'armes automatiques et s'accroche au terrain. Le contact est pris. La nuit tombe. Sans chars, sans aucun appui d'artillerie, nos fantassins ont largement progressé par leurs seuls moyens et rapidement les troupes qui ont fourni un effort magnifique s'installent pour résister s'il y a lieu à une contre-attaque.

    25 Mai

    Toute la nuit n'a été qu'un véritable feu d'artifice. Entre les ruines qui flambaient, splendides et sinistres brasiers rougeoyants, sans arrêt montaient vers le ciel des fusées éclairantes et des feux de toutes couleurs. L'ennemi se renforce fébrilement devant le front de la division. Renforts en hommes et en matériel débarquent sans arrêt devant nous, notamment à Flaucourt, à Dompierre-Becquincourt . . .  Notre artillerie divisionnaire (10ème R. A. D. et 210ème R. A. L.) nous a rejoint enfin. Nos 75 et nos 155 exécutent sur ces rassemblements ennemis des tirs précis et nourris dont l'observation offre quelque intérêt, car ils font de gros dégâts. Sur le flanc droit de la division, I'ennemi borde la Somme, et il
    est de toute nécessité, pour lui enlever la possibilité de nous attaquer de flanc, d'occuper toutes les têtes de pont avant de poursuivre la progression vers le nord.

    La 7ème compagnie qui est restée en réserve dans la journée du 24 mai reçoit l'ordre de s'emparer du village de Saint-Christ-Briost et du pont sur le canal de la Somme. Précédée d'une compagnie de chars et renforcée par une section de mitrailleuses de la C. A. B. 2 elle s'y emploie rapidement. L'ennemi tente d'abord de résister, et le sous-lieutenant Oertel est tué en indiquant, comme objectif à un char une mitrailleuse allemande qui empêchait notre progression, mais nos hommes combattent
    avec courage, et quelques heures plus tard les Allemands ont repassé la Somme.

    Ce même jour, la 5ème compagnie occupe sans difficultés {e village d'Epenancourt, en bordure de la Somme, au sud de Pont-Saint-Christ. Enfin, dans I'après-midi, après un violent bombardement, le
    117ème R. I. réussit à s'emparer de Belloy-en-Santerre. Dans la même journée, notre P. C. R. I. s'est porté de Hallu à Vermandovillers.

    26 Mai

    la 19ème D. I. a reçu I'ordre de continuer la progression et d'atteindre la Somme. Le 1er bataillon reçoit pour mission de dépasser le 3ème bataillon, qui, installé à Estrées-Deniécourt, fournira' la base de feux, et de prendre Assevillers, en vue de progresser ensuite par Cléry, jusqu'à la Somme. En liaison avec cette attaque, le 22ème R. M. V. E. doit s'emparer de Villers-Carbonnel, tandis que le 117ème, ces deux missions accomplies, s'avancera jusqu'à Péronne.

    Le 1er bataillon se porte, dans la nuit du 25 au 26, de Chaulnes jusqu'à Estrées-Deniécourt. A 3 h 30, chacun est à son poste. C'est la première attaque importante du régiment; jusque-là, on n'a vu agir que
    des groupements composés tout au plus d'une compagnie renforcée. Aucun char, malheureusement, ne va appuyer cette attaque, et les liaisons téléphoniques de notre artillerie, arrivée de la veille, ne sont pas encore établies. A 4 heures précises, après une courte préparation d'artillerie sur les lisières d'Assevillers, où des travaux ennemis sont observés depuis plusieurs jours, le 1er bataillon s'ébranle dans la plaine, dans une formation impeccable. La 1ère compagnie est à gauche, la 2ème à droite, la 3ème suit à 500 mètres. Le terrain est nu, presque plat ; ce sont des champs de blé encore jeune, de luzerne, avec trois boqueteaux isolés; pas une haie, pas de talus; I'axe de progression est ,concrétisé par une route blanche, presque rectiligne, sur laquelle on aperçoit encore les sides-cars détruits et renversés du peloton de notre G. R. D. anéanti là trois jours auparavant. Le 1er bataillon avance; les hommes marchent régulièrement, I'arme à la main, dans un ordre parfait. Notre artillerie bat les lisières du village et les éclatements des obus apparaissent à peine dans la brume légère qui, noyant le pied des maisons, ne laisse voir que leurs toits et le clocher. De temps à autres, les rafales des mitrailleuses
    d'appui s'abattent sur les points repérés la veille. C'est une véritable manoeuvre ; les groupes avancent, s'arrêtent et se couchent, puis repartent, comme à Coëtquidan. Tout va bien, deux kilomètres
    sur quatre ont été couverts. Soudain, des obus allemands s'abattent sur nos fantassins, des percutants, puis des fusants, par groupes de quatre. Les hommes disparaissent dans la poussière et la fumée. Ce tir cependant ne les arrête pas; ils avancent toujours au milieu des éclatements.
    Les premiers éléments de droite semblent atteindre les lisières nord-est du village et vont le déborder lorsque retentit le crépitement rapide et saccadé des mitrailleuses ennemies qui tirent par bandes entières.

    5 h 45. Partout crépite le feu des armes automatiques ennemies; une nappe de balles sifflantes s'étend sur la plaine, se joignant au déchirement des obus qui éclatent.

    6 h 30. Cela continue sans arrêt. Le chef de bataillon Herrmann, commandant le 1er bataillon, essaie de profiter d'un boqueteau pour faire progresser sa droite, mais le moindre mouvement de ses hommes
    déclenche aussitôt le feu nourri et implacable de l'ennemi. Dans I'immense étendue plate, même les bonds homme par homme s'avèrent rapidement impossibles. L'ennemi occupe la position dominante; bien abrité dans les maisons ou dans des trous, il a beau jeu pour arrêter nos hommes couchés à même la luzerne ou le blé vert, le nez dans la terre; une mitrailleuse ennemie semble même s'être installée dans le clocher d'Assevillers, tirant de là sur tout ,ce qui bouge et causant des pertes sensibles. La progression du 1er bataillon est enrayée. Et les heures passent, le soleil monte et la chaleur se fait sentir, et les hommes immobiles reçoivent sans pouvoir bouger les balles qui font sauter la terre et les obus qui la retournent. La situation devient mauvaise. Aucun char pour aider à reprendre la marche en avant. L'artillerie, faute de moyens de liaisons téléphoniques, ne peut qu'essayer à tâtons
    d'atteindre les points sensibles du village, sans résultat vraiment efficace.

    Vers midi une contre-attaque allemande se déclenche, mais les tirs de barrage de notre artillerie et de nos mitrailleuses d'appui l'arrêtent rapidement. Pendant ce temps la  11ème compagnie (capitaine Fauchon) occupe sans difficultés le village de Fay, couvrant ainsi la gauche du 1er bataillon.

    Et le 1er bataillon passe sur le terrain, en plein soleil et sous le feu, une journée épouvantable de fatigue physique et morale. Le chef de bataillon Hermann, aux prix de nombreux plats-ventres, a réussi à venir chercher auprès du colonel une solution à cette situation, mais nul renfort n'est disponible. Le mieux sera de se replier à la nuit et de reprendre ultérieurement cette attaque manquée. En attendant, notre artillerie martèle le village d'Assevillers et cherche, sans y réussir, à détruire son clocher. Puis les tirs diminuent. Le temps passe. Soudain, vers 17h30, à la suite d'un mouvement de rocade entre deux sections de la 2ème compagnie, une partie de celle-ci, ayant mal interprété ce changement,
    se replie, suivie par la 3ème et la 1ère compagnie. Grâce au tir nourri de notre artillerie immédiatement alertée et à la faible réaction de l'artillerie ennemie, ce mouvement de repli s'effectue sans trop de
    dommage, et il ne reste plus sur le terrain que deux ou trois noyaux totalisant une centaine d'hommes qui devront se replier à 21h30. Tout le 1er bataillon est alors regroupé. Il occupe provisoirement, avec une section de la 9ème compagnie, le secteur d'Estrées, dégarni par le départ à Fay de la 11ème compagnie, avant de se retirer à Soyécourt, où il pourra se reposer de cette journée au cours de laquelle il a perdu environ 50 tués et 75 blessés, dont les lieutenants Gomet et Le Quellec, et Ie
    sous-lieutenant AIadel.

    - - - - - - - - - - - - - 

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • 10 mai

    Nuit agitée. Les avions passent et repassent sur nos têtes. Jamais
    on n'avait entendu tant de ronronnements de moteurs. Explication dans
    la matinée: c'est l'offensive générale des armées allemandes.

    Depuis trois mois, le régiment cantonne en Haute-Alsace, entre
    Mulhouse et Bâle. P. C. R. I, C. D. T., C. R. E., C. H. R. et 9ème compagnie à Landser.
    Le reste du 3ème bataillon à Dietwiller, le 2ème bataillon à Sierentz, le 1er bataillon sur les bords du Rhin, a Kembs, Hombourg et Petit-Landau.

    Depuis trois mois, travail relativement au ralenti dans un pays splendide, parmi des populations accueillantes.
    Quel beau printemps après ce terrible hiver si rude et si froid.

    Les boules blanches ou roses des arbres fruitiers innombrables s'étagent
    sur les pentes verdoyantes des coteaux, entre les villages aux grands toits et les bosquets.

    La forêt de la Hardt, réveillée, s'est couverte de sa parure vert tendre et, dans les allés devenues ombreuses, les biches s'enfuient effarouchées à la venue du cavalier.

    La montagne allemande, de I'autre côté du Rhin, élève ses lignes successives de sommets étagés.


    Douces montagnes au nom sauvage de forêt Noire, si jolies le soir, lorsque le soleil couchant éclaire leurs pentes aux tons mauves et orangés.


    Dans I'atmosphère limpide les hauteurs bleuâtres des Vosges découpent leurs sommets arrondis, tandis que le Jura suisse va s'abaissant jusqu'à rejoindre la forêt Noire pour recevoir Bâle, la ville propre et nette.

    Et comme fond de décor étincellent les glaciers des Alpes bernoises.

    Pays idyllique. La guerre est oubliée. Chacun fourbit ses armes sans penser à mal.

    Casemates bétonnées ou en rondins, barbelés, champs de rails, fossés anti-chars, tranchées, font partie intégrante du paysage.

    On ignore la guerre. Les dimanches sont redevenus des dimanches.

    A la sortie de la grand'messe ont se croit presque revenu dans son bourg. Mulhouse a repris sa gaieté : repas, spectacles, promenades...C'est le printemps.


    Coup de tonnerre, la guerre commence. Combien vont en souffrir ?

    Endurci par cinq mois de marches et de contre-marches, par un mois et demi aux avants-postes de Sarre où il a fait la rude expérience du feu, le 41ème R. I. a échappé à la contagion de la facilité et du laisser-aller.

    Tous s'y connaissent et s'estiment. C'est pourquoi il sera plus prêt que
    d'autres à se tremper dans la dure réalité et à supporter vaillamment les fatigues et les dangers de la campagne qui va commencer.

    11 - 15 mai

    Le régiment est alerté: il se prépare à partir ou à se défendre sur place. Préparation des armes, du matériel. Préparation aussi des coeurs et des esprits. Il faut se remettre en train, se convaincre que les avions qui nous survolent sans cesse, poursuivis par les éclats de la D. C. 4., sont des engins de mort et non plus de simples observateurs; que les rives opposées peuvent cracher le feu d'une minute à I'autre; se dire que demain il faudra se battre...

    Chaque jour les nouvelles sont plus mauvaises: la Hollande, la Belgique, le Luxembourg sont envahis.

