• 07 - St Marcel et les SAS.

    07 - St Marcel et les SAS.

    Au printemps de 1944 tous étaient fin prêts, parfaitement préparés et motivés dans l'attente du jour « J ». Fin mai ils se retrouvèrent dans un camp secret entouré de barbelés dont ils avaient interdiction de sortir.Début juin le colonel Bourgoin qui commandait le 4e SAS et son adjoint Puech-San- son étaient informés de ce que l'on attendait d'eux.Overlord l'opération du débarquement aurait lieu en Normandie et une mission stratégique était confiée aux SAS français. Son énoncé était très clair : coûte que coûte, empêcher les forces allemandes situées en Bretagne d'aller renforcer les défenses ennemies qui s'opposeront au débarquement. Cette unité serait donc, de fait, la première engagée dans la bataille de la Libération.Les parachutistes de la France libre trois ans après leurs premières missions en France, allaient donc retrouver leur pays les armes à la main.Pour cette mission il fut décidé que les premiers éléments seraient parachutés dans la nuit précédant le jour J afin d'opérer des destructions d'une part et de créer, d'autre part, deux bases permettant l'arrivée progressive du reste de l'effectif.L'une Samwest, située dans la forêt de Duhaut, serait confiée aux sticks des lieutenants Botella et Deschamps. L'autre Dingson dans la forêt de Saint Marcel serait attribuée au lieutenants Deplante et Marienne. A J+2 dix-huit sticks parachutés chacun dans une zone différente, effectueraient des missions de destructions précises. C'est dans ce cadre que l'un d'eux commandé par Michel de Camaret et Denis Cochin fera sauter un train dans le tunnel de la Corbinière immobilisant pour longtemps toute circulation sur l'une des lignes principales de chemin de fer.Au cours d'un brieffing il fut précisé que la très active résistance bretonne ayant été en partie décimée par la Gestapo, ses possibilités d'aide étaient mal connues. Les parachutages se feraient donc blind c'est-à-dire secrète ment, sans accueil au sol. Seule indication il y avait près de Saint-Marcel un terrain « accrédité » et sans doute des éléments de maquis mais impossibles à évaluer ni en quantité, ni en valeur.

