• 00-A - Les heures glorieuses.

    00-A - Les heures glorieuses.

    Les chapitres qui vont suivre sont issus de l'ouvrage

    les Heures glorieuses du 41è R.I de Job de ROINCE

  • ll faut attendre 1944 pour voir renaître le 41. En effet, en août 1944, alors que la France est déjà presque toute libérée on décide la création en Bretagne de la 19è D.I qui est la première grande unité militaire reformée sur le territoire métropolitain.

    Cette division placée sous les ordres du général Borgnis-Desbordes doit comprendre les régiments suivants :

    Le 41è R. l. de Rennes.
    Le 71è R. l. de Sainl-Brieuc.
    Le 118è R. l. de Quimper.
    Le 19è Dragons de Dinan.
    Le 10è R. A. de Rennes.

    Le 7 septembre, le général Borgnis-Desbordes arrive à Rennes et en liaison avec le général Allard
    commandant la région militaire, il rassemble ceux qui vont faire revivre la 19è D.I.

    Cette division doit être chargée de contenir les Allemands qui occupent encore la Poche de Lorient.

    Le soin de former le 41è R. l. est alors confié au lieutenant-colonel Duranthon qui groupe à Coëtquidan
    les éléments qui vont constituer le nouveau régiment. Ce sont des bataillons F.F.l. et parmi eux, ceux
    qui ont participé au combat de Saint-Marcel.

    Saint-Marcel, dont le nom est maintenant connu de tous, est une petite localité du Morbihan située à
    trois kilomètres de Malestroit. En juin 1944, plusieurs bataillons F.F.l. y sont réunis en compagnie des parachutistes du colonel Bourgoin et les avions alliés viennent y parachuter des containers emplis d'armes.

    Alertés les Allemands attaquent Saint-Marcel où se déroule alors un combat très violent. Environ cinquante
    Français y trouvent la mort, mais l'ennemi subit des pertes considérables et laisse cinq cent soixante cadavres sur le terrain.

    En souvenir de ce combat le 41è R. I. formé par les unités qui y ont participé, reçoit le droit de faire figurer
    le nom de Saint-Marcel sur son drapeau.

    Ainsi de même qu'autrefois les régiments de Boyons, d'Huxelles, Mazarin-France et de la Reine ont
    été les prédécesseurs du premier 41è R. 1., ce sont cette fois les bataillons F.F.l. qui, par filiation directe
    son à l'origine du régiment actuel.

    Du camp de Coëtquidan où il a été formé le 41è R. l. gagne le secteur de Saint-Jean de la Poterie, près
    de Redon, où il prend place face aux Allemands qui occupent encore cette région.

    ll est ensuite dirigé sur le secteur de la Poche de Lorient.

    Au début du mois de mai 1945 l'ennemi se rend compte qu'il lui est impossible de résister davantage.
    D'ailleurs les nouvelles qui lui parviennent d'Allemagne, lui apprennent l'avance des troupes alliées et de
    la 1è armée française.

    La guerre touche à sa fin.

    Le 4 mai et le 7 mai des officiers allemands se présentent à nos lignes et annoncent leur prochaine
    réddition.

    Finalement celle-ci est acceptée et le 7 mai 1945, à 20 heures, sur les rives de la rivière d'Etel, la capitulation allemande est signée par le colonel Borst qui représente le général Fahrenbacher, commandant en chef des troupes allemandes du secteur de Lorient.

    Aussitôt le général Borgnis-Desbordes annonce ce succès à la 19è D. l. par un ordre du jour publié à
    Vannes le 8 mai.

    Deux jours après, tout le secteur est libéré et la population libérée acclame nos soldats qui pendant
    plusieurs mois ont fait preuve de courage et d'endurance, en combattant presque « sans munitions, sans
    couvertures, sans souliers, sans capotes et sans casques ».

    Conformément aux accords signés le 7 mai, les Allemands se rendent et nous livrent ainsi 24 450 prisonniers parmi lesquels deux généraux et un amiral.