    Nos permissionnaires officiers, sous-officiers et soldats reviennent rapidement; certains de leurs trains ont été bombardés par les avions; plusieurs hommes du 41ème ont été blessés et ne nous rejoindront pas.

    La population reste calme; Colmar et Thann ont reçu quelques bombes. A Mulhouse tout est tranquille, mais à tous moments, la circulation est interrompue par suite des alertes.

    Le régiment reçoit l'ordre d'étudier la défense de la falaise de Sierentz à Habsheim... plan de défense depuis trois mois,.. et cependant, dans la forêt de la Hardt, les casemates et tranchées aux-quelles
    nous avons travaillé depuis trois mois restent inoccupées ; les gros ouvrages sont à peine tenus.

     


    votre commentaire
  • Aperçu sur les opérations du 41° Régiment d Infanterie depuis sa mise sur le pied de guerre jusqu au 10 mai 1940

     

    Le 41ème R.I, régiment d'active, commence sa mise sur pied de guerre
    le 24 août 1939, à minuit.

    Les réservistes, 85 0/0 de Bretons, qui composent
    le régiment pour les deux tiers, arrivent entre le 25 et le 28 août.


    Le 29 août le régiment est prêt à partir.

    Mobilisation générale le 1er septembre à minuit.

    Départ du régiment: Etat-Major, compagnies régimentaires,
    1er et 2ème bataillons de Rennes, 3ème bataillon de Saint-Malo, les
    6 et 7 septembre.

    Transport en chemin de fer par Laval, Le Mans,Lisieux, Sotteville-lès-Rouen, Amiens, Arras, Valenciennes, Hirson.


    Débarquement à Liart, dans les Ardennes, le 8 septembre.

    Le régiment s'établit comme suit: P. C. R. I. et 1er bataillon à Saint-Jean-aux-Bois, 2ème bataillon à La Verrerie, 3ème bataillon au Fréty.

    Mise au point des diverses unités du régiment.

    Départ Ie 16 septembre, par la route, de nuit, en deux étapes (55 kilomètres), par Justine, Séry, Arnicourt, Rethel.

    Le régiment s'établit comme suit le 18 septembre: P. C. R. I. et 1er bataillon à Thugny-Trugny, 2ème bataillon à Doux, 3ème bataillon à Pargny-Resson.

    La mise au point du régiment étant terminée, chaque bataillon pousse à fond son instruction: marches, exercices de combat, établissement des plans d'une position défensive sur I'Aisne.

    Après un séjour de presque un mois, départ brusque, le 12 octobre au soir, par la route.

    Etape de nuit de 40 kilomètres environ en direction du nord.


    Installation le 13 octobre au matin, comme suit : P. C. R. I. à Viel-Saint-Rémy, 1er baüaillon à Neuvizy, 2ème bataillon à ]andun, 3ème bataillon à Launois.

    Le 18 octobre le 1er et le 2ème bataillons permutent de garnison.
    Le 41 attend toujours d'être engagé quelque part.

    Au cours d'exercices ou manoeuvres de jour ou de nuit, il continu de façon intensive son instruction.

    Le 23 octobre le 3ème bataillon quitte Launois pour Aiglemont, au nord-est de Mézières, où il effectue des travaux défensifs sur une tête de pont de la Meuse. Le régiment s'apprête à le rejoindre pour occuper ensuite les positions établies.

    Brusquement l'ordre de départ est donné pour une direction inconnue.


    Embarquement en chemin de fer le 9 novembre.

    Poix-Terron, Vouziers, Sainte-Menehould, Révigny, Bar-le-Duc, Lunéville, Château-Salins, Dieuze, où débarquent le 1er et le 2ème bataillon, Benestroff, où débarque le 3ème bataillon le 10 novembre au soir.

    Etape de nuit par la route variant pour les bataillons entre 28 et 45 kilomètres.

    Le régiment qui doit monter sur la Sarre peu après, s'établit le 11 novembre:
    P. C. R. I. et 1er bataillon, à Insming, 2ème bataillon à Hunskirsch et Hazembourg, 3ème bataillon à Wittersbourg.

    Contre-ordre, Départ vers le sud, par la route, le 14 novembre.

    Etape de nuit de 45 kilomètres.


    Arrivée le 15 novembre dans la journée. P. C. R. I. à Desseling, 1er bataillon à Lindre, 2" bataillon à Languimberg et Rhodes, 3ème bataillon à Angiviller, Rohrbach et Bisping.

    Quelques jours après, prise de contact de nos cadres avec les unités ayant déjà combattu en Sarre.

    Visite et prise de consignes dans les secteurs à occuper.

    Le régiment fait mouvement le 19 novembre pour monter en ligne, par Saint-Jean-de-Bassel Fenestrange, Niederstenzell, Zollinger.

    75 kilomètres séparés par 6 heures de repos.

    Le 21 novembre au matin, le régiment arrive à Sarralbe: P. C. R. I., 1er et 2ème bataillon, et Willerwald: 3ème bataillon.

    Départ le 30 novembre par la route, étape de nuit de 30 kilomètres.

    Le régiment cantonne à Hundling, Metzing et lpling, tandis que les cadres préparent la relève des avant-postes pour la nuit suivante.

    Le 24 novembre au soir, le 41ème relève le 7ème R. I. et occupe les positions d'avant-postes sur la frontière allemande, dans les bois et sur les hauteurs dominant la Sarre, depuis Sarreguemines à I'est jusqu'à 12 kilomètres à l'est de Forbach.

    Le P. C. R. I. est à Noussevillers, Le 2ème bataillon s'établit à I'est: Welferding, bois et village de Grossbliedersdorff, sur 7 kilomètres de front: P. C. bataillon à Rouhling, Le 3ème bataillon au centre, tient le bois du Brandenbusch, le village de Lixing, les bois du Schafberg et du Bambusch: P. C. bataillon à Rouhling.

    Le 1er bataillon tient la corne ouest du bois du Brandenbusch et fait face au nord et au
    nord-ouest: P. C. à Cadenbronn.

    Notre sous-secteur forme saillant.


    Nombreux tirs d'artillerie, parfois très violents et meurtriers.

    Attaques répétées de nos petits postes, isolés dans les bois, par de fortes patrouilles
    allemandes supérieurement équipées et armées.

    Relève te 6 décembre par le 71ème R. I., autre régiment de la 19ème D. I.

    Etape de 25 kilomètres par la route. Metzing, Guebenhouse, Installation sur les positions principales de la Ligne Maginot. P.C.R.I et 2ème bataillon à Puttelange, 1er bataillon à Guebenhouse, 3ème bataillon au bois du Pfaffenboesch et à Puttelange.

    Travaux de terrassement dans la boue et le froid.

    Le 24 décembre arrive I'ordre de remonter aux avants-postes.

    Départ le 26 décembre, à pied. Installation sur les mêmes positions que précédemment.

    On relève le 117ème R. I. Nouvelle période de 13 jours, marquée cette fois par un ralentissement très net de I'action ennemie, mais aussi par une violente offensive du froid.

    Le thermomètre descend à moins 22°.

    Dans leurs abris sommaires où ils ne peuvent allumer de feu, les hommes souffrent terriblement.

    Sur l'effectif du régiment, environ 600 évacuations pour pieds gelés. Relève par les 152ème et 35ème R. I. et par une division coloniale, les 3 et 4 janvier 1940.

    Etape à pied par la route : 35 kilomètres de verglas.

    Le régiment cantonne à Sarralbe les 5, 6 et 7 janvier.

    Départ le 7 janvier au soir et embarquement par chemin de fer à Sarre-Union.


    Trajet par chemin de fer. Epinal, Lure, Belfort.

    Débarquement le 9 janvier à Montreux-Vieux.

    Très dure étape le 10 janvier, par route verglacée.

    Le régiment s'installe comme suit : P. ,C. R. I. et 3ème bataillon
    à Illfurth, 2ème bataillon à Luemschviller. 1er bataillon à Tagolsheim.


    Repos.

    Le froid persiste et ne permet guère d'effectuer les travaux défensifs prévus: position de bretelle.

    Bientôt, départ du régiment pour la plaine du Rhin entre Mulhouse et Bâle.

    Le 28 janvier le 3ème bataillon s'installe à Dietwiller.

    Le 29 janvier, le 1er bataillon va occuper Kembs, Niffer et Petit-Landau, en bordure du Rhin.

    Le 2ème bataillon part le 2 février pour Sierentz. Le P. C. R. I. s'installe à Landser.

    Le régiment est affecté au renforcement de la circulaire de la ligne Maginot sur les bords du Rhin et dans la plaine d'Alsace: fossés ant-chars, casemates bétonnées ou en rondins, barbelés, travaux de campagne, etc..

    Longue période de travaux, coupée de manoeuvres et de tirs jusqu'au 12 mai, date où le 1er bataillon est ramené à Schlierbach.


    votre commentaire
  • 10 Mai 1940

    Composition de la 19ème D.I

    La 19ème DI d'active se composait au 10 mai 1940 de trois régiments d'infanterie d'active:

    - Le 41ème R.I de Rennes et de Saint Malo.

    - Le 117ème R.I du Mans et de Laval.

    - Le 22ème Régiment de marche de volontaires étrangers, qui à remplacé le 1er Mai le 71ème R.I de Saint Brieuc et Dinan.

    Deux Régiments d'artillerie:

    - Le 10ème R.A.D (canons de 75) de Rennes.

    - Le 210ème R.A.L.D (canons de 155) de Rennes.

    Un groupe de reconnaissance divisionnaire (G.R.D) formé par le 21ème Dragon de Limoges.

    Des Compagnies du Génie formées par le 6ème Génie d'Angers.

     

    - - - - - - - - -

     

    La 19ème D.I était commandée à la mobilisation par le Général d'Arbonneau, qui fut remplacé en janvier 1940 par le Général Toussaint.

    L'infanterie divisionnaire était composée à la mobilisation par le Général de Girval, qui fut remplacé le 1er mai par le Colonel Paillas.

    Le 41ème R.I était commandé à la mobilisation par le Colonel Lorme, qui fut remplacé par le 12 avril par le Lieutenant-colonel Loichot.

     

    Encadrement du 41ème R.I au 10 mai 1940

     

    Etat-Major du Régiment (PCRI)

    - Lt colonel Loichot

    - Chef d'Etat Major: Cdt Pigeon

    - Officier adjoint: Lt Lucas

    - Officier de renseignement: Lt Loysel

    - Officier de liaison: Lt Carmichael

    - Aumônier: Père Bourdais.

    Personnel médical

    - Médecin chef: Cdt Le Cars

    - Pharmacien: Lt Lesage

    - Dentistes: Lt X... et Adjt Boisson

    - Vétérinaire: Aspirant Mazurier

    Compagnie de Commandement (CDT)

    - Cdt de compagnie: Capitaine LEVREUX

    - Pionniers: Sous Lt Trevilly

    - Transmissions: Sous Lt Bertrand

    - Motocycliste: Adjudant Plenet

    - Musicien-brancard: Sous Lt Martin

    Compagnie Hors Rang (CHR)

    - Cdt de compagnie: Capitaine de Boismenu

    - Officier d'appro: Lt Delourmel

    - Officier mécanicien: Lt Austruy

    - Officier de ravitaillement: Sous Lt Débroise

    - Officier Trésorier: Sous Lt Gandon

    Compagnie Régimentaire d'engins (CRE)

    - Cdt de compagnie: Lt Magnan

    - Chef de section: Adjt Baot

     

    1er BATAILLON

     

    Etat-Major

    - Chef de Bataillon: Cdt Hermann

    - Cap adj maj: Lt Bellanger

    - Officier adjoint: Lt Daniel

    - Médecins: Lt Dupuis et Sous Lt Viaud

    1ère Compagnie

     

    - Commandant de compagnie: Lt De saint-Sever

    - Chef de Section: Lt Sebag, Sous Lt Primel, Sous Lt Péan et Adjt Rochard

    2ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Lt Gomet

    - Chef de Section: Sous Lt Servet, Sous Lt Alabel et (deux autres sans nom)

    3ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Lt Herzog

    - Chef de section: Lt Rivière

    - Chef de section: S/Lt Goudineau

    - Chef de section: S/Lt Agnès

    - Chef de section: Adjudant Kermann

    C.A.B.1.