    Le 5 juin, un peu avant minuit, les quatre sticks étaient largués en théorie sur des dropping zones faciles à identifier de nuit par les pilotes. En réalité les écarts furent grands approchant parfois vingt kilomètres.Pour le stick de Marienne ce fut le drame. Son avion tourna longtemps en rond à l'altitude de larguage soit deux cents mètres, à la recherche des points de repères. Le pilote donna l'ordre de saut en espérant qu'il ne s'était pas trop trompé.En fait il se trouvait exactement au-dessus du principal poste d'observation allemand de la région, sur les hauteurs de Plumelec. Les guetteurs alertés depuis longtemps par le bruit des moteurs, virent les corolles des parachutes s'ouvrir à quelques centaines de mètres d'eux.Au moment du saut un espace avait dû se produire car, au sol, un groupe de quatre hommes se retrouva très séparé des autres. Parmi eux Emile Bouétard.Ils se préparaient à enterrer leurs parachutes, impatients d'avoir des réponses aux imitations de cris d'oiseaux qu'à intervalles réguliers, grâce à des sifflets, ils lançaient dans la nuit pour retrouver les autres éléments du stick.Pour eux la surprise fut totale. Bouétard un peu à l'écart, finissant de décrocher un parachute difficile à dégager des branches d'un arbre, était le plus proche de la patrouille allemande brusquement surgie. Il fut immédiatement abattu. Ses trois camarades maniaient la pelle ; leurs armes étaient à quelques pas d'eux. Il n'y eut pas de combat. Tué vingt minutes après avoir retrouvé sa Bretagne natale, Emile Bouétard était le premier mort de Overlord, la fantastique bataille pour la libération de notre pays qui serait déclenchée à l'aube.A deux cents mètres de là, Marienne entendant la rafale d'arme automatique, se demandait comment leur venue avait pu être ainsi détectée. Ignorant tout des poursuivants, et subitement conscient du danger immédiat qu'il courrait avec le reste de son stick, il décida de partir aussitôt dans la direction opposée à celle des tirs entendus. Il mit deux nuits pour rejoindre à Saint-Marcel Desplante dont l'effectif était au complet.Ils vont rapidement découvrir que les renseignements donnés au départ, n'étaient pas fiables. Près du terrain homologué depuis longtemps pour des parachutages et portant le nom de code « Baleine » il y avait des éléments de valeur du maquis, sous la responsabilité d'un homme de grande qualité, le colonel Morice. Les choses évoluèrent alors très vite.La nouvelle du Débarquement et celle de l'annonce de l'arrivée de parachutistes français qui se propagea à travers la lande telle une traînée de poudre, provoquèrent la venue à Saint-Marcel de groupes parfois bien hiérarchisés mais aussi d'une masse d'incontrôlés qui spontanément quittèrent tout pour venir se battre.L'ampleur de cet afflux posa rapidement problème à Dingson car cette donnée imprévue ne pouvait que modifier les plans d'action mis au point par les SAS à leur départ.La question ne se posa pas dans les mêmes termes à Samwest, dans la forêt de Duhaut, où sans trop de difficulté les sticks de Deschamps et Botella avaient été droppés. Les premières destructions effectuées, ils découvrirent de petits éléments de maquis, réfugiés dans la forêt qui pouvaient d'une part les aider à organiser la base et d'autre part, leur donner d'utiles informations, sur les objectifs à détruire ou attaquer. Confiants ils avaient donné le feu vert pour la réception des premiers renforts et dans la nuit suivante trois nouveaux les avaient rejoints avec le capitaine Leblond à leur tête.Leur implantation à peine amorcée, ce rassemblement qui n'avait pourtant rien de comparable à celui du Morbihan, avait été très vite détecté par les services de renseignement de l'ennemi.Le 9 juin les Allemands attaquaient en force. En fin de journée, après un combat inégal, les sticks se dispersèrent emmenant leurs blessés dont certains, comme Botella, très grièvement. Quatre des leurs, blessés avaient été jetés dans le brasier de la ferme que les Allemands avaient incendiée. L'ennemi avait subi des pertes sévères mais Samwest n'avait pas eu le temps de s'organiser.Le message annonçant cette nouvelle arriva au Quartier général des SAS alors que le commandement commençait à accepter l'idée d'un changement tactique pour la suite de l'exécution de la mission de Bretagne. Les informations de Déplanté enthousiastes et de Marienne beaucoup plus réservées engageaient à utiliser tous ces volontaires convergeant sur Saint-Marcel, pour constituer des groupes bien armés pouvant réaliser des actions de force aboutissant à créer l'insécurité dans toute la région ce qui correspondait bien à l'un des objectifs de la mission.La perte de Samwest relança les discussions sur le sujet. Tous admirent qu'il n'était pas possible de laisser se développer en un lieu précis un tel rassemblement. Si la Wehrmacht le décidait, avec ses moyens, artillerie et blindés compris, elle pouvait faire un carnage.Sans adopter de décision définitive il fut admis que la dispersion devant s'effectuer rapidement, dans les prochains jours il faudrait parachuter un maximum d'armes, de matériels et de renforts en utilisant « baleine » la dropping zone de proximité.