    Quelques semaines après le 8 juin, sur le terrain d'aviation de Lorient, le général de Larminat passe en
    revue la 19è D. l. et remet des décorations à de nombreux combattants,

    le 9 juin, les Bretons de la division se rendent en pèlerinage à Sainte-Anne-d'Auray.

    La guerre est maintenant terminée et le Reich s'est écroulé.

    Quelques jours de repos sont accordés au 41 qui reçoit ensuite l'ordre de quitter le secteur de
    Lorient.

    Le 15 juin 1945 un bataillon embarque à destination de Châteauroux. Les départs se succèdent à raison de six à sept trains par jour et le 22 juin toute la division est groupée dans le département de l'lndre.

    Le 5 novembre le 41è R. l. est dirigé sur l'Allemagne et s'en va à Rottweil, petite ville de 10000 habitants
    située au sud-ouest du pays dans la province du Wurternberg. C'est alors le lieutenant-colonel Le Bideau qui commande le régiment.

    Une nouvelle fois le 41 va voir son existence interrompue. L'armée est en pleine réorganisation et
    plusieurs unités sont appelées à disparaître.

    C'est le sort que connaît le 41è R. l. qui est dissout le 4 mars 1946 en même temps que toute la division . . 

     

     

     

     


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  • Quand le 7 juin 1940, à 1 h 30 du matin, le colonel Loichot reçoit l'ordre de repli qui lui est apporté par
    un officier de l'Etat-Major de la Division, il commence par protester énergiquement.

    En effet, le régiment est brutalement mis dans l'obligation de quitter le terrain qu'il a victorieusement
    conquis et défendu et le repli qui lui est ordonné va l'obliger à traverser une zone de 15 kilomètres déjà
    occupée par l'ennemi.

    En outre, les hommes déjà épuisés par l'effort qu'ils viennent de fournir doivent rompre le contact avec
    un ennemi qui les menace et gagner une nouvelle position éloignée de 30 kilomètres.

    Mais les instructions sont formelles et le colonel Loichot doit s'incliner.

    Toutes les compagnies sont alors alertées, sauf la 10è compagnie qui demeure isolée dans Fay où elle
    va combattre courageusement jusqu'au moment où, réduite à un effectif squelettique et privée de ravitaillement, elle se trouvera dans l'obligation de cesser la lutte.

    Le 1er bataillon quand il reçoit l'ordre de repli se met en route avec l'itinéraire suivant : Lihons, Rosières
    et Caix pour gagner ensuite Davenescourt où le régiment doit se rassembler. Mais, pour lui, cette marche
    sera un véritable chemin de croix . . . A diverses reprises il se heurte à l'ennemi et ses pertes sont lourdes
    en tués, blessés et prisonniers. A Beaufort-en-Santerre toute une section est cernée et fusillée.

    Le 2è bataillon, plus heureux, parvient sans trop de difficultés au point de rassemblement.

    Le 3è bataillon, privé de la 10è compagnie demeurée comme nous l'avons dit à Fay, rejoint lui aussi
    Davenescourt, mais une autre de ses compagnies, la 11è, est surprise par l'ennemi près de Caix et en partie décimée. Ceux de ses hommes qui échappent à la mort doivent se rendre.

    Quand ce qui reste du régiment est réuni à Davenescourt, un nouvel ordre de repli lui parvient et une
    étape de 50 kilomètres le conduit au sud-ouest de Montdidier.

    Le 8 juin, vers 16 h 30, nouveau recul . . . L'avance allemande se poursuit et déjà des éléments blindés
    attaquent le 41è R. l. Il faudra cette fois encore un nouvel acte d'héroïsme pour éviter un désastre.

    Chargé avec une section de mitrailleuses et la section de l'adjudant Le Moal de tenir le point d'appui
    d'Ansauvillers, le sous-lieutenant Simonneaux arrête l'ennemi et pendant plusieurs heures le tient en échec.

    Les Allemands attaquent avec force les deux sections qui lui barrent la route mais il ne parvient pas
    à forcer le passage. De chaque côté il y a de nombreux morts et blessés. Six engins blindés allemands
    sont détruits.