    - Commandant de compagnie: Capitaine Guizouarn

    - Chef de section: Lt De la Soudière

    - Chef de section: Lt Le Quellec

    - Chef de section: S/Lt Sommoneaux

    - Chef de section: Sergent Chef Labbé

    2ème BATAILLON

    Etat Major

    - Chef de Bataillon: Capitaine Thouron

    - Cap. adj. maj: Capitaine Dupuis

    - Officier Adjoint: Lt Prigent

    - Médecins: Lt Zaracovitch et S/Lt Jarry

    5ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: S/Lt Guillonton

    - Chef de section: S/Lt Refin

    - Chefs de section: Adjudant Martin et deux officiers inconnus

    6ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Lt Duchesne

    - Chef de section: S/Lt Geffray et deux officiers ou sous officiers inconnus

    7ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Lt Bonnefis

    - Chef de section: S/Lt Mignard

    - Chef de section: S/Lt Chabanel

    - Chef de section: S/Lt Lemée et un officier ou sous officier inconnu

    C.A.B.2.

    - Commanadnt de compagnie: Lt Ravoux

    - Chef de section: Lt Le Guiner

    - Chef de section: S/Lt Oertel

    - Chef de section: S/Lt Cocault

    - Chef de section: Adjudant Le Bris et un officier inconnu

    3ème BATAILLON

    Etat Major

    - Chef de bataillon: Commandant Jan

    - Officier adjoint: Lt Hervé

    - Médecins: Lt Lecourt et Adjudant Renault

    9ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Capitaine Dunand

    - Chef de section: Lt Payen

    - Chef de section: S/Lt Mauduit

    - Chef de section: Adjudant chef Le Denmat

    - Chef de section: Adjudant Le Moal

    10ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: Capitaine Dorange

    - Chef de section: Lt Le Moal

    - Chef de section: S/Lt Bernard

    - Chefs de section: Adjudant Dugast et un sous officier inconnu

    11ème Compagnie

    - Commandant de compagnie: capitaine Fauchon

    - Chef de section: Lt Holtz

    - Chef de section: S/Lt Véron

    - Chef de section: S/Lt Philippe

    - Chef de section: Adjudant chef Lebreton

    C.A.B.3.

    - Commandant de compagnie: Lt Georges

    - Chef de section: Lt De Chanterac

    - Chef de section: S/Lt Vaillant

    - Chef de section: S/Lt Catherine Du Chemin

    - Chef de section: Adjudant Roe

     

    - - - - - - - - - - - 

     


















     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Théodore Delatouche réchappé d'un massacre ( Article Ouest France du 23 juin 2016 )

    René (à gauche) et Jean-Yves Delatouche ont dévoilé la plaque posée à la mémoire de leur père. Sur le monument figurent également les noms des soldats assassinés ainsi qu'une plaque à la mémoire de Françis Vaslet.

     

    René et Jean-Yves Delatouche ont assisté le 12 juin à un hommage rendu à leur père. Il était l'un des survivants d'un groupe de 31 soldats abattus par les Allemands en juin 1940 dans la Somme.

     

    Les gens d'ici

    Le 12 juin, un hommage solennel a été rendu à titre posthume au caporal Théodore Delatouche, à Beaufort-en-Santerre, par les anciens combattants, cinquante porte-drapeaux et les autorités locales, en présence de ses deux fils, René et Jean-Yves Delatouche.

    Théodore Delatouche, né à Romagné, s'est installé en 1946 à la ferme de Montillon, en Saint-Germain-en-Coglès. Il est décédé le 21 juin 1981.

    Le 29 août 1939, il a 25 ans lorsqu'il est mobilisé au 41e RI à Rennes, régiment appartenant à la 19e division d'infanterie.

    En septembre, le régiment est déployé dans les Ardennes, avant d'être dirigé vers la Lorraine et l'Alsace où s'engagent les premiers combats.

    En mai 1940, la division est appelée en renfort, sur le plateau de Santerre, près de Compiègne. Durant un mois, des combats intenses se déroulent entre les deux armées. La partie est inégale face à l'armada de panzers ennemis. Le 4 juin, le ravitaillement en vivres est coupé, la réserve de munitions épuisée, l'ordre de repli est donné. Le bataillon pris dans une étreinte ennemie se disperse. La compagnie du caporal Delatouche force plusieurs barrages entre Rosières, Caix et Beaufort où se déroule l'exaction.

    Désarmés et entassés

    Le 7 juin, pris en tenaille sous le feu d'une mitrailleuse ennemie, le sous-lieutenant à la tête du groupe ordonne la reddition, il parlemente longuement avec un officier allemand avant d'être emmené à bord d'un side-car. Une demi-heure plus tard des troupes de la Wehrmacht,se présentent. Les prisonniers désarmés sont rassemblés et conduits sur un terrain découvert, entassés les uns contre les autres.

    Théodore Delatouche gardera longtemps le silence sur les circonstances du drame. « Des souvenirs qu'il faut oublier », disait-il jusqu'à ce qu'il livre son témoignage (lire ci-dessous).

    On voyait qu'on allait mourir, notre coeur battait fort. On nous frappe puis les mitrailleuses tirent. Je constate que je ne suis pas touché. Je n'ai pas bougé attendant le coup de grâce, la balle me frôle l'oreille. On n'entend plus rien, un homme expire au-dessus de moi. J'étais couvert du sang de mes camarades. Je crois qu'ils sont tous morts. Les deux mitrailleuses tirent une deuxième salve dans le tas et s'éloignent. J'ai continué à faire le mort

    Au bout de longues heures une voix murmure : « Y en a-t-il qui n'ont rien ? ». C'était Francis Vaslet. Je réponds : « Moi ! On se barre ! »

     

    Les Allemands circulaient sans cesse sur la route. On a rampé vers Beaufort déserté par ses habitants. Au détour d'une allée nous tombons nez à nez avec deux officiers ennemis. Je me suis précipité dans un tas de ronces. Vaslet a tenté de prendre la fuite, avant d'être pris. Il restera prisonnier en Allemagne durant cinq ans.

    Pendant neuf jours, je survis autour du village, comme un vagabond, me nourrissant de fraises et de cerises, jusqu'au retour des premiers réfugiés.

    J'ai passé un mois à leurs côtés. Muni de faux papiers établis par le maire, après moult péripéties et parties de cache-cache avec l'occupant, je rentre enfin au foyer familial, le 13 juillet. Là j'apprends officiellement que je suis déclaré mort. Et pour cause, je m'étais débarrassé de ma plaque identitaire et de ma vareuse sur les lieux du drame. »


    votre commentaire
  • Compagnie hors rang


    votre commentaire
  • Formation de la compagnie de Canon

    Formation de la compagnie de Canon

    Formation de la compagnie de Canon

    Formation de la compagnie de Canon


    votre commentaire
  • Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

    Document d'archive de 1945 avant le 8 mai

     


    votre commentaire
  • Note de service

    Note de service

    Note de service

    Mai 1945

    Mai - juin - juillet 1945

    Mai - juin - juillet 1945

    Mai - juin - juillet - septembre - octobre - novembre - décembre 1945

     

     


    votre commentaire
  • Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Charles Teillon

    Mon grand-père était dans le 41°RI pendant la seconde guerre mondiale issu du 4eme bataillon de Rangers de FFI du Morbihan après le maquis à ALLAIRE

    Julien Teillon


    votre commentaire
  • Mail du 06/12/2017.

    Monsieur, j'ai eu l'occasion de lire votre blog consacré à la mémoire du 41° Régiment d'infanterie durant la seconde guerre mondiale, qui m'a beaucoup intéressé, étant l'un des petit-fils du Lieutenant-Colonel Loichot, qui commanda ce régiment en 1940. Pour votre information, un livre vient de paraître concernant le Lieutenant-Colonel Loichot : 
    "le lieutenant-colonel Loichot, une âme de résistant", par Gilles-Marie Moreau, éditions L'Harmattan. 
    Gilles-Marie Moreau est mon frère, lui aussi donc petit-fils du Lieutenant-Colonel Loichot. Voici la présentation du livre : 

    Ce livre retrace la vie, dans l’armée et dans la Résistance, mais aussi dans sa famille, d’un officier franc-comtois, titulaire de onze citations, mort pour la France en déportation pour faits de Résistance. Il a été écrit à partir de la consultation de nombreuses archives publiques, privées et familiales, ainsi que grâce à des témoignages.
    Né dans le Haut-Doubs en 1888 d’une famille très chrétienne, Camille Loichot devient d’abord instituteur libre. En 1914, il est sergent de réserve dans l’infanterie. En 1918 il est capitaine au 171e RI, chevalier de la Légion
    d’honneur, avec sept citations, et a été blessé trois fois. Le 7 novembre de la même année, il assiste à l’arrivée des parlementaires allemands venus demander l’armistice.
    Il reste alors dans l’armée, participe à l’occupation française de la Rhénanie, à la campagne de Syrie où il est cité, puis devient chef de bataillon à Colmar au 152e RI, un régiment d’élite.
    En 1940 il commande le 41e RI, un régiment breton qui sera cité à l’ordre de l’Armée pour sa magnifique conduite au combat.
    Retourné à la vie civile durant l’Occupation, le colonel Loichot rejoint la Résistance au sein de l’ORA, et prend le commandement du groupement Doubs-Jura-Nord des FFI. Arrêté le 11 février 1944, il est emprisonné à Besançon, puis déporté en Allemagne : à Fribourg, puis Manching, et enfin au camp de Dachau. Libéré le 15 mai 1945, il rejoint la Première Armée française du général de Lattre, mais tombe gravement malade et meurt à Ravensburg le 25 mai 1945.

    Courriers . . .

    Je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression de mes meilleurs sentiments. 
    Philippe Moreau


    votre commentaire
  • Source: SHD le 30 Octobre 2015


    votre commentaire
  •  

    Source: SHD le 30 Octobre 2015


    votre commentaire
  • Georges Navotte

    Georges Navotte est un fils d'exploitants forestiers né le 10 septembre 1918 à Vireaux, dans le canton d'Ancy-le-Franc. Sa jeunesse est bercée par les idées de gauche et les récits patriotiques de son père, décoré de la guerre 1914-1918. En 1936, il est apprenti serrurier à l'atelier d'entretien mécanique de la cimenterie de Frangey mais est licencié à la suite d'une grève. Il part travailler avec ses parents jusqu'à sa mobilisation au service militaire à Dieuze, près de Nancy, en octobre 1938. Pendant la " drôle de guerre ", il réalise du transport de matériel sur la ligne Maginot puis à Dunkerque, dans la 641e compagnie du 125e escadron du train. En mai 1940, il fait partie du corps expéditionnaire de Hollande, qui reflue devant l'ennemi. En octobre 1940, il est maintenu dans l'armée d'armistice. En 1941, il est au 41ème régiment d'infanterie à Brive-la-Gaillarde, d'où il tente vainement de rejoindre Londres par l'Espagne. Il est finalement démobilisé le 15 novembre 1941 et rentre à Vireaux.   


    votre commentaire
  •  

     

    2ème section, 7ème compagnie, 2ème Bataillon du 41ème R.I.