    Les divergences persistèrent concernant le délai. Ceux qui, à l'Etat-major, préconisaient l'abandon rapide de Dingson, estimaient que si les Allemands avaient attaqué si vite Samwest ce n'était pas pour permettre à la base de Saint-Marcel de se maintenir en plein coeur de leur dispositif.Ne pouvant ignorer l'agitation grandissante dans la région et les dizaines d'avions qui, chaque nuit, sur un terrain éclairé larguaient des hommes et des centaines de containers (700 en une seule nuit le 13 juin, lâchés par vingt-cinq avions) une intervention se préparait peut-être déjà.Le mystère n'a jamais été levé concernant cette inertie favorisant Dingson alors qu'il y avait eu rapidité et puissance pour attaquer Samwest. On a souvent mis en avant un certain cloisonnement entre les différents com mandements ennemis de la région sans que cela ait jamais pu être vérifié.Profitant de cette situation, pendant une semaine ce fut, de nuit et même parfois de jour, une véritable noria d'avions lourdement chargés.Bourgoin, suspendu à un parachute tricolore, y fut largué avec son adjoint Puech-Sanson et 150 de ses hommes, avait ordre d'apprécier la situation, de rendre compte et d'une part proposer les meilleurs moyens de poursuivre la mission en utilisant les nouvelles forces créées sur place, d'autre part éviter impérativement un affrontement direct avec l'ennemi, lourd de conséquence et donc prévoir une évacuation de Dingson avant l'intervention prévisible des Allemands.« Dans quatre, cinq, six jours au grand maximum, nous devrons nous être évanouis dans la nature avec des secteurs d'interventions précis pour chaque groupe » décida Bourgoin peu après son arrivée.Deux événements vont réduire ce délai et totalement modifier les conditions prévues pour le retrait.Le 16 juin, 120 containers sont largués par erreur sur la gare proche de Roc-Saint-André où un contingent allemand campe dans l'attente d'un train sans cesse retardé.Le 17, deux voitures allemandes s'égarent dans la nuit et par une petite route, s'engagent dans le bois de Saint-Marcel. Elles sont stoppées et mitraillées au premier poste de garde mais l'un des occupants parvient quand même à s'enfuir dans la nuit. Son rapport va sans doute, accélérer plutôt que provoquer la décision d'intervenir de l'ennemi.

     

    07 - Les opérations SAS

    Le 18 tôt le matin, anniversaire de l'Appel du général de Gaulle, la base de Saint-Marcel dans un semi encerclement est attaquée simultanément de plusieurs directions, par une unité de la division de parachutistes allemands Krets et par des commandos de chasse appuyés par des mortiers et une artillerie légère. Bourgoin n'aura pas l'initiative de l'évacuation qu'il espérait. Il n'y avait plus qu'une seule solution, tenir toute la journée pour, en profitant ensuite de la nuit, déclencher un départ général, le plus en ordre possible.La bataille sera dure, meurtrière. Les SAS se sont répartis en quelques points vulnérables, entourés de jeunes maquisards qui vont connaître le baptême du feu, mais qui se battront avec un courage remarquable. On ne dira jamais assez combien les hommes de Caro, de Le Garrec, ceux du bataillon de Ploërmel vont dans ce combat contre des professionnels aguerris, étonner par leur sang froid, par leur fermeté face au danger. Ils furent tout au long de cette bataille formidables.

    L'ennemi dans ses premières attaques a subi de lourdes pertes qui l'ont obligé à se replier et attendre le renfort d'une unité d'infanterie. En début d'après-midi aidés par des tirs de mortiers lourds contre lesquels les assiégés ne peuvent rien car ils n'ont que des armes légères pour la riposte, une percée des Allemands menace de couper la base en deux.Bourgoin et Puech qui ont bien mesuré les risques de cette offensive difficile à contenir sans artillerie sont en contact avec Londres et une intervention aérienne. Des avions patrouillent, qui pourront attaquer à l'heure dite des objectifs précis. A 16 h alors que l'ennemi progresse dangereusement, les chasseurs bombardiers font leur apparition, créant la surprise et obligeant à un repli massif et désordonné les unités qui menaçaient si dangereusement Dingson.