    Finalement la courageuse résistance du sous-lieutenant Simmoneaux et de ses hommes permet au
    41è. R. l. et, également, à d'autres unités de se retirer.

    Maintenant le régiment se dirige vers Sainte-Maxence et il franchit l'Oise.

    Le 10 juin, le 41è R. l. prend position pour défendre les ponts de Boran et de Précy-sur-Oise, à l'ouest de
    Chantilly. ll doit à cet endroit interdire le passage de l'Oise.

    Cette fois encore il faut tenir et c'est aux hommes du 41è R. l. que l'on demande un nouvel effort tandis
    que d'autres unités, moins disciplinées, s'enfuient dans un désordre invraisemblable.

    Lisez ce qu'écrivent les lieutenants Lucas et Hervé dans leur ouvrage:

    Le 11 juin, n'ayant plus de nouvelles d'une section d'un régiment du midi, le . . . !!! installée en tête de pont sur l'autre rive, à Précy, pour signaler l'approche de l'ennemi avant de se replier en barques, le commandant Jan envoie l'adjudant-chef Denmat avec une patrouille de six hommes de l'autre côté de la rivière, à 13 h 00 . L'adjudant est de retour vers 14 h 00 . Il ramène six prisonniers allemands, dont un sous-officier . . . par-contre, aucune trace de la section du . . . R.I, qu'on soupçonne fort de s'être volatilisée sans crier gare. Le lieutenant commandant la compagnie du  . . . R.I n'est pas fier de ses Méridionaux qui, bien que 40, se sont éclipsés sans tirer un coup de fusil alors six hommes du 41è R.I trouvent le moyen, en une heure, de ramener six prisonniers. Gloire aux Bretons.

     Laissant les autres s'enfuir, le 41è R. l. tient. Il se bat avec désespoir et cela dans une confusion extrême
    car les Allemands ont réussi à passer l'Oise.

    La situation semble alors désespérée et le colonel Loichot prend la décision de faire brûler le drapeau
    pour qu'il ne tombe pas entre les mains de l'ennemi.

    Le 12 juin, le régiment lance une attaque et parvient à rejeter les Allemands de l'autre côté de la
    rivière. Mais ce succès est sans lendemain car l'ennemi ayant franchi l'Oise sur la droite menace le 41è R.I d'encerclement.

    Et c'est encore un décrochage.

    Le 13 juin, le 41è R.I est transporté en camions aux portes de Paris, du côté de Noisy-le-Grand où il ne
    reste que quelques heures, puis il est dirigé sur Ormoy.

    Ainsi l'Oise, la Marne et la Seine ont jalonné sa retraite.

    En même temps qu'il se retire, le 41è R.I. apprend le 14 juin que les Allemands viennent de faire leur
    entrée à Paris.

    Embarqué dans des conditions difficiles le 15 juin à Ballancourt et à la Ferté-Allais, le régiment se rassemble dans la soirée du 16 juin au sud d'Orléans, non loin de la Ferté-Saint-Aubin.

    Désormais chaque heure qui passe apporte des nouvelles déprimantes. La confusion est extrême et les éléments de l'armée française qui résistent encore sont isolés sans la moindre liaison avec les autres
    unités.

    Le 41è R. l. est de ceux qui continuent à se battre.

    Encerclés, les derniers hommes du 2è bataillon sont faits prisonniers et le colonel Loichot lui-même tombe
    aux mains de l'ennemi.

    C'est alors le commandant Jan qui prend le commandement du régiment.

    Exténués, ayant luttés jusqu'au dernier moment, les rescapés du 41è R. l. arrivent enfin le 24 juin à Laroque-des-Arcs, près de Cahors. L'effectif est réduit à 17 officiers, 63 sous-officiers et 446 hommes de troupe.

    Les autres ?
    tués, blessés, disparus, prisonniers . . .

    Les tombes qui jalonnent la route suivie par le régiment depuis la Somme jusqu'à laroque-des-Arcs
    constituent un triste mais éloquent témoignage. Elles disent quel fut le calvaire du 41è R. l.