     

    Béganne - Sur le Front de la Vilaine

     

    Béganne - Sur le Front de la Vilaine

     

     

     


    1 commentaire
  • RAPPORT du chef de bataillon MOLISSET , Cdt le 21° Btn d'instruction du 41° RI au sujet des événements concernant ce btn et le groupe des unités d'instruction n°17 aux abords de cambrai, entre le 16 et le 21 mai 1940.

    Le 16 mai: Alerte et transport en camions:

    Le 21/41° RI est à l'instruction (depuis février) au cantonnement d'Auneuil (Oise) quand il est alerté le 16 mai, à 8 h 00 d'être prêt à être embarqué sans chevaux ni voitures. A 12 h 30  il est prêt. Il ne part que le lendemain 17 mai à 10 h 00 après une nuit passée à la belle étoile et après avoir essuyé un orage.

    Le 17 mai: 

    Départ d'Auneuil à destination d'Avesnes (premier point de destination). Nuit passée en camion, arrêt à Roye, aiguillage sur Cambrai, arrêt à Masnières ou le Btn reçoit le baptême du feu (mitraille par avion, bombardement en queue de colonne . . . ) sans pertes. Vers 15 h 00, le colonel CALLAUDAUX convoque les commandants des 21/41°RI/43°RI et 150°RI à la mairie de Cambrai ou il les avait devancés et donne leur mission à ces trois bataillons.

    Mission du bataillon - organisation de la position:

    Le 17 mai à partir de 16 h 00:

    Encadré au Nord par le 21/43° RI et au Sud par le 21/150° RI, mon bataillon doit tenir sans esprit de recul, le terrain et les villages compris entre: La route de Cambrai - Le Cateau; La route de Cambrai - Solesmes (exclue) (en fait, je l'ai prise dans mon quartier de btn car très importante) englobait la sucrerie de Cauroir, ferme de la Croisette, route du Cateau à Cambrai à hauteur d'Avoingt - Faubourg St Druon - Lisière Sud de cambrai.

    Le P.C du Colonel CALLAUDAUX, Cdt du G.U.I n°17 à la mairie de Cambrai.

    Le 21/41° RI Cdt MOLISSET, à la brasserie, Place du Bois à Cambrai.

    Le 21/150° RI Cpe GAUTIER, Faubourg St Druon.

    Le Colonel cdt la Place: colonel SANTINI.

    Intention du Cdt du 21/41° RI et dispositif:

    S'installer en points d'appui fermés et tenir particulièrement solidement.

    Soirée du 17 et nuit du 17 au 18 mai - Matinée du 18 mai:

    Malgré deux nuits précédentes sans sommeil, le 21/41°RI débarqué au lisières de Cambrai est rassemblé. L'ordre de défense est dicté aux Cdts de Cies (confirmé ensuite par un ordre, distribué le 17 ou le 18 ). Je rassemble toute mon unité et les mets moi même au courant de la situation.

    A 16 h 30, elle s'articule et gagne ses positions. je fixe le P.C et me rend sur place avant la nuit, à toutes les Cies pour décider, sur le terrain même les plans de feu, liaison, organisation des barricades, renforcement nécessaire, besoins des unités.

    Je récupère au cours de cette inspection, deux canons de 25 que j'installe en profondeur sur la route du Cateau et incorporé dans le centre de résistance de la sucrerie de Cauroir.

    Toute la nuit, jusqu'à trois heures du matin, l'unique camionnette de ravitaillement du Btn apporte des vivres, les munitions des Cies laissées sur l'emplacement du débarquement du btn ( vivres et munitions laissées sur place faute de moyens hippo des Cies ).

    Le Bataillon aligne en ce moment:

    11 Officiers (dont le Chef de btn, l'officier des détails et le médecin).

    50 Sous-officiers, 450 caporaux et soldats dont 150 anciens et 60 S.X.

    Le reste sont des recrues, peu instruites, reçues au Btn en avril qui ont éffectué: F.M 4 tirs au fusil, Mitrailleurs 5 à 6 tirs, engins 3 à 4 tirs dont un obus de guerre.

    Armement: 6 mitrailleuses, 1 mortier de 81, 3 mortiers de 60, 1 canon de 37 et récupéré sur place 2 deux canons de 25.

    Liaisons: E.R 17 donné à la 3° Cie à Cauroir, téléphones civils reliant toutes les Cies au P.C (sauf à Cauroir ou le personnel des P.T.T a fui et ou la cabine téléphonique est en dérangement). La nuit du 17 au 18 apporte le repos indispensable.

    Le 18 au matin, toute la matinée, je passe l'inspection des travaux réalisés à  midi, je constate que toutes les barricades sont en place, faites d'instruments aratoires, chicanes battues soit par F.M à balles perforantes, soit de canon de 37, soit par canon de 25.

    Tranchées étroites et profondes contre les bombardements; seules les défenses accessoires par réseau barbelés ne sont pas réalisées, faute de fil de fer et de piquets demandés dès le 17 mai au G.U.I n°17.

    Les liaisons téléphoniques sont assurées.

    Un camion de munitions arrêté sur la route de Solesme met ses munitions à la disposition du Btn. Ces munitions sont portées aussitôt sur la position.Il manque des relais et des cartouches pour les mortiers.

    Le 18 dans la soirée, le Btn peut recevoir l'attaque; il est enterré, barricadé, à des munitions suffisantes, quoique incomplètes pour 4 mortiers, le moral est excellent.

    Combat du Bataillon:

    Nuit du 18 au 19 mai:

    Le guet signale des mouvements d'engins blindés suspects en direction de la route du Cateau - C.R. de la Cie tenant cette route vers 18 h 00, je donne l'alerte générale terrestre, aérienne et contre blindés.

    J'en rend compte au Colonel CALLAUDAUX.

    Mon Sous-officier de liaison vient me rendre compte que le P.C du G.U.I est vide. J'envoie un autre Sous-officier qui me confirme le fait, qui sera ensuite contrôlé et confirmé par l'Adjudant chef LEVESQUE, adjudant chef de mon groupe de Cdt, puis par le Colonel SANTINI, Cdt la place de Cambrai et son Capitaine adjoint. 

    Le médecin PETIT, du 21/150° RI qui, en l'absence d'autres officiers du 150, répond à mon ordre de prise de commandement.

    Vers 21 h 00, attaque violente menée par des blindés sur la route du Cateau.

    Un char allemand éventré par un coup de 25, posté en arrière de la chicane de l'avant dernière barricade marque l'ultime avance allemande.

    Fusillade générale sur tout le front du Btn.

    Les fractions: 2° Cie F.V du sous-lieutenant MARCONNET, moitié de la C.A du Lt GUIO et S/Lt BIARD. Engagés à fond au-delà de la barricade précitée, ne manifestent plus aucunes activités à partir de 21 h 30. A la lueur des chariots en flamme dans les barricades, une patrouille commandée par le Cne PROVOST ? d'un régiment régional de la Place de Cambrai ne peut prendre liaison avec les éléments de la 2° Cie et C.A. qui probablement ont été encerclés et faits prisonniers par les tirailleurs ennemis agissant en liaison avec leurs chars.

    La 2° Cie et la moitié de la C.A ont tenu dans leur point d'appui et n'ont opéré aucun recul. Ils ont rempli leur mission de tenir sans esprit de recul.

    Le 18 mai de 21 h 00 au levé du jour du 19 mai: fusillade générale sur tout le front du Btn, La capitaine MOUFFRANC , commandant la C.H.R et le verrou de la route du Cateau, en se portant avec quelques hommes de son P.C à la barricade dont il a la défense, est blessé d'une balle au dessous du genou. A signaler sa crânerie sous le feu.

    Le calme renaît après cette crise violente qui a durée une demie-heure environ. Attaque brutale, riposte non moins énergique. La troupe a tenu sous le choc très violent comme l'atteste un char éventré; barricades en feu, fers tordus, corps du caporal PEZARD sur la barricade même, et que j'ai fait personnellement relevé par une ambulance , le 19 mai vers 15 h 00.

    Accidents divers pendant la nuit du 18 au 19 mai: Arrivée à mon P.C du Colonel Chef d'E.M de l'E.M du II° corps d'armée, mon ancien chef de corps au 41° R.I ( colonel DELORME ) assisté de plusieurs officiers et d'un ou deux officiers de l'Armée. Ils se restaurent, me disant de venir du Quesnoy, puis de Solesme, avoir passé dans un intervalle de colonne blindée allemande, progressant en direction Sud-Nord entre Solesme et Cambrai.

    Le Colonel DELORME téléphone au P.C de l'E.M de Lille.

    Je téléphone également à cet Etat-major pour exposer la situation. Il m'ont donné l'ordre de ne faire sauter les ponts et incendier les réservoirs d"essence que sous la pression de l'ennemi.

    Je demande des appuis de chars ( 3 sections ) et des feux d'artillerie que l'on me promet sans indication d'heure.

    Je maintien à mon poste le personnel d'exploitation du central téléphonique des P.T.T qui a été au dessus de tout éloge. Pris de doute, un moment, sur la nationalité des manipulants, je fait faire une descente d'un groupe de soldat aux ordres du Lt XIBERRAS ( mon officier de détail ) . Tout soupçon est dissipé. 2 S/officiers de mon groupe de Cdt détachés au central téléphonique, dès  20 h 00, y sont maintenus pour assurer la permanence des liaisons.

    Prise de contact avec le Colonel SANTINI, Cdt de la Place de Cambrai, qui m'a donné le plus précieux concours, pendant tout le combat par sa connaissance des ressources sur place.

    Appel téléphonique d'un officier du 21/150° RI au P.C de ce btn qui jusque la n'avait répondu que par le médecin. Ce médecin avec deux adjudant et une douzaine d'hommes fait des recherches. Il m'est rendu compte qu'on ne trouve plus le 21/150° RI, ce Btn a abandonné sa position à une heure que je ne puis préciser, mais il est incertain.

    - Qu'aucun officier sauf le médecin n'a répondu à mes convocations au téléphone du P.C du Btn dès ma prise de commandement du G.U.I n°17 le 18 mai 1940 à 20 h 00.

    - Que la seule fraction restée à son poste se réduisait au médecin, deux adjudants et une quinzaine d'hommes.

    Organisation de colmatage du quartier du 21/150° RI en liaison avec le Colonel SANTINI au moyen d'engins mécaniques dont disposait le Colonel. Tous ces moyens sont mis aux ordres d'un chef d'escadron d'artillerie. Colmatage d'autant plus nécessaire, que le colonel m'apprit la présence de l'ennemi vers Masnières ( route de cambrai vers Péronne ).

    Journée du 19 mai: 

    Attaque allemande sur Cauroir: Ce village se prêtait particulièrement par la configuration des rues et du terrain à l'installation d'un réduit fermé , ce qui fut réalisé.

    Le poste de T.S.F ER17 à permis de suivre le combat.

    - Encerclement par des engins blindés et attaque des issues.

    - Enlèvement des barricades par combinaison de choc des chars et des feux des tirailleurs allemands.

    - Défenseurs acculés au centre du dispositif ou se tenait le P.C du la Cie.