    Marienne profitant du désarroi chez l'assaillant se lança alors dans une contre- attaque aussi téméraire que le personnage qui eut pour effet de bousculer les positions conquises par l'ennemi depuis le matin, en lui infligeant de lourdes pertes et en le ramenant près de ses bases de départ.L'offensive allemande ne pouvait reprendre qu'après une réorganisation de ses effectifs et heureusement pour Dingson, la nuit approchait. Le formidable orage qui s'abattit sur toute la région en début de soirée fut le bienvenu et favorisa l'opération d'évacuation immédiatement engagée.L'ennemi n'avait jamais réussi l'encerclement qui était son but et qui aurait été pour les SAS et les maquisards pilonnés alors par l'artillerie, une véritable tragédie.

    Dans la nuit sous une pluie diluvienne, les hommes et le principal des armes et du matériel se dispersèrent dans les directions prévues. A deux heures du matin, Puech-Samson malgré ses blessures et Marienne lui aussi blessé, assurant sa couverture avec ses hommes et un groupe du maquis, firent sauter les réserves non transportables, avant de disparaître.La bataille de Saint-Marcel était terminée. Elle fut le symbole de la lutte menée au coude à coude en Bretagne par les Paras de la France libre et les hommes des maquis. Elle fut une victoire car l'ennemi ne réussit pas à anéantir ce rassemblement de la jeunesse résistante bretonne dont seul le courage avait pu suppléer à son manque d'expérience du feu, encadrée par des paras SAS qui n'étaient pas préparés à ce type de combat.Les pertes allemandes furent très élevées. Plusieurs centaines de morts. Maquisards et SAS perdirent près de soixante d'entre eux.On était le 18 juin, cela faisait 12 jours que la bataille faisait rage en Normandie et les forces ennemies n'avaient pas pu quitter la Bretagne où le combat va se poursuivre pendant des semaines, meurtrier mais victorieux parce que les unités allemandes stationnées en Bretagne ne pourront pas venir renforcer les défenses ennemies de Normandie.Marienne héros de Saint-Marcel dont la légende est devenue telle que sa tête a été mise à prix par la Gestapo, avec le stick qu'il a reconstitué et un groupe de maquisards commandés par le fidèle Morizur qui ne le quitte plus depuis qu'il lui a servi de guide pour rejoindre Saint-Marcel, Marienne frappe et se dérobe, changeant constamment de halte. Il faudra un dramatique concours de circonstance et beaucoup de félonie pour l'abattre.

    Londres parachute le 3 juillet, le lieutenant Gray avec un stick et des moyens radios. Mal droppé, séparé de son groupe, une patrouille allemande le capture alors qu'il n'avait pas encore réussi à s'orienter et s'approchait d'un bourg pour tenter de l'identifier, ignorant que l'ennemi y était installé en force.Il est immédiatement pris en charge par une Gestapo très agressive menée hélas, par Zeller un ancien capitaine de vaisseau français. Ce dernier fait déshabiller Gray et l'exécute. Son adjoint Munoz également français va alors parcourir la lande en uniforme SAS et, papiers à l'appui, se faire passer pour Gray. C'est ainsi que les Bretons dupés, vont tout faire pour lui permettre de retrouver Marienne.Deux fois ils arriveront trop tard car par prudence ce dernier change constamment de halte. La troisième, le 12 juillet les renseignements sont bons. La veille Marienne a été rejoint par le lieutenant Martin ancien héros de Libye, rescapé de Samwest, accompagné d'une partie de son stick. Ils vont passer une bonne partie de la nuit à évoquer des souvenirs et faire des plans pour les jours qui viennent.Avant le lever du jour la Gestapo et un contingent allemand sont précédés par une traction avant. A son bord le faux lieutenant Gray qui abuse facilement la sentinelle FFI. Celle-ci, avant de comprendre pourquoi elle est poignardée, indique sans méfiance le lieu où dort Marienne, ses hommes et le groupe FFI qui l'accompagne.

    La ferme est encerclée. Les SAS sont réveillés à coups de bottes pour apercevoir des mitraillettes pointées sur eux. Rassemblés dans la cour, paras et FFI seront allongés sur le sol et c'est dans cette position que les armes automatiques les exécuteront. Un seul, le sergent Judet, s'apercevra incrédule, alors que chargeurs vidés les Allemands exultent, qu'il n'a pas été atteint. D'un bond, courant comme un fou il atteint la lisière proche du bois avant que l'ennemi ait pu réagir. Huit mois plus tard parachuté en Hollande et capturé, il sera fusillé.