    Dans la soirée du 24 juin, on apprend que la tragédie vient de prendre fin. l'armistice est signé.

    Au début du mois de juillet 1940, le régiment se rend dans la région de Limoges ou la 19è D.I va être dissoute.

    Et c'est là, dans la petite localité de Saint-Priest-Ligoure que le 41è R. l. disparaît.

    Ses hommes sont démobilisés et ils regagnent la Bretagne.

    ll faut avant de clore ce chapitre de l'histoire du régiment rendre à celui-ci l'hommage qu'il mérite.

    Certes en 1940 le 41è R. l. a connu, comme toute l'armée française, l'amertume de la défaite. Mais s'il
    a tout perdu, son honneur est demeuré sauf.

    Courageux au combat il ne s'est jamais replié que sur ordre et alors qu'il ne pouvait plus lutter. A de
    nombreuses reprises ses officiers, sous-officiers, caporaux et soldats ont multiplié les actes de bravoure et d'héroisme.

    Ceux qui ont été faits prisonniers l'ont toujours été en combattant, les armes à la main, et seulement après
    avoir épuisé leurs munitions.

    Enfin ceux qui ont vécu les heures pénibles de la retraite sont toujours demeurés fidèles aux traditions
    de leur régiment. Alors qu'autour d'eux tout s'écroulait . . . et que tant d'unités se débandaient dans une
    pagaille inimaginable - ils ont donné un bel exemple de discipline. S'ils ont dû reculer ils ne se sont jamais
    enfuis. Et jamais, non plus, ils n'ont abandonné ceux qui avaient l'honneur de les commander.

    Cela il faut le dire.

    Afin que les jeunes qui portent aujourd'hui l'écusson du régiment sachent bien qu'ils peuvent être fiers
    de leurs aînés, de tous leurs aînés.

    D'ailleurs les mérites du 41è R. l. ont été reconnus comme le prouvent les termes de la citation dont, à
    ce moment, il fut l'objet.

    Et cette citation porte la signature d'un grand chef, celle du général Weygand,

    C'est également le général Weygand qui à la même date, épingle la médaille militaire sur la poitrine
    de l'adjudant Tardiveau, le héros du Bois Etoilé.

    Dissous au début de juillet 1940 à St-Priest-Ligoure, le 41è R.I est reconstitué le 28 août 1940 à Brive,
    avec des effectifs Bretons et Normands, en vertu de la clause du traité d'armistice qui prévoit la mise en
    service d'une armée de 100 000 hommes.

    ll demeure alors en Corrèze, deux de ses bataillons étant cantonnés à Brive et le troisième à Saint-Yrieix,
    jusqu'au mois de novembre 1942 époque à laquelle il est dissous une nouvelle fois, en même temps que
    l'armée d'armistice, lors de l'arrivée des troupes allemandes en zone libre.

    Toutefois, avant sa disparition, ses officiers parviennent à camoufler son matériel et son armement qu'ils
    refusent de livrer à l'ennemi. . . 


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  • Le 41è R. l. quitte l'Alsace, et les 17 et 18 mai 1940 il embarque à Dannemarie. Il effectue alors un voyage
    difficile car les voies ferrées sont toutes encombrées et les convois sont fréquemment bombardés.

    ll faut sans cesse modifier les itinéraires et les trains avancent lentement. Des trous d'obus et des rails tordus, disent qu'ici la guerre a déjà causé des ravages.

    Le plus grand désordre règne dans les gares où les services de renseignements sont incapables de donner la moindre indication. Les ordres qui arrivent ne font souvent que se contredire.

    De leurs wagons les hommes du 41è R. l. assistent à des scènes pénibles. Militaires en déroute et réfugiés épuisés par de longues marches, offrent un pitoyable spectacle.

    Finalement le régiment débarque mais les bataillons sont dispersés, car dans le désordre général le débarquement s'est effectué en divers endroits aux environs de Compiègne. On a même dû, à un moment donné, tellement la confusion est grande, constituer une formation temporaire groupant le 1er bataillon du 41è R.I et deux bataillons du 117. R. l.