    Il s'est mené là, un combat tout à l'éloge des cadres et des hommes de la 3° cie du 21/41° RI: Cadres énergiques ( Lt TEXIER, Adjudant chef HERVE ) anciens soldats peu nombreux, recrues ayant un mois d'instruction réelle, n'ayant effectué que 4 tirs au fusil et venant du dépôt d'infanterie de Bourges.

    Toute la 3° Cie (que je n'avait pu doté d'armes anti-char) a donné l'exemple de cran et de courage. Le dernier message du Lt TEXIER fut ( acculé au P.C, que faire . . . ) j'ai répondu ( Mission terminée ). Il était 9 h 00. Je ne pouvais demander plus, tous avaient rempli leur mission de tenir jusqu'au bout, pas un a fui, tous ont fait face à l'assaillant, même les S.X dont plusieurs étaient des quasi infirmes dont j'avais demandé l'éviction du service ( voir mon rapport à ce sujet au Général LARCHER, Cdt les bataillons d'instructions de la zone des étapes du G.Q.G dont le P.C était à Trilport. Ce compte rendu reflète exactement la valeur combative du bataillon.

    Seul le médecin avec les malades et les éclopés a pu s'échapper avec l'ambulance que je lui avais envoyée la veille. Ce médecin avait un poste de secours à une sortie du village, opposée à la direction principale de l'attaque ennemie.

    Attaque de la sucrerie de Cauroir:

    Simultanément à l'attaque de cauroir, l'ennemi attaque aussi la sucrerie de Cauroir tenue par la 1ère Cie du Sous lieutenant GUIBOUT. Commandée par ce jeune S/Lt, sorti de Saint Maixent à la mobilisation, cette Cie menacée d'encerclement par action d'engins blindés et de tirailleurs, se décroche et mène un combat en retraite jusqu'aux lisières de Cambrai, sur la route de Cambrai vers Solesme.

    J'ai pris contact avec le Lt GUIBOUT, vers 10 h 00 près du pont au dessus de la voie ferrée ( lors du combat de rue qu'il dirigeait avec calme et ordre ) pour lui indiquer son axe de repli: L'unique pont sur l'Escaut, à l'ouest de Cambrai, puis la route de Bapeaume ou celle d'Arras. J'ai entendu une violente fusillade ponctuée de coups sourds ( canons de chars ). Je ne devais revoir ni cet officier ni les éléments de sa Compagnie.

    Destruction des ponts et réservoirs d'essence:

    Depuis 2 h 00 du matin, après ma conversation avec l'E.M de Lille, je savais et c'était mon intention très arrêtée que je ne devais faire sauter les ponts que sur pression de l'ennemi.

    Or, le 18 à 21 h 30, ma 2° Cie et la moitié de la C.A étaient encerclées et capturées.

    Le 19 à 4 h 00, j'apprenais que 21/150° RI ne tenait plus sa position, sans que j'en soit averti.

    Le 19 à 9 h 05, la 3° Cie de Cauroir était acculée dans ses dernières défenses. La 1° Cie, sur la route de Cambrai - Solesme menait un combat en retraite. Je n'avais aucune réserve en tant que Cdt , ni même comme chef de Btn par suite de l'étendu du front, de la faiblesse des effectifs, de ma prise de commandement inopinée juste au moment de l'attaque allemande. A  9 h 30, je donnais au Lt LEMERI, avec lequel j'avais maintenu l'unique liaison téléphonique ( en postant un Sous officier au central des P.T.T, le personnel ayant été évacué par mon ordre vers 9 h 00, au moyen de la voiture de liaison du Btn caporal ROBINO ). l'ordre de mise de feu. La destruction fut opérée. seul un pont était intact et permettait le repli des éléments à pied, des voitures et des chenillettes par la pose de sacs à terre entre les traverses, avec les éléments du 21/150° RI que je retrouvais aux abords du pont ou je m'étais rendu vers 13 h 00 ( avec le Caporal-chef  BAHIER de mon groupe de commandement, que j'avais envoyé au préalable reconnaître ce point de passage ).

    Cette destruction fut décidée lorsque je n'avais plus un seul moyen à ma disposition pour parer à une avance de l'ennemi, car:

    - J'avais dirigé sur Arras, l'officier des détails: Lt XIBERRAS et l'adjudant JOLIVET de l'approvisionnement porteur de 198.000 francs; le médecin et le reste de mon groupe de commandement au moyen de la camionnette de ravitaillement et de l'auto ambulance récupérée en cours de combat.

    -  J'étais sans nouvelle du 21/43° RI depuis le 19 à 9 h 00, toutes les liaisons téléphoniques étant coupées, sauf celle du Lt LEMERI.

    Repli du 21/43° RI:

    Certain de l'état de l'unique pont et de la route de repli, je me portais seul à bicyclette en direction du 21/43° RI pour prendre contact avec lui. Près de la mairie j'ai la bonne fortune de rencontrer le motocycliste du P.C du 21/43° RI à ma recherche. Je moto avec lui sur sa moto rejoindre le Cdt DENNEZ à son P.C d'Escaudoeuvres. Sous l'énergique et audacieux commandement du Cdt DENNEZ, le 21/43° RI s'est organisé comme le 21/41° RI en points d'appuis fermés dans les villages d'Escaudoeuvres, Naves et Cagnoncles.

    Il y a même un combat très dur contre les blindés et avec son de 37, détruit un char et 2 camions de tirailleurs, accompagnants les tanks au abords d'escaudoeuvres.

    Il y le lt NOEL tué ( dont le corps est ramené à Cambrai ) et plusieurs soldats. ils est sans nouvelles de ses Cies de Naves et de Cagnoncles. il pense qu'elles sont capturées. Il envoie un camion sur Naves. Ce camion n'est pas revenu. il est 16 h 00, je mets DENNEZ au courant de la situation et lui prescrit de diriger le reste de son Btn sur la route Bapeaume. Je prend la tête de la première fraction sur un camion portant le corps du Lt NOEL et les blessés pour rejoindre son ancien P.C y briser les sceaux du Btn que j'y ai laissé et m'assure si les pièces d'archives concernant les pièces secrètes , le personnel des officiers et S/officiers ont bien été évacués par l'officier d'approvisionnement.

    Après avoir quitté le camion place de la mairie, je me portais à la mairie pour y attendre les premières fractions du 21/43° RI. Je vis un adjudant et plusieurs hommes de tête d'une compagnie. Je les dirigeais vers le pont de chemin de fer, étant à pied. Un violent tir de 150 fut déclanché de 16 h 30 jusqu'à 17 h 30 sur la route de Cambrai - Escaudoeuvres.

    J'en conclus que le reste du Btn du 21/43° RI allait être coupé ( en fait, j'appris le lendemain à Arras que seul le Cdt DENNEZ, avec ses quelques cyclistes faisant le coup de feu contre deux motards allemands leur barrant la route avait pu passer ).

    Ma liaison avec le G.R.D de la 25° DI ( Lt Colonel d'Arodes ).

    Ayant franchi l'Escaut avec les éléments de tête du 21/43° RI, je me poste à la bifurcation des routes Cambrai - Arras - Cambrai - Bapeaume pour aiguiller le 21/43° RI .

    J'aperçois vers 17 h 00 un side-car de cavalier. Je me renseigne. Ces motocyclistes m'apprennent la présence aux environs d'un C.R.D.I : Lt Colonel d'Arodes: P.O à Epinoy.

    Reçu aussitôt, je mets le Lt Colonel au courant de la situation: la tête de pont de Cambrai peut-être réoccupée si on a les moyens sous la main. Le pont sortie ouest est encore intact. Le Lt Colonel prend note et mon renseignement m'offre une collation que j'accepte ainsi que sa voiture personnelle pour me rendre sur la route Cambrai - Bapeaume y récupérer mes éléments. Le Lt Colonel d'Arodes m'avait dit au cours de repas que la seule route d'Arras était encore libre; les ponts sur la Sensées coupés; l'intention du Cdt de tenir sur la Sensée.

    Après une pointe sur la route de Bapeaume, je reviens à Haynecourt ou se trouvent deux officiers du G.R.D.I 25 pour reprendre une moto pour pousser une pointe sur la route:

    - de bapeaume pour retrouver les éléments du 21/41° RI et du 21/43° RI; je ne trouve rien, ni camions portant les blessés du 21/43° RI, ni cyclistes, et pourtant je suis allé jusqu'à la coupure du canal du Nord.

    - d'Arras, aucun élément du 21/43° RI n'a pu sortir de Cambrai.

    Il me reste à regagner Arras, n'ayant plus un seul homme, ni du 41 ni du 43. Je laisse un C.R à Haynecourt pour le Général Commandant la 25° DI aux bons soins du Lt Colonel d'Arodes et remis à un officier à Haynecourt.

    Un side car du G.R.D de la 25° DI me dépose au delà de Marquion sur le pont de la Sensée ( ou nou manquons de nous précipiter conducteur et side car ). un officier d'A.M.C qui va cantonner à Avis me fait conduire à Arras ou j'arrive à la nuit close.

    Nuit du 19 et journée du 20 mai:

    Je traversais Arras dont la partie voisine de la gare est en feu et rejoins le bureau de la Place. Je demande à être mis en relation avec le général Cdt d'Armes; Vu l'heure tardive, je n'obtiens pas satisfaction.

    Je téléphone alors à l'Etat-Major de la région de Lille ou j'ai au bout du fil le 3° bureau, auquel je relate tous les événements énumérés ci-dessus et qui ont l'air d'éveiller son intérêt. Il me conseille de prendre du repos.Je me couche au séminaire et à 7 h 00 le 20 mai je me présente à l'Etat-Major du général Cdt  la subdivision qui me reçoit et auquel j'expose les faits dont je fus le témoin.

    Je retrouve le Cdt DENNEZ du 21/43° Ri avec quelques uns de ses cyclistes vers 9 h 00 et j'apprends à cet E.M que l'encerclement d'Arras est en voie d'exécution. On signale des parachutistes à Mareuil, etc . . . Je rassemble autour du Q.G 2 side cars avec F.M et une A.M.C pour défendre les abords. Le général quitte son P.C et seule la route de St Pol est libre.

    Avec le Cdt DENNEZ, ses hommes et les side cars et l'A.M.C , nous partons pour st Pol ou nous sommes aiguillés sur Hesdin ( point de rassemblement ).

    Nous arrivons ainsi à hesdin, vers 12 h - 13 h 00 au bureau de la Place, je me présente au Général de FELICONDE, je prend contact avec l'officier adjoint au Lt Colonel SANTINI  et je me présente au Lt Colonel SANTINI  qui a des paroles élogieuses à mon égard, pour notre action sous Cambrai, qui fut portée par lui à la connaissance du Général PAGESY. j'ai l'intention de regrouper à Hesdin les éléments du G.U.I 17. Je me préoccupe de me reposer et je trouve une maison proche du bureau de la Place qui m'offre un matelas ( aucune organisation pour les officiers n'était prévue ).

    Nuit du 20 et journée du 21 mai:

    A peine endormi, j'entend  à 23 h 00 une fusillade. Je me rhabille et vais aux renseignements au bureau de la Place de Hesdin; portes closes et communications coupées.

    Une colonne d'autos passe devant le bureau de la Place. j'apprends que le parc autos est alerté et se porte sur Boulogne par Montreuil. Lors d'une conversation avec le Colonel SANTINI, je savais que l'E.M  de la 1ère région devait s'installer le 20 à Montreuil. Je monte dans une auto avec le Lt PICAN. Je descend à Montreuil. J'interroge des infirmiers de l'hôpital de Montreuil qui m'apprennent que des éléments de l'E.M de la 1ère région étaient venus le matin, mais étaient repartis. 