     

  • Le 21 mai 1944, l'ordre d'opérations n°9 du général McLeod est transmis au 4e SAS français. Dans le cadre de l'opération Overlord, il prévoit la formation de deux bases en Bretagne : Samwest dans les Côtes-du-Nord et Dingson dans le Morbihan. La mission des parachutistes sera de couper les communications entre la péninsule et le reste de la France, puis d'empêcher tout mouvement ennemi sur les grands axes routiers et ferroviaires, en collaboration avec la Résistance locale.

    La situation au début du mois de juin


    A la veille du Débarquement, la Bretagne est occupée par 6 divisions d'infanterie, 2 divisions parachutistes et 10.000 membres des Ostruppen. S'y ajoutent de forts effectifs de la Kriegsmarine, de la Luftwaffe et de l'Organisation Todt.
    Dans le Morbihan, la Résistance réunit trois principales organisations armées : l'Armée secrète qui compte alors 4 bataillons ; l'ORA (3 bataillons) et les FTPF. Tous sont regroupés sous les ordres du colonel Morice, qui lance le 5 juin l'ordre de mobilisation générale à ses 3500 hommes. Le centre de regroupement est la ferme de la Nouette, entre Saint-Marcel et Sérent, à côté du terrain de parachutage "Baleine", homologué dès février 1943 et tenu secret jusque-là.

    La formation du maquis de Saint-Marcel


    Le 6 juin 1944 à 0h45, le stick du lieutenant Marienne est accroché par l'ennemi peu après avoir touché le sol, non loin du moulin de la Grée qui sert de poste d'observation aux Allemands. Le caporal Emile Bouétard est blessé puis tué par un cosaque : c'est le premier mort allié d'Overlord. Les trois radios sont faits prisonniers avec leur matériel, mais Marienne parvient à décrocher avec les hommes restants. Avec le stick du lieutenant Déplante, il s'agit des deux équipes d'éclaireurs chargées de reconnaître la zone, de transmettre tout renseignement utile et de préparer l'arrivée du gros du bataillon SAS.

    Le caporal Emile Bouétard, originaire des Côtes-du-Nord.


    Dans la nuit du 7 au 8 juin, 18 équipes sont parachutées pour saboter les lignes de communication : ce sont les Cooney Parties. La nuit suivante, le commandant Bourgoin arrive sur la Drop Zone Baleine, en même temps qu'une cinquantaine de parachutistes et l'équipe Jedburgh Georges composée du capitaine Ragueneau (F), du capitaine Cyr (USA) et du sous-lieutenant Gay (F). Chaque nuit arrivent des dizaines de tonnes d'armes, de munitions et de matériel ainsi que des SAS. On installe une boucherie, une cuisine, une boulangerie, des groupes électrogènes et même un atelier de réparation automobile ! La nuit du 17 voit un événement exceptionnel : l'arrivée des 4 jeeps du lieutenant de la Grandière.

    Des résistants de La Gacilly avec une femme agent de liaison et des parachutistes SAS en juin 1944.


    La bataille

    C'est par hasard que le 18 juin à l'aube, deux tractions de la Feldgendarmerie de Ploërmel franchissent l'entrée du camp, près des Hardys-Béhélec. Les FFI ouvrent immédiatement le feu. Quatre Allemands sont tués, trois sont faits prisonniers et un seul parvient à s'échapper ; il donne l'alerte à la garnison de Malestroit à 6h30.

