• Les SAS et Saint-Marcel

    Le 21 mai 1944, l'ordre d'opérations n°9 du général McLeod est transmis au 4e SAS français. Dans le cadre de l'opération Overlord, il prévoit la formation de deux bases en Bretagne : Samwest dans les Côtes-du-Nord et Dingson dans le Morbihan. La mission des parachutistes sera de couper les communications entre la péninsule et le reste de la France, puis d'empêcher tout mouvement ennemi sur les grands axes routiers et ferroviaires, en collaboration avec la Résistance locale.

    La situation au début du mois de juin


    A la veille du Débarquement, la Bretagne est occupée par 6 divisions d'infanterie, 2 divisions parachutistes et 10.000 membres des Ostruppen. S'y ajoutent de forts effectifs de la Kriegsmarine, de la Luftwaffe et de l'Organisation Todt.
    Dans le Morbihan, la Résistance réunit trois principales organisations armées : l'Armée secrète qui compte alors 4 bataillons ; l'ORA (3 bataillons) et les FTPF. Tous sont regroupés sous les ordres du colonel Morice, qui lance le 5 juin l'ordre de mobilisation générale à ses 3500 hommes. Le centre de regroupement est la ferme de la Nouette, entre Saint-Marcel et Sérent, à côté du terrain de parachutage "Baleine", homologué dès février 1943 et tenu secret jusque-là.

    La formation du maquis de Saint-Marcel


    Le 6 juin 1944 à 0h45, le stick du lieutenant Marienne est accroché par l'ennemi peu après avoir touché le sol, non loin du moulin de la Grée qui sert de poste d'observation aux Allemands. Le caporal Emile Bouétard est blessé puis tué par un cosaque : c'est le premier mort allié d'Overlord. Les trois radios sont faits prisonniers avec leur matériel, mais Marienne parvient à décrocher avec les hommes restants. Avec le stick du lieutenant Déplante, il s'agit des deux équipes d'éclaireurs chargées de reconnaître la zone, de transmettre tout renseignement utile et de préparer l'arrivée du gros du bataillon SAS.

    Le caporal Emile Bouétard, originaire des Côtes-du-Nord.


    Dans la nuit du 7 au 8 juin, 18 équipes sont parachutées pour saboter les lignes de communication : ce sont les Cooney Parties. La nuit suivante, le commandant Bourgoin arrive sur la Drop Zone Baleine, en même temps qu'une cinquantaine de parachutistes et l'équipe Jedburgh Georges composée du capitaine Ragueneau (F), du capitaine Cyr (USA) et du sous-lieutenant Gay (F). Chaque nuit arrivent des dizaines de tonnes d'armes, de munitions et de matériel ainsi que des SAS. On installe une boucherie, une cuisine, une boulangerie, des groupes électrogènes et même un atelier de réparation automobile ! La nuit du 17 voit un événement exceptionnel : l'arrivée des 4 jeeps du lieutenant de la Grandière.

    Des résistants de La Gacilly avec une femme agent de liaison et des parachutistes SAS en juin 1944.


    La bataille

    C'est par hasard que le 18 juin à l'aube, deux tractions de la Feldgendarmerie de Ploërmel franchissent l'entrée du camp, près des Hardys-Béhélec. Les FFI ouvrent immédiatement le feu. Quatre Allemands sont tués, trois sont faits prisonniers et un seul parvient à s'échapper ; il donne l'alerte à la garnison de Malestroit à 6h30.

    A 9h, 200 Allemands attaquent en direction de la ferme du Bois-Joly. Ils sous-estiment l'importance des effectifs français et se replient après une demi-heure, avec des pertes importantes.
    Une seconde attaque est lancée à 10h par 400 hommes vers Sainte-Geneviève, avec des mortiers et des grenades à fusil. Les SAS et les FFI réussissent à maintenir leurs positions grâce aux Brens placés tous les 10 mètres. Au PC de la Nouette, le commandant Bourgoin demande par radio l'aide de l'aviation, et les civils reçoivent l'ordre d'évacuer le camp.

    A 14h, les Allemands repartent à l'assaut. Ils ont reçu le renfort de 300 parachutistes, de 2 commandos de chasse de la 275e division d'infanterie et d'une compagnie supplémentaire prête à intervenir. La défense des SAS et des maquisards est démantelée au niveau du château de Sainte-Geneviève, que les Allemands pensent être le PC. Vers 15h30, les chasseurs-bombardiers américains arrivent enfin et harcèlent les troupes allemandes pendant plus d'une heure. Pris de panique, l'ennemi se disperse mais se ressaisit après le départ des avions.

    Vers 18h, une attaque brutale parvient à 500m des Hardys-Béhélec au prix de lourdes pertes et un commando de chasse prend la Nouette sous son feu. Deux contre-attaques des SAS et des maquisards réussissent à reprendre une partie du terrain.

    Le lieutenant Taylor et ses hommes autour d'une jeep SAS dans le Morbihan.


    Le décrochage


    A la tombée de la nuit, les Allemands alignent plus de mille hommes face aux positions françaises. Le commandant Bourgoin et le colonel Morice décident alors la dispersion de la base avant qu'elle ne soit encerclée. Ce jour-là, 21 FFI et 6 SAS ont perdu la vie.
    L'évacuation commence vers 22h. Plus de 2000 hommes et 20 camions d'armes et de munitions s'échappent, couverts par une compagnie de résistants d'Auray encadrés par des SAS du capitaine Puech-Samson. On fait alors sauter le dépôt d'armes et de munitions.

    La répression

    Quand les Allemands attaquent au matin du 19 juin, ils constatent la disparition de l'ennemi et exécutent alors les blessés et les civils restés sur place. Les jours suivants, une traque féroce est menée par des unités ukrainiennes et géorgiennes, aidées par la Milice. Les prisonniers sont exécutés ou envoyés en déportation. Le 27 juin, les maisons du boug de Saint-Marcel sont incendiées. Pierre Marienne, 6 autres SAS et 11 résistants seront tués le 12 juillet dans la ferme de Kerihuel.

     

    Le Capitaine Marienne.

     


    Les combats de Saint-Marcel ont eu un énorme retentissement dans la Bretagne occupée. Pour la première fois, l'occupant a été tenu en échec et a subi de lourdes pertes face aux FFI, entraînés et encadrés par les parachutistes de la France libre.

    Texte issu du blog sflhg

     

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