    A ce moment, je pris cette décision de traverser la Somme d'abord à Abbeville puis à St Valéry sur Somme.

    Je monte dans un camion du train ( signe distinctif - un papillon ), ayant l'ordre de rejoindre Neufchatel et pars en direction d'Abbeville. Il est minuit environ. au lever du jour je suis à une dizaine de km d'Abbeville quand une auto civile vient en contre sens. J'interroge le conducteur qui me dit que la route est coupée. Une seconde voiture ( un marchand de Cassel dont je je vérifie l'identité ) me confirme le fait. Je rebrousse chemin pour filer sur St Valéry par Montreuil et Berk. J'arrive jusqu'à la hauteur de Port-Mahon. J'apprend que les ponts de St Valéry sont également coupés.

    Devant l'embouteillage croissant, je saute du camion, me fais prendre par un motocycliste ( Le Maréchal des logis TERREAUX du 188° R.A.L.T.E.M ).

    A quelques km avant d'arriver à Montreuil, la moto ne marche plus. J'avise une voiture civile ( Ce serait d'après les dires du conducteur, des membres de la famille du Général Belge DUBOIS ), je les persuade de rebrousser chemin et de rejoindre Etaples ou Boulogne. Péniblement nous arrivons à Etaples. Le Maréchal des logis et moi même sur le marche pied.

    j'ai l'intention de réquisitionner au besoin un patron de barque pour quitter Etaples avec le plus d'officiers possible. je me heurte à une indifférence complète, les patrons évoquant leurs familles ou leurs proches et ne veulent à aucun prix de militaires à bord, craignant le bombardement.

    seul le syndic Savina s'intéresse à mes propos. Je me porte sur le pont d'Etaples à la recherche d'officiers français. J'arrête ainsi le Cpe GRATERY du 50° R.A.D, 6° groupe, le Lt JOLY, le médecin Lt DUFFEUX qui me déclare convoyer dans son auto les avoirs d'une banque de Lille ( Banque André JOUARRE ) se montant à 20 ou 25 millions.

    Il s'agit de sauver cette fortune. Je m'en ouvre au Syndic Savina et HERAULT d'Etaples: le patron MARGOLLE accepte ma réquisition. Nous embarquons aussitôt, mais les civils refusent énergiquement  la famille du Général DUBOIS. J'en suis navré, car j'avais l'air de manquer de gratitude vis à vis de cette famille.

    Après 26 h 00 de traversée, avec escale à Fécamp, pour débarquer une partie des civils, j'aborde à Port en Bessin le 22 mai vers 12 h 00.

    Je me mets en rapport avec le maire de ce village, puis par téléphone, immédiatement avec l'Amiral Préfet maritime ( Cdt PICHON de l'E.M ) cet officier supérieur mis au courant de la nature de la cargaison spéciale me renvoie l'autorité civile.

    Je m'adresse au Sous Préfet De PINEL de Bayeux, qui, très aimablement prend l'affaire en mains, mais ne peut obtenir le stockage des valeurs dans une banque locale, ni à la banque de France de Caen, après liaison avec la banque de France de Paris. Mettant deux autos à ma disposition et après avoir reçu un ordre de rejoindre Caen  ( ordre signé du Cdt de gendarmerie de Bayeux ) nous arrivons à Caen le 22 mai à 22 h 00. Le Colonel Cdt la subdivision se charge du stockage des valeurs pendant la nuit du 22 au 23 mai.

    Tous les officiers m'accompagnant depuis Etaples sont hébergés à la caserne Lorge de Caen, ou nous passons la nuit. Ce matin 23 mai, je rédige le présent rapport et fais ressortir les points suivants: mon Btn , le 21/41° RI et le 21/43° RI ont rempli leur mission de sacrifice, aucun n'a fui, tous à l'exception de mon groupe de commandement ( l'officier des détail et le médecin ) on été capturés à leur poste de combat, fidèles à l'ordre reçu.

    Pour mon compte personnel, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour prendre au pied levé dans des circonstances difficiles, le commandement du G.U.I n°17, diriger le combat, faire sauter les ponts et incendier les réservoirs d'essence à l'ultime moment de la chute de notre résistance, récupérer les éléments de retraite, essayer d'échapper à la capture par une course sans répit, ni trève, mettre en lieu sur une vingtaine de millions et me présenter malheureusement seul sur Caen, pour me mettre à la disposition du Commandement.

    J'ai la conviction profonde que les deux Bataillons 21/41° RI et 21/43° RI on mérité une récompense digne de leur sacrifice . . . 

    Caen, le 23 mai 1940

    Le Chef de Bataillon MOLISSET

    Cdt le 21/41° RI et Pvt le G.U.I n° 17

    Signé: MOLISSET

    Sources: S.H.D de Vincennes.

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Extrait de l'histoire du camp des indésirables . . .

    La politique de répression mise en place par la IIIe République à l’encontre des individus jugés « dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique » se traduit dans les départements par la création de « centres de séjour surveillé pour indésirables français ». En Dordogne, le « Camp du château du Sablou » voit ainsi le jour. Il fonctionne du 17 janvier au 30 décembre 1940, soit une année à peine… suffisamment longtemps pour marquer la mémoire du lieu, ainsi que celle des trois à quatre cents internés, détenus « par mesure administrative ».

    Le château du Sablou, côté cour

     

    Le 41° RI au Château du Sablou en 1940 (le camp des indésirables)

     

    Pour bien mesurer toute l’ampleur du dispositif répressif, il est nécessaire de garder en mémoire la chronologie des événements qui se succèdent à compter de la déclaration de guerre de l’Angleterre et de la France à l’Allemagne. Le conflit qui éclate le 3 septembre 1939 conduit le gouvernement Daladier à renforcer la surveillance des milieux politiques considérés comme subversifs et à étendre la procédure d’internement à tout individu, étranger ou non, suspecté de porter atteinte à la défense nationale ou à la sécurité publique. Le décret-loi du 12 novembre 1938 relatif à « la situation et à la police des étrangers » a déjà statué sur le cas de ces « indésirables étrangers » dont il est « indispensable d’assurer l’élimination […] en raison de leur activité dangereuse pour la sécurité nationale ». En vue de leur internement, des « centres spéciaux de rassemblement » sont créés. Le premier d’entre eux voit officiellement le jour le 21 janvier 1939, au lieu-dit « Rieucros », sur la commune de Mende (Lozère). Des dizaines de milliers d’étrangers y sont détenus, Espagnols d’abord puis, sous Vichy, juifs allemands, autrichiens, polonais et français.

    Avec le décret-loi du 18 novembre 1939, une nouvelle étape est franchie dans la répression :

    « Les individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique peuvent, sur décision du préfet, être éloignés par l’autorité militaire des lieux où ils résident et, en cas de nécessité, être astreints à résider dans un centre désigné par décision du ministre de la Défense nationale et de la Guerre et du ministre de l’Intérieur ».

    Cette mesure vise principalement les militants et sympathisants communistes ainsi que les « ressortissants de puissances ennemies ». L’internement administratif accorde aux préfets un pouvoir souverain. Sans qu’aucun délit n’ait été commis, sans qu’aucun jugement ni aucune condamnation n’aient été prononcés, ces derniers peuvent à loisir interner, « à titre préventif ». Le 14 décembre 1939, dans une circulaire qui leur est adressée, Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, fixe les conditions d’application du décret-loi :

    « L’extrémiste qui, par ses conseils et ses tracts, s’efforce de rompre dans les usines le moral robuste des travailleurs, l’alarmiste des cénacles ou des salons qui jette sur ses auditoires les paroles de mensonge ou les prophéties de panique sont, au même titre, les ennemis de la Patrie, et le devoir que vous trace le décret du 18 Novembre est de les déceler en les éloignant, sans délai, des lieux où ils poursuivent une activité d’autant plus nocive qu’elle parvient à se mieux soustraire à l’étreinte de la loi. […] Dès lors, la nécessité s’impose d’être armé non seulement contre le fait délictueux ou criminel, mais aussi contre la volonté notoire de le commettre. […] Ainsi, l’obligation de la précaution préventive apparaît-elle aussi impérieuse que celle de la mesure répressive. […] Ce texte est grave. Il place dans vos mains [celles des préfets] une arme redoutable. Il est exorbitant du droit commun du temps de paix. Mais il est justement ainsi parce que c’est une loi du temps de guerre et destinée à disparaître avec elle, une loi exceptionnelle ». Cette toute-puissance conférée aux préfets par l’Intérieur s’amplifie sous Vichy, conduisant l’historien Marc-Olivier Baruch à écrire : « L’administration territoriale devait revenir au modèle napoléonien des origines : redevenu l’empereur de son département, le préfet n’aurait pas de difficulté à assurer son rôle de représentant unique du pouvoir central ».

    Le camp du Château du Sablou:

    Le château du Sablou a été bâti au XVIIIe siècle, sur une terrasse rocheuse émergeant de la forêt, face au village de Fanlac, village rendu célèbre par Jacquou le Croquant, héros du célèbre roman d’Eugène Le Roy. À la fin du XIXe siècle, le château est la propriété d’Edmond de Floirac et de son épouse, Marthe de La Sablière. Le 4 septembre 1940, sur la commune voisine de Montignac, quatre adolescents partis à la recherche de leur chien fugueur découvrent une grotte qui, en raison de la splendeur de ses ornements, a été baptisée « la Chapelle Sixtine de la préhistoire ». Il s’agit de la grotte de Lascaux. En 1940, le château du Sablou appartient à Henri-René Bardin, négociant parisien. La réquisition du lieu par le préfet s’explique par l’isolement de cette propriété de 130 hectares : « Cachée dans la forêt Barade, c’est un endroit sûr pour parquer des détenus sans éveiller curiosité et soupçons ».

    Sous le pseudonyme de Paul d’Hérama, l’instituteur Paul Caillaud relate son arrivée au Sablou. Au début du mois de juin 1940, lui et ses compagnons d’infortune arrivent en gare de Montignac, en provenance de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré :

    « Après la traversée de la ville, ce fut l’ascension sur les hauteurs dominant le paysage, par une route en lacet. […] Au bout de quelques kilomètres, au sein d’un massif imposant de hauts arbres, le château du Sablou nous apparut, spacieux bâtiment rectangulaire de deux étages, couvert d’ardoises. Un large espace, transformé en jardin, bordait sa façade, donnant à l’est ; à l’ouest, c’était la cour des internés, avec une citerne au centre, et une aile de dépendances, jadis granges ou écuries, aujourd’hui logements pour surveillés politiques. À l’angle nord des constructions, se dressait une modeste tour reliée à une aile courte de bâtisses, dont les fondations descendaient très bas, formant trois étages en bordure du promontoire où se perchait Le Sablou. Des fils de fer barbelés, cette fois, et non des remparts, nous séparaient du reste du monde. […] Épaisses, hautes, les rangées de barbelés étaient longées par un chemin de ronde où, jour et nuit, cinq sentinelles veillaient, fusil chargé et baïonnette au canon, sans compter le fonctionnaire de garde dans la guérite de l’entrée. Tout proche se tenait le poste de police [poste de garde], occupé par de jeunes militaires de l’active. »

    La capacité du Sablou est de 225 à 250 internés. « Ce dernier chiffre ne semble pas devoir être dépassé, en raison de l’exiguïté des locaux utiles – explique le commissaire spécial Antz – surtout si l’on tient compte du fait qu’il y a également à loger une trentaine de personnes appartenant aux effectifs d’administration et de surveillance et que certains locaux utilisés pendant l’été ne pourront pas l’être pendant la mauvaise saison. »

    Le Commandement:

    Par courrier en date du 1er février 1941, Maurice Labarthe, préfet du département de la Dordogne, adresse au ministre de l’Intérieur quelques renseignements « au sujet des camps d’internés civils français et étrangers de [son] département ». On relève que « le camp du Château du Sablou […] a été créé le 17 janvier 1940, par note n° 205/2 du Général commandant la 19e Région ». Du 17 janvier au 20 juin 1940, le commandement est placé sous l’autorité du capitaine Saule. De fin juin à début novembre, le capitaine Daguet assure la direction du camp. Il est remplacé le 5 novembre par le commissaire spécial Antz qui commande le camp jusqu’à sa fermeture, le 30 décembre 1940.