    Le 22 mai le régiment est enfin rassemblé et il va opérer dans la partie sud du département de la
    Somme, entre Amiens et Péronne.

    Pendant les jours qui vont suivre le 41è R. l. va manifester beaucoup de courage.

    Non seulement il doit faire face à l'offensive allemande, mais il le fera dans des conditions particulièrement dures en raison de l'extrême confusion qui se manifeste sur tout le front et en raison aussi du départ
    des troupes britanniques, départ qui met le commandement français dans l'obligation de modifier à plusieurs reprises ses dispositions de combat. On sait, en effet, que la carence anglaise a imposé à nos troupes de lourds sacrifices.

    Bien souvent, au cours de ces journées, on fait appel au 41è R. l. pour rétablir des situations compromises.

    Le 24 mai 1940 le deuxième bataillon reçoit l'ordre de s'emparer de Villers-Carbonnel, au sud de Péronne. C'est la 6è compagnie qui est chargée de l'exécution de cette mission avec le concours d'une petite unité de chars.

    Après de violents combats, la 6è compagnie chasse les Allemands de Villers-Carbonnel et occupe le village où elle demeure malgré le tir de l'artillerie ennemie. Elle se prépare à progresser afin d'enlever un
    pont sur la Somme quand l'officier qui commande les chars décide de se replier.

    Privé de cet appui, le lieutenant Duchesne, chef de la 6è compagnie, est malgré tout décidé à poursuivre
    la lutte mais il reçoit l'ordre d'abandonner le terrain conquis.

    A partir de ce jour le régiment se trouve engagé dans des opérations qui ne lui laissent aucun repos. Il
    est difficile de suivre dans le détail ces opérations qui se déroulent souvent à l'échelon d'un bataillon ou
    même d'une compagnie.

    On se bat partout et partout les Bretons du 41è R. l. multiplient leurs courageux exploits.

    Le 25 mai, la 7è compagnie s'empare de Saint- Christ-Briast et oblige les Allemands à repasser la
    Somme.

    Plus au sud, la 5è compagnie occupe Epenancourt.

    Le 26 mai, le 1er bataillon, sous les ordres du commandant Hermann, reçoit la mission de s'emparer du
    petit village d'Assevillers, près d'Estrées, et de pousser ensuite jusqu'à la Somme.

    Mais Assevillers est occupé par de nombreux Allemands qui disposent de solides éléments de défense
    et qui bénéficient d'une position dominante alors que nos troupes doivent progresser sur un terrain nu et
    plat n'offrant pas le moindre abri.

    Malgré un tir violent qui lui fait subir de lourdes pertes, le 1er bataillon avance dans un ordre impeccable,
    comme s'il évoluait sur un champ de manoeuvre. Obus et balles pleuvent sans cesse sans arrêter
    sa marche.

    Hélas, l'héroïsme des hommes de ce bataillon n'est pas récompensé et, en fin d'après-midi, ils doivent se
    replier.

    Le 25 mai et pendant les jours qui suivent, le 41è R. l. se réorganise et s'installe sur des positions
    défensives avec l'ordre de tenir sur place. A ce moment il occupe Estrées, Fay, Soyecourt, Vermandovillers et Saint-Christ.

    Depuis son arrivée dans ce secteur, il a repris vingt villages et fait reculer l'ennemi. Alors que tout craque
    autour de lui, il a tenu et même progressé. ll aurait mieux fait encore s'il avait bénéficié de l'appui de
    chars . . . !!!

    Pendant ce temps trois divisions anglaises lâchaient pied dans un secteur voisin et ouvraient ainsi une
    brèche dans laquelle s'engouffraient les blindés allemands.

    Le 28 mai la 7è compagnie, attaquée par des éléments très supérieurs en nombre, doit évacuer Sain-
    Christ, mais ce village est repris le lendemain par la 6è compagnie.

    Surpris par la farouche résistance du 41è R. l. qui leur barre la route, les Allemands font venir des renforts
    afin d'écraser ceux qui enrayent leur avance.