    A 9h, 200 Allemands attaquent en direction de la ferme du Bois-Joly. Ils sous-estiment l'importance des effectifs français et se replient après une demi-heure, avec des pertes importantes.
    Une seconde attaque est lancée à 10h par 400 hommes vers Sainte-Geneviève, avec des mortiers et des grenades à fusil. Les SAS et les FFI réussissent à maintenir leurs positions grâce aux Brens placés tous les 10 mètres. Au PC de la Nouette, le commandant Bourgoin demande par radio l'aide de l'aviation, et les civils reçoivent l'ordre d'évacuer le camp.

    A 14h, les Allemands repartent à l'assaut. Ils ont reçu le renfort de 300 parachutistes, de 2 commandos de chasse de la 275e division d'infanterie et d'une compagnie supplémentaire prête à intervenir. La défense des SAS et des maquisards est démantelée au niveau du château de Sainte-Geneviève, que les Allemands pensent être le PC. Vers 15h30, les chasseurs-bombardiers américains arrivent enfin et harcèlent les troupes allemandes pendant plus d'une heure. Pris de panique, l'ennemi se disperse mais se ressaisit après le départ des avions.

    Vers 18h, une attaque brutale parvient à 500m des Hardys-Béhélec au prix de lourdes pertes et un commando de chasse prend la Nouette sous son feu. Deux contre-attaques des SAS et des maquisards réussissent à reprendre une partie du terrain.

    Le lieutenant Taylor et ses hommes autour d'une jeep SAS dans le Morbihan.


    Le décrochage


    A la tombée de la nuit, les Allemands alignent plus de mille hommes face aux positions françaises. Le commandant Bourgoin et le colonel Morice décident alors la dispersion de la base avant qu'elle ne soit encerclée. Ce jour-là, 21 FFI et 6 SAS ont perdu la vie.
    L'évacuation commence vers 22h. Plus de 2000 hommes et 20 camions d'armes et de munitions s'échappent, couverts par une compagnie de résistants d'Auray encadrés par des SAS du capitaine Puech-Samson. On fait alors sauter le dépôt d'armes et de munitions.

    La répression

    Quand les Allemands attaquent au matin du 19 juin, ils constatent la disparition de l'ennemi et exécutent alors les blessés et les civils restés sur place. Les jours suivants, une traque féroce est menée par des unités ukrainiennes et géorgiennes, aidées par la Milice. Les prisonniers sont exécutés ou envoyés en déportation. Le 27 juin, les maisons du boug de Saint-Marcel sont incendiées. Pierre Marienne, 6 autres SAS et 11 résistants seront tués le 12 juillet dans la ferme de Kerihuel.

     

    Le Capitaine Marienne.

     


    Les combats de Saint-Marcel ont eu un énorme retentissement dans la Bretagne occupée. Pour la première fois, l'occupant a été tenu en échec et a subi de lourdes pertes face aux FFI, entraînés et encadrés par les parachutistes de la France libre.

    Texte issu du blog sflhg

     


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  • Le prélude à la bataille de saint-Marcel

    Les SAS du 4e régiment sont les premières troupes alliées à combattre en France dans
    le cadre de l'opération Overlord dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, dès 22 h. Plus tard dans la nuit, des sticks des 1er SAS embarqués depuis un aérodrome en Angleterre seront également parachutés dans le Morvan et dans la Vienne, tandis que les autres forces des SAS seront destinées à harceler les Allemands dans leur retraite durant les
    semaines suivant le Débarquement.

    En Bretagne, prélude au grand rassemblement sur la drop zone de La Baleine, près de la ferme de la Nouette (article précédent : L'organisation du maquis dans l'Est du
    Morbihan), quatre sticks "précurseurs" du 4e SAS furent déployés par les airs : deux
    furent parachutés dans les Côtes d'Armor entre Locarn et Duault, les deux autres au dessus de Guéhenno et de Plumelec, dans le Morbihan. Ces derniers représentaient 35
    hommes, placés sous la responsabilité des lieutenants SAS Marienne et Déplante.