    Sous le commandement du capitaine Saule, le service de garde est assuré par quatre sous-officiers, quatre brigadiers, quarante hommes – des gardes mobiles ainsi que des tirailleurs sénégalais. Interné au Sablou au mois de mai, Alphonse Martin raconte comment le capitaine Saule, voulant donner des leçons de patriotisme, brime et insulte les détenus. André Moine, « ouvrier métallo » et dirigeant communiste, brosse ce portrait du capitaine Saule : « C’était un ancien officier de carrière, il n’avait rien d’un tortionnaire, mais tout d’une vieille culotte de peau ».

    Selon Martin, le capitaine Daguet qui lui succède laisse un meilleur souvenir :

    « Il semble ne vouloir tenir aucun compte de l’opinion malveillante de son prédécesseur en ce qui nous concerne. Il s’entretient avec les internés, pose des questions, sur leur métier, leur famille, lit la correspondance. En quelques jours sa conviction est définitivement faite et un changement intervient. Plus d’appel du soir dans les chambres, au garde-à-vous, plus de corvées, hormis celles destinées à la cuisine, au ravitaillement en eau potable et à l’entretien sanitaire des locaux et du camp. Subsiste uniquement la cérémonie des couleurs, sans appel sur les rangs. Sur sa demande, suite à une réclamation des internés qui ne peuvent pas recevoir de colis, il obtient de l’Intendance, repliée à Sarlat, la fourniture de vêtements militaires. Des permissions sont accordées aux internés originaires des régions limitrophes ; un certain nombre de permissionnaires ne rejoindront plus le Sablou sans que leur absence provoque le moindre remous. Les malades dont l’état nécessite des soins sont hospitalisés à Montignac, sur la demande du capitaine Daguet. »

    Le personnel d’administration, d’encadrement et de surveillance dont dispose l’autorité militaire sous le commandement du capitaine Daguet, est ainsi réparti :

    1° – Administration : 1 lieutenant-médecin, 1 sous-lieutenant qui a fonction d’adjoint au commandant, 1 adjudant-chef faisant fonction d’officier de détail, 3 sergents-chefs (comptabilité, ravitaillement, vaguemestre) ;

    2° – Encadrement et divers : 2 adjudants-chefs, 3 sous-officiers, 1 caporal d’ordinaire, 6 démobilisés (chauffeur, palefreniers, téléphoniste…) ;

    3° – Surveillance : un détachement du 41e régiment d’infanterie, composé de 40 hommes (officiers et gradés compris).

    Jusqu’au 31 octobre 1940, la garde du camp est sous contrôle du ministère de la Guerre. Le 30 octobre, le secrétaire d’État à l’Intérieur fait savoir au préfet de la Dordogne que « l’Autorité Militaire ne pouvant plus se charger de la garde des centres de séjour d’indésirables, cette surveillance incombera au Ministère de l’Intérieur (Direction Générale de la Sûreté Nationale) et qu’un Commissaire de Police [sera] détaché », conformément à la loi du 17 novembre 1940 relative à la surveillance des camps. Le commissaire spécial Antz est nommé à ce poste. Le 6 novembre, il s’adresse au ministre de l’Intérieur en ces termes :

    « J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’arrivé au Centre de Séjour Surveillé du Sablou le 31 octobre 1940, j’en ai pris la direction effective hier, le 5 novembre 1940, à 10 heures, le commandant militaire qui m’a précédé, le capitaine Daguet, ayant rejoint son corps. À l’appel effectué à la dite heure, 243 surveillés étaient présents sur un effectif de 273 internés, dont douze sont actuellement hospitalisés à Périgueux ou dans d’autres établissements et un en permission régulière. Il manque 18 surveillés dont l’évasion se serait produite entre le 20 octobre et hier… »

    Le 8 novembre 1940, deux pelotons de gendarmerie sont envoyés au Sablou pour en assurer la surveillance. Ils sont commandés par le lieutenant Theret et viennent en remplacement du détachement du 41e RI qui assurait la garde jusqu’alors. Les conditions d’installation sont précaires. Le commissaire Antz s’en ouvre au commandant militaire de Périgueux :

    « L’installation des gendarmes serait grandement améliorée par la mise à disposition du camp de cinquante lits en fer avec literie militaire normale (matelas) et de quinze nécessaires de toilette pour sous-officiers (table, cuvette, broc et seau). Par ailleurs, je me permets de rappeler qu’il n’y a aucun WC pour les sous-officiers de la Gendarmerie et seulement un WC très rudimentaire pour le personnel d’administration et de direction (la demande d’installation en a été faite il y a quelques jours) et que l’appareil de douches promis au camp n’a toujours pas été installé. »

    La population pénitentiaire:

    e camp est principalement « réservé aux communistes français et aux Alsaciens autonomistes », indique le chef d’état-major de la 12e région militaire, à Limoges. Le préfet de la Dordogne précise que sont internés au Sablou « les Indésirables Français des 9e et 12e régions militaires [Poitiers et Limoges] ». Le 4 février 1941, le colonel Blasselle, commandant militaire à Périgueux, établit la liste nominative des internés par arrêté du préfet de la Dordogne. 33 « indésirables » sont cités. Sur le nombre, il y a 25 communistes (76 %). Parmi eux Maurice Sentuc, dont l’évasion est signalée le 5 novembre 1940. Une note des Renseignements généraux de Périgueux du 29 avril 1943 donne une idée de l’ampleur des mesures de répression qui, en Dordogne, ont touché les communistes :

    « Après la dissolution du parti communiste en septembre 1939, son activité se trouve paralysée à la suite des mesures suivantes : les dirigeants et militants les plus en vue sont internés au centre de séjour surveillé au Château du Sablou (environ 24) ; d’autres sont affectés à des compagnies spéciales, certains militants actifs, employés de la SNCF, sont déplacés »

    Pour ce qui est des « Alsaciens autonomistes », un rapport du 16 juillet 1940 émanant des commissaires spéciaux Montabre et Mann, de Périgueux, signale la présence de 21 « réfugiés d’Alsace-Lorraine internés au château du Sablou », qui tous expriment le désir de retourner chez eux et se disent prêts à subir le sort de leur pays. Se trouve parmi eux Émile Fanger, inspecteur des douanes allemandes en retraite, qui « possède la nationalité allemande ». Lothar Kubel, quant à lui, « désire redevenir Allemand ». René Schwob, Charles Walter et Albert Baumgartner souhaitent devenir Allemand. Aloïs Barth « autonomiste […] demande à retourner en Alsace et devenir Allemand plutôt que de rester citoyen français ». Émile Laplume et Pierre Oberweis (71 ans), de nationalité luxembourgeoise, demandent à retourner dans leur pays. Rodolphe Badermann, dentiste du Bas-Rhin, « demande à rester Français et si l’Alsace redevient allemande, à retourner en Amérique ». Alfred Daul, « ex-député du Parti communiste du Bas-Rhin, démissionnaire du Groupe ouvrier et paysan français […] demande à rester Français, et dans le cas où l’Alsace redeviendra allemande, il décidera ». Un nombre significatif de ces réfugiés est encore présent au Sablou le 9 août 1940. L’un d’eux, Otto Baron, a déjà été jugé et condamné à cinq ans de prison pour « propos anti-français ». Les autres internés le sont en qualité de « suspects au point de vue national », pour avoir tenu des « propos communistes, antinationaux, autonomistes, défaitistes et anti-français », ou encore pour avoir nourri des « sentiments anti-français ».

    Parmi les internés du Sablou se trouvent quelques militaires démobilisés issus des « compagnies spéciales de travailleurs militaires ». Dans ces compagnies avaient été versés les radiés d’affectation spéciale, mobilisés à l’arrière pour participer à l’effort de guerre. Dans son étude sur La France des camps, l’historien Denis Peschanski explique que ce sont le plus souvent des militants communistes et syndicalistes qui ont suscité un mouvement de revendication ou qui sont suspectés d’en avoir l’intention. « Démobilisés en juillet 1940, ces hommes furent transférés dans des centres de séjour surveillé. Beaucoup se retrouvèrent à Fort-Barraux [Isère]. » Concernant la démobilisation de ces compagnies, consécutivement à l’Armistice, le général de corps d’armée Frère rappelle, dans une note de service du 5 août 1940, que les militaires français affectés à ces compagnies « doivent faire l’objet d’un examen de leur situation par un commissaire spécial en accord avec les préfets. Ceux qui à la suite de cet examen seront classés comme suspects ou dangereux seront démobilisés, mais immédiatement dirigés sous escorte sur le camp du Château du Sablou (Dordogne) où ils seront internés comme civils ».

    Cinq militaires démobilisés sont concernés par cette mesure : Louis Gautrand, Ernest Coste, Amico, Persicol et Sauveur Sola. Gautrand, instituteur originaire de l’Hérault, rapporte :

    « Au Sablou, l’arrivée des cinq militaires en uniforme parmi les civils “surveillés” fit sensation. L’armée française était en déroute.… Les pourparlers d’armistice à la veille d’être engagés… On nous prit d’abord pour des déserteurs ! Mais je reconnus plusieurs camarades, notamment Marc Dupuy de la Fédération des Cheminots, Louis Bouet de la Fédération de l’Enseignement, directeur de L’École Émancipée… Il y avait de tout dans ce centre : des anarchistes, des trotskystes, des syndicalistes purs, des socialistes… mais les communistes étaient les plus nombreux. »

    Au nombre des « indésirables » internés au Sablou, se trouvent cinq Tsiganes. L’article 1er du décret du 6 avril 1940 stipule que « la circulation des nomades est interdite sur l’ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre ». Soupçonnés d’espionnage, les Tsiganes d’Alsace-Lorraine sont les premières victimes de l’Occupant qui, dès juillet 1940, les expulse vers la zone libre. Ils sont progressivement internés dans les camps d’Argelès-sur-Mer, Barcarès et Rivesaltes, avant d’être transférés en novembre 1942 sur le camp de Saliers (Bouches-du-Rhône), camp spécialement créé par le gouvernement de Vichy pour l’internement des Tsiganes en zone Sud. En Dordogne, pour l’année 1940, le « Camp de Fanlac » (Château du Sablou) est désigné pour l’internement des Tsiganes, également appelés « Bohémiens ». Les hommes y sont assignés à résidence, sur ordre du préfet, tandis que roulottes, femmes et enfants sont cachés dans la forêt alentour. Au château, ils se rendent utiles aux cuisines, sculptent des cannes, tressent des paniers que, par humanité, des sympathisants communistes s’efforcent de vendre dans les villages voisins afin de leur procurer un moyen de subsistance. Musiciens, leurs violons les accompagnent. Sur une liste dressée le 10 octobre par le capitaine Daguet, on trouve les noms de Joseph Lagrenée, Wilhem Lagrenée et Johan Lagrenée, tous trois signalés comme « musiciens ambulants sans domicile fixe. »

    L’absence de registres d’écrou ne facilite pas l’établissement d’une typologie précise de la population carcérale. Selon Madeleine Quéré, les registres auraient été volontairement brûlés par le capitaine Saule, au mois de juin 1940, peu avant l’arrivée des Allemands, mais surtout afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains des communistes. Ceux-ci avaient en effet de bonnes raisons d’en vouloir au capitaine Saule dont le commandement avait été d’une grande brutalité et dont le mépris affiché à l’égard des communistes était total.