    Le 30 mai, la compagnie qui tient Fay, repousse une attaque allemande.

    Nous voici arrivés au début de juin 1940.

    On s'attend à une nouvelle et violente offensive ennemie et le 41è R. l. se prépare à défendre un secteur
    jalonné par Fay, le bois du Satyre, Soyecourt, Foucaucourt, Herleville et Vermandovillers.

    Le régiment a, à sa droite, le 117è R. l. et, à sa gauche, le 31è régiment de tirailleurs algériens.

    Le 5 juin les Allemands attaquent en masse sur toute cette partie du front. lls mettent en action plusieurs régiments d'infanterie, une forte artillerie et des escadrilles d'avions.

    C'est une terrible ruée sur le secteur occupé par le 41è R. l.

    Partout le régiment qui, cependant, risque à chaque instant d'être submergé et écrasé, résiste magnifiquement et brise les attaques des assaillants. Chacune de ses compagnies et de ses sections s'accroche au sol et repousse les vagues ennemies qui déferlent sans arrêt.

    Chaque unité fait sienne la fière devise des poilus de Verdun « On ne passe pas ».

    Dans un bruit infernal le combat se poursuit et les avions allemands, maîtres du ciel, viennent déverser
    des tonnes d'obus sur nos soldats.

    Au sol de nombreux bataillons et des chars se lancent à l'assaut de nos positions.

    Malgré cela le 41è R. l. tient.

    Mais soudain la situation devient critique au Bois Eloilé, petit massif boisé situé entre Herleville et Vermandovillers où se trouve un détachement du 41è R. l. et une batterie d'artillerie. Les Allemands ont légèrement dépassé cette position et s'ils parviennent à s'en emparer le régiment tout entier va se trouver menacé.

    Coûte que coûte il faut donc dégager le Bois Etoilé.

    Mais comment le faire ?

    Tous les éléments du 41è R. l. sont engagés et comme il n'y a pas de réserves on ne dispose d'aucun
    renfort. Par ailleurs il est impossible de dégarnir le front sans risquer le pire.

    Seul un coup d'audace peut permettre de sauver la petite garnison du Bois Etoilé dont la situation semble
    désespérée.

    Ce coup d'audace c'est l'adjudant Tardiveau qui va le tenter. Avec deux chenillettes du ravitaillement
    qu'il arme chacune d'un fusil-mitrailleur il va réaliser un magnifique exploit.

    Le récit de cet exploit est raconté dans  le chapitre 03-C ( le combat du Bois Etoilé )

    Quand la nuit arrive, le 41è R. l. occupe toujours ses positions.

    La bataille reprend le 6 juin.

    Mars la situation du 41è R. l. est devenue pratiquement intenable, car il se trouve désormais presque
    seul. En effet, les deux autres régiments d'infanterie de la 19è D. l. viennent de connaître un sort malheureux. Dégarni sur sa gauche, le 41è R. l. peut bientôt se trouver encerclé.

    Alors que le front craque par ailleurs, le 41è R. l. a conservé le terrain qu'il avait mission de défendre.
    Ses hommes manquent de ravitaillement et ils viennent de recevoir les dernières munitions dont dispose
    le régiment. Malgré cela leur moral est bon car ils sont fiers des résultats obtenus depuis le début de
    l'offensive.

    Des positions qu'ils occupent, ils voient des colonnes ennemies se diriger vers le sud et ils entendent
    le roulement sourd des convois de camions qui roulent sur les routes voisines.

    Au 41è R. l. on ignore encore que sur presque tout le reste du front les Allemands poursuivent leur
    avance. On attend seulement la contre-attaque demandée qui doit permettre au régiment de compléter son succès et de transformer ce succès en une victoire totale.

    Hélas, cette contre-attaque n'aura pas lieu. Le commandement ne dispose d'aucun régiment pour
    entreprendre une nouvelle action et il est même incapable d'envoyer au 41è R. l. les munitions dont celui-ci
    a besoin.

    En attendant cette contre-attaque, et les munitions qui ne viendront pas, le 41è R. l. demeure sur place
    et continue de repousser l'ennemi.

    Le P. C. du colonel conserve le contact avec ses unités. Seule la 10è compagnie, encerclée dans le village de Fay, demeure isolée. On sait seulement qu'elle résiste toujours.

    C'est alors qu'à 1 h 30 du matin, le 7 juin, le régiment reçoit le seul ordre qu'il était loin de prévoir, celui de se replier . . . !!!

     


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  • Ayant terminé le 29 août sa mise sur pied de guerre, le 41è R.I quitte ses garnisons le 6 septembre 1939. L'Etat-major, les compagnies régimentaires et les deux premiers bataillons embarquent à Rennes tandis
    que le 3è bataillon part de Saint-Malo.

    Le régiment est placé sous les ordres du colonel de Lorme qui va le commander jusqu'au mois d'avril 1940, époque à laquelle il sera appelé à exercer les fonctions de chef d'Etat-Major au Xlè Corps d'Armée.

    Les trois bataillons sont commandés:
    Le 1er par le commandant Hermann.
    Le 2è par le commandant Courtel.
    Le 3è par le commandant Jan.

    Comme en 1914, le régiment est composé en grande partie d'hommes recrutés dans les départements bretons. Il appartient à la 19è Division d'infanterie qui est ainsi constituée:

    41è R. l. de Rennes et de Saint-Malo.

    117è R. l. du Mans et de Laval.

    71è R.I. de Saint-Brieuc et de Dinan. (Par la suite, le 1er mai 1940, le 71è R. l, sera remplacé par le 22è
    Régiment de Marche de Volontaires Etrangers.

    La Division comporte également deux régiments d'artillerie, le 10è R. A. et le 210è R. A., tous les deux
    de Rennes.

    De Rennes le 41è R. l. est dirigé sur Liart, petite localité des Ardennes où il arrive le 8 septembre. Il cantonne dans diverses communes de cette région et il poursuivra son instruction afin de mieux adapter
    ses hommes aux exigences de la guerre.

    Ainsi de septembre à novembre 1939, le 41è R. l. tout en demeurant en état d'alerte, ne participe pas
    aux opérations.

    Du 9 novembre au 23 novembre, il se déplace et arrive en Lorraine où le 24 novembre il occupe un
    secteur dans la région Forbach-Sarreguemines, près de la frontière allemande et face à la Sarre.

    C'est là que va véritablement commencer la guerre.

    Il la fera d'ailleurs dans des conditions particulièrement difficiles et pénibles.

    Les unités qui sont en première ligne ne disposent pas d'abris. On n'a pas construit à cet endroit d'ouvrages bétonnés et il est pratiquement impossible de creuser des tranchées car celles-ci sont aussitôt emplies d'eau.

    ll faut donc se contenter d'abris légers qui n'offrent aucune protection et qu'il est impossible de chauffer.

    Après la pluie vient le froid, particulièrement rigoureux dans cette région. En quelques semaines environ 600 hommes sont évacués pour pieds gelés.

    le secteur occupé par le 41è R. l. est très étendu et il y a parfois 700 ou 800 mètres entre les postes avancés. C'est beaucoup trop car une telle dispersion permet l'infiltration de patrouilles allemandes qui attaquent sans cesse nos postes.

    La guerre se manifeste d'ailleurs ici sous la forme de coups de mains et de bombardements. Ceux-ci
    sont parfois très meurtriers.

    Pour donner à l'adversaire l'impression que le terrain est fortement défendu, les corps francs du régiment
    sont toujours en action afin de barrer la route aux détachements ennemis qui multiplient leurs opérations.

    Mais, hélas, nos hommes épuisés par un effort de tous les instants ne peuvent être partout à la fois.

    En outre, nos soldats sont mal équipés. Vêtements et chaussures manquent souvent. L'armement est très
    inférieur à celui dont dispose l'armée allemande.

    Celte infériorité en matériel est la tragique conséquence de la politique suivie avant la guerre par ceux
    qui refusaient d'accorder à la Défense Nationale les crédits dont elle avait besoin. Comme leurs aînés de
    1914, les soldats de 1939 paient les erreurs de ceux qui n'ont su ni éviter la guerre, ni la préparer.

    Mais, malgré tout, ces soldats doivent tenir.

    Et ceux du 41° tiennent !!!

    Non seulement ils défendent leur secteur sans perdre un seul mètre de terrain mais encore ils l'organisent
    et ils le dotent des moyens défensifs qui lui manquent.

    Au début du mois de janvier 1940 le régiment est relevé.

    Il quitte la lorraine pour l'Alsace.

    A partir du 10 janvier 1940, il se trouve au sud de Mulhouse, tout d'abord à lllfurth, Tagulsheim et Luemschviller, puis ensuite à Kembs, Dietwiller el Sierentz. L'état-major du régiment est alors installé à Landser.

    Là, sur un secteur de plusieurs kilomètres, en bordure du Rhin, il fait face à un adversaire solidement
    retranché, de l'autre côté du fleuve, dans les blockaus de la Ligne Siegfried.

    Ici, encore, il faut organiser le terrain et les hommes se transforment en bâtisseurs pour construire abris,
    fortins et casemates. lls effectuent ce dur travail sous les yeux des Allemands qui disposent, eux, d'ouvrages aménagés en temps voulu.

    Au mois de mai le colonel De Lorme quitte le régiment. ll est remplacé par le lieutenant-colonel Loichot.

    Le colonel de Lorme devait, par la suite, être nommé Général. Prisonnier, il connut en Allemagne les
    rigueurs d'un camp de représailles et, épuisé par sa captivité, il devait mourir peu après son retour en
    France.

    Tandis que le 41è R. l. poursuit de janvier à mai 1940 son oeuvre de constructeur sur les bords du Rhin,
    la guerre se prépare à changer de visage.

    Après la drôle de guerre . . . 
    Voici la tragédie . . .

    Brusquement, en effet, au début de ce mois de mai 1940, une nouvelle circule.

    Les Allemands vont attaquer !!!

    Les Allemands attaquent !!!

    L'annonce de cette offensive surprend ceux qui croyaient que l'affaire engagée en septembre 1939
    pourrait se régler non sur un champ de bataille mais autour d'un tapis vert. Ceux-là espéraient, comme l'a
    écrit Roland Dorgelès, que la France parviendrait, par son attitude pacifique, à rallier les neutres à notre
    cause, décider les Etats-Unis à intervenir, pousser l'Union Soviétique à rompre avec l'Allemagne et obliger
    celle-ci à reprendre les négociations.

    C'était assurément bien mal connaître Adolf Hitler et son entourage.

    C'était aussi vouloir ignorer qu'il n'y a pas de guerre sans bataille, ni de victoires sans combats.

    Or Hitler, et cela tout le monde le sait, veut la victoire.

    ll veut donc aussi la bataille et les combats. Ses troupes savent qu'elles auront à se battre et elles ont
    reçu un équipement et un armement qui leur permettra de le faire dans les meilleures conditions.

    Alors, au moment choisi par lui. Adolf Hitler passe brutalement à l'offensive. Ses préparatifs n'ont
    surpris que ceux qui se refusent encore à admettre l'évidence . . . 

    Le 10 mai 1940 l'armée allemande s'élance à l'attaque d'un front qui s'étend de la Hollande au Luxembourg. La Ligne Maginot sur laquelle la France comptait pour arrêter l'envahisseur va devenir inutile car elle va être tournée.

    Plus qu'une attaque, c'est une ruée massive. Tout est mis en action : les hommes et le matériel. Les
    soldats allemands ne manquent ni de matériel, ni de munitions, ni, surtout, de moyens de transports
    rapides.

    L'armée française se porta, héroïquement, à la rencontre de l'ennemi. Sans la moindre hésitation elle fait
    face . . .

    Du château de Vincennes un ordre du jour demeuré célèbre est adressé à ceux qui ont reçu la mission de
    barrer la route à l'ennemi.

    Toute troupe qui ne pourrait avancer doit se faire tuer sur place. Vaincre ou mourir...

     Nos