    Leur atterrissage à Plumelec ne leur laissa guère de répit : plusieurs commandos
    parachutistes du stick de Marienne furent repérés par les Allemands depuis
    l'observatoire de la Grée, tout proche. Ces derniers dépêchèrent aussitôt des soldats (en l'occurrence de nationalité soviétique) qui parvinrent très vite à capturer quatre SAS :trois radios et le caporal Emile Bouëttard. Ce dernier est blessé à l'épaule. Les Russes
    l'achèvent d'une balle dans la tête, peu avant minuit. Le Breton est la première
    victime de la Libération... Les Russes s'apprêtaient à tuer les trois radios quand
    leur geste fut stoppé net par des officiers Allemands. "Les Russes étaient redoutables",
    se souvient Joseph Jégo. On en a su quelque chose après la bataille de Saint-Marcel.
    Avec les Allemands, ils se sont livrés à de terribles représailles, notamment à
    Plumelec." Il s'agissait souvent d'Ukrainiens et de Georgiens enrôlés par les Nazis sur le
    front Ouest.

    Les 4e SAS parachutés pour préparer
    les sabotages et former les maquisards

    Le prélude à la bataille de saint-Marcel

    La zone de déploiement des Special air services
    Les sticks des 4e SAS furent parachutés à Duault dans les Côtes d'Armor et près de Plumelec
    (Morbihan), à un kilomètre seulement de l'observatoire de la Grée (photo ci-dessous),
    moulin occupé par les Allemands. Les SAS du stick du lieutenant Marienne furent sitôt repérés.

    Le prélude à la bataille de saint-Marcel

     

    Le prélude à la bataille de saint-Marcel

    Lieutenant Marienne

    Joseph Jégo était placé sur les routes avec d'autres résistants, non loin de Saint-Aubin en Plumelec, lorsqu'il assista au parachutage du premier stick de Marienne. "A vol d'oiseau, ils étaient à 4-5 kilomètres."
    Il l'apprend plus tard : le groupe est parachuté à 2 km de l'endroit prévu, par erreur, soit à 1 km seulement du plus haut observatoire
    allemand du Morbihan, à La Grée ! "Le stick de Marienne a été attaqué dans les vingt minutes suivant l'atterrissage. On peut penser que l'existence de cet observatoire n'a jamais été signalée à Londres !" Les échanges de tirs, Joseph Jégo les a entendus retentir pendant 10-15 minutes. "Ils étaient très nourris. Puis, il y eu une
    pause. Ca devenait inquiétant. Avec le camarade qui m'a recruté dans la Résistance,
    nous avons quitté notre poste de garde. Entre temps, l'Etat major de Saint-Aubin s'est replié à La Nouette en Sérent. Nous sommes partis au bourg de Plumelec puis le lendemain à la ferme familiale. C'est là qu'on nous a dit que l'Etat major (placé sous la direction du colonel Morice et du commandant Bourgoin) était parti pour Sérent. A notre
    tour, nous sommes allés là-bas". Les deux sticks qui avaient pour mission de former les
    maquisards au maniement des armes avaient prévu de se rassembler en longeant
    la rivière de la Claie. Leur parachutage éloigné et tragique compliqua donc la
    donne. Pendant que Pierre Marienne et une partie de ses hommes se dirigent vers la
    Claie (rivière) , un autre groupe, mené par le sergent chef Rofast et un capitaine anglais en civil du nom de Hunter, prennent la direction de Saint-Jean-Brévelay. Le jeune agent de liaison Raymond Guillard est chargé par le colonel Morice de récupérer ces deux
    hommes les 6 et 7 juin. C'est également le 7 juin que le groupe de Marienne rejoint
    finalement La Nouette, où arrivent également plusieurs groupes de paras des
    SAS des Côtes d'Armor. Le site de La Nouette (dit La Baleine) est investi depuis par plusieurs bataillons : le 8e bataillon FFI du commandant Caro (cantons de Josselin,
    Saint-Jean-Brévelay et Rohan) ainsi que le 2e bataillon du général de la Morlaix des
    cantons de Ploërmel et Malestroit. Le 4 juin, les opérations de destruction des voies ferrées sont lancées sous le nom de code : « Les dés sont sur le tapis », message diffusé le 4 juin par Radio-Londres déclenchant le Plan Vert. Le lendemain, le message « II fait chaud à Suez » lance le plan rouge : il sonne le début des opérations de guérilla. Les maquisards FFI de la région affluent à La Nouette. Pour les SAS, c'est la stupeur. Formés aux opérations commando discrètes, ils tombent des nues en découvrant un camp retranché de cette ampleur, en totale contradiction avec les consignes de discrétion. Ils doivent composer.

    En plus de leurs missions de sabotage, ils prennent en main la formation des quelque
    3.000 maquisards (dont quatre bataillons de l'Organisation de la résistance armée).
    L'ambiance prévalant sur le camp retranché est surréaliste : plusieurs milliers de jeunes
    plus ou moins disciplinés et préparés aux armes, sillonnent le camp de long en large
    avec le litre de cidre et le casse-croûte. Ils entrent et sortent, parfois sans contrôle aux
    entrées, même si le terrain est couvert de tous côtés par des unités des FFI ou
    parachutistes faisant le guet. Le camp de Saint-Marcel ne cesse de grossir avec
    l'arrivée le 9 juin à l'aube de la 7e compagnie de Plumelec avec plusieurs charrettes de ravitaillement. Parallèlement, les parachutages se poursuivent : celui du commandant Bourgoin*, dit Le Manchot, dans la nuit du 10 au 11 juin. De toutes les batailles d'Afrique du Nord (Syrie, Libye, Tunisie), commandant du 2e Régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP), Pierre-Louis Bourgoin prend la direction des opérations (4e Bataillon de l'infanterie de l'air). Il doit son surnom de Manchot pour avoir été amputé du bras droit en Afrique du nord et porte 37 traces de blessure ! Son arrivée précède le parachutage dans la nuit du 12 au 13 juin, des SAS du stick Juillard. Le stick était composé de dix Tahitiens volontaires, qui ont rallié Auckland sur une goélette puis un phosphatier. De là, ils avaient été acheminés en Angleterre, à Cirencester, avec des volontaires néozélandais pour une année de formation au commando. (Les Tahitiens dans la guerre/musée de Saint-Marcel). Enfin, dans la nuit du 17 au 18 juin sont parachutés sur La Baleine les hommes du lieutenant Roger de la Grandière (1er BIA placé sous les ordres du 4e BIA de Bourgoin). Ils ont largué avec quatre jeeps équipées de deux mitrailleuses Wickers d'une puissance de feu de 3.200 coups/minute. Hélas, le container se brise à la réception et une seule mitrailleuse est reconstituée. Les autres sont remplacées par des fusils mitrailleurs. Après la bataille de Saint-Marcel, Roger de la Grandière prend la direction de Pontivy. Il est hélas blessé et achevé par les Allemands alors qu'il couvrait ses hommes dans une ferme de la région de Josselin.

    Le rôle clef des Special Air Service

    Le Special Air Service (SAS) est une unité de forces spéciales britanniques créée en 1941 par le lieutenant David Stirling avec des volontaires britanniques.

    Cette unité d'élite au rôle capitale durant la seconde guerre mondiale s'est illustrée en
    Afrique du Nord puis en Europe par ses raids et commandos très efficaces. Ils
    s'avèrent particulièrement exposés derrière les lignes allemandes. Les SAS étaient
    constitués de cinq régiments : deux régiments britanniques (1er et 2e SAS), deux
    régiments français (3e et 4e SAS) constitués avec l'accord du général de Gaulle et un
    régiment belge (5e SAS). Chaque régiment SAS comprenait "quarante sticks" de dix
    hommes. Les SAS ont payé un très lourd tribus à la guerre. Sur les 215 SAS français
    engagés avant le 8 novembre 1942, seuls 22 étaient encore en vie à la capitulation du 8 mai 1945, soit 90% de pertes.

    Le prélude à la bataille de saint-Marcel


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