    Le cas de Paul Kleinert, réfugié alsacien employé à la poudrerie de Bergerac et résidant à Mouleydier (Dordogne), constitue un autre exemple de l’usage qui était fait de l’internement administratif. Le 24 septembre 1940, Paul Kleinert écrit au préfet pour se plaindre de ne pas avoir été, « à ce jour et comme promis », rapatrié sur Strasbourg. Il met également en avant le fait qu’il ne lui est plus possible de vivre avec les dix francs journaliers de l’aide aux réfugiés. Le 7 octobre 1940, le préfet de la Dordogne adresse une lettre au général commandant la 12e région militaire, résumant ainsi la situation :

    « Mécontent du retard apporté au rapatriement des Alsaciens réfugiés, Kleinert a adressé une lettre de protestation au sous-préfet de Bergerac dans laquelle il exprime son intention d’organiser à Mouleydier une manifestation placée sous la protection des autorités allemandes. Les intentions menaçantes de Kleinert se trouvent confirmées dans un rapport de gendarmerie où il est en outre indiqué que cet individu, animé d’un très mauvais esprit, est dangereux pour l’ordre public. J’estime dans ces conditions qu’il y a intérêt à le placer dans l’impossibilité de nuire jusqu’à ce que son rapatriement puisse être envisagé. » De fait, par arrêté du 7 octobre 1940, le préfet déclare Kleinert « astreint à résider dans le centre de séjour surveillé du Sablou où il sera immédiatement conduit […] vu le décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique. »

    La suite de l'histoire du camp des indésirables du Sablou est consultable sur: https://criminocorpus.revues.org/1781

     


    2 commentaires
  • Mobilisation:

    A Cesson près de Rennes par le CMI 44.

    1ers jours d'octobre: Renforcé par le bataillon de disponibles du 41° RI mis sur pied en avril 39, détaché à la Frontière Pyrénéenne depuis le 25 avril 39 et aux ordres du chef de bataillon MOLISSET.

    Octobre: L'ensemble est alors mis aux ordres du commandant MOLISSET et envoyé dans la zone des armées, comme réserve générale de C.Q.G de la zone des étapes.

    Novembre et Décembre: Envoyé à l'instruction à la Ferté Milon (située dans le sud du département de l'Aisne)

    Instruction:

    Décembre 39 à fin janvier 40: Instruction à Coincy l'Abbaye (Aisne).

    Janvier à Mai: Instruction à Auneuil (Oise) 11 km de Beauvais. Il forme à ce moment avec le 21/43° RI et 21/150° RI le groupe d'unité d'instruction n°17. Il a subi deux prélèvements:

    1: A la Ferté Milon, renfort envoyé au 241° RI (unité de réservé du 41°RI)

    2: A Auneuil, renfort envoyé au 295° RI.

    Il à reçu en échange des jeunes recrues et des S.X venus du dépôt de Bourges.

    Combat de Cambrai:

    16 mai: Embarquement en camions. Première destination: Avesne - sans chevaux ni voitures laissés à Auneuil. Le T.R du 21/41°RI à Auneuil est aux ordres du Sous lieutenant de réserve LACHATRE.

    17 mai: Débarquement à Cambrai ou le G.U.I n°17 est en tête de pont à l'Est de l'Escaut, depuis Escaudoeuvres jusqu'aux lisières S.E de Cambrai.

    Le 21/41° RI occupe Sucrerie de Cauroir, La croisette, Carrefour 300 m Sud de la croisette.

    18 et 19 mai 1940: (sous la direction du Commandant MORISSET) Ce combat a fait l'objet d'un rapport détaillé annexé au journal des ordres et opérations du 21/41° RI. Ce journal a a été adressé au Ministre secrétaire d'Etat à la guerre, du président de la commission d'enquête sur les replis suspects, hôpital de Fontmaure à Chamalières près Royat - à l'appui d'une demande de récompenses pour le 21/41° RI et le 21/43° RI.

    18 mai 20 h 15: L'attaque allemande à 20 h 00 s'est prononcée. Avec des chars sur la Cie MARCONNET (route du Cateau), sur la Cie TEXIER (sur le village de Cauroir), avec des tirailleurs sur la route de Solesme.

    20 h 30: Ordres donnés par le chef de Btn aux Cdts de Cies. Tenir les barricades - vous mettre dans les points d'appui fermés - Avoir une permanence au téléphone (il y a une permanence téléphonique au central des postes de Cambrai) - Renseignez moi de la force de l'attaque de vos sous quartiers.

    20 h 40: Chef de Btn à Cdt G.U.I n°17: C.R au sujet de l'attaque ennemie. message pris par E.R.17 du 21/41° RI. - Fort groupe char attaque Cauroir. - Le C.R et le message n'ont pu être remis au destinataire, le bureau du colonel étant vide. Le Caporal Chef BAHIER est désigné par le Chef de Btn pour ce rendre au P.C. du Colonel couper les fils téléphoniques. Ce gradé a récupéré au P.C du Colonel un soldat qui était là et avait perdu son régiment.

    20 h 45: Reçu message TSF de la 3° Cie: Tenons toujours, ne sommes plus attaqués, nous organisons.

    20 h 46: Chef de Btn à Cdt, C.A  et 2° Cie: Me renseigner sur ce qui se passe dans le quartier de la Cie MARCONNET - Cauroir tient et fait connaître qu'il n'est plus attaqué - Il n'y a que des tirailleurs devant Guilbout.

    20 h 55: Reçu message TSF de la 3° Cie: Semble plus personnel est Cauroir.

    22 h 15: Reçu message de la 3° Cie: 2° Cie a été enlevée - ai recueilli groupe Mons - 1° Cie aucun renseignement - Complément suit.

    22 h 25: Mons détachés - aucuns renseignements 2° Cie.

    23 h 05: Reçu message 3° Cie: Fusillade Nord Est du village.

    23 h 20: Reçu message 3° Cie: Grand bruit de moteur sur route Cambrai - Solesme.

    23 h 45: Demande du chef de Btn au Colonel SANTINI, commandant la place de Cambrai: Trois section de chars et des appuis de feux d'artillerie. M'envoyer deux canons de 47 à la barricade route de Cambrai - Le Cateau à hauteur du passage à niveau.

    19 mai 0 h 10: Ordre  téléphonique donné par le Cdt MOLISSET au Lt CHRETIEN: En position sur les points Ouest de cambrai, de mettre en batterie 2 canons de 47 en profondeur sur les barricades de la route du Cateau à hauteur du passage à niveau.

    0 h 30: Demande du Cdt MOLISSET par téléphone, à la 1ère Région, 4ème bureau: De mettre à la disposition du G.U.I n°17. 3 sections de chars, des appuis d'artillerie et l'exposé de la situation.

    1 h 00: Le Chef de Btn MOLISSET désigne l'Adjudant Chef LEVESQUE et l'Adjudant JOLIVET pour se rendre au P.C du Colonel, voir si ce dernier ne serait pas revenu. Ces deux Sous officiers constatent que le bureau est vide et semble avoir été abandonné précipitamment (des cartes de cambrai sont sur la table ainsi qu'un C.R du Cdt du 21/41° RI) deux valises étiquetées Lt DEJEAN et Lt BLAZY sont également sur la table.

    1 h 35: Demande du Cdt MOLISSET par téléphone au Cdt de la place de Cambrai: Envoyer un docteur au P.C de la C.H.R pour soigner le Cpe MOUFRANC.

    3 h 00: Envoyé message TSF à la 3° Cie: Donner moi votre situation.

    3 h 15: Reçu message de la 3° Cie: Effectif complet, aucun blessé, situation calme, quelques tiraillements, ai reçu munitions, mais d'armes supplémentaires.

    3 h 20: Renseignements téléphoniques venant de la place: Les Allemands ont poussé un détachement sur Manières ( Nord ) à 10 km au Sud de Cambrai sur la route de Péronne.

    4 h 15: Demande du Cdt MOLISSET : Verrouiller par ordre d'urgence les routes suivantes: Faubourg de Paris, Rue Saint Ladre, Faubourg Saint Druon, les sorties Sud de Proville et le Faubourg Saint Sépulcre.

    5 h 00: Le Cdt MOLISSET donne l'ordre au Cpe PAVOT de rassembler 10 hommes et les mettre en place pour 6 h 00.

    6 h 10: Reçu message TSF de la 3° Cie: Char isolé allemand à 500 m sortie Ouest point d'appui 3° Cie.

    6 h 16: Envoyé message TSF 3° Cie: C'est une A.M.R amie.

    7 h 00: Reçu message TSF 3° Cie: Recevez situation verbalement.

    8 h 00: Le chef de Btn MOLISSET et le G.U.I n°17 envoie à toutes les Compagnies du 21/41° RI l'ordre n°6 suivant: Le G.U.I n°17 aux ordres du Chef de Btn à reçu l'ordre de l'Armée de tenir coûte que coûte la tête de pont à l'Est de Cambrai et de faire sauter les ponts que sur pression de l'ennemi, chaque heure gagnée étant importante. Le Chef de Btn n'ajoute rien à cette mission d'honneur et de confiance. il est certain que chacun a fait et fera largement son devoir. Nous tiendrons tous ensemble jusqu'au bout. le 19 mai 1940 à 8h00. Signé MOLISSET.

    8 h 05: Reçu message TSF de la 3° Cie: Rassemblement de chars non identifiés sur la route du Cateau à environ 6 km de Cambrai.

    8 h 10: Reçu C.R du Cdt du 21/43° RI: A 7 h 40 Le Rieux reconnu à 7 h 30 par 2 AMR n'est pas occupé par l'ennemi. Quelques isolés allemands circulent dans le village, cherchant la colonne de leur unité. D'après renseignements pris par la reconnaissance auprès des civils réfugiés, 3 voitures ennemies auraient été aperçues dans la forêt de Mormal; voitures très basses silencieuses et à pneus. Il ne semble pas que ces engins soient tous terrains. En ce qui concerne le point d'appui d'Escandoeuvre; Rien à signaler.

    8 h 45: Reçu message de la 3° Cie: Sommes encerclés par trois voitures légères et 5 chars de transports de troupe.

    9 h 00: Envoyé message à la 3° Cie: Tenez bon.

    9 h 15: Reçu message de la 3° Cie: Sommes encerclés de toutes parts: chars et troupes à pied; que faire.

    9 h 20: envoyé message: Non compris la question.

    9 h 35: Reçu message: Avons capturé 3 chars et deux voitures.

    9 h 45: tenez bon, félicitations.

    9 h 50: reçu message: Nous sommes encerclés.

    9 h 50: Cdt MOLISSET donne l'ordre de faire sauter les ponts.

    9 h 55: Mission accomplie.

    10 h 00: Reçu message: Que faut-il faire.

    10 h 05: Envoyé message: Faite comme moi, je reste.

    Nota: les 3 heures ci-dessus sont les seules exactes et annulent celles relatés dans les rapports précédents.

    Fait à Bray et Lû, le 4 juin 1940.

    Le Chef de Bataillon MOLISSET.

    Source: Documents issus du S.H.D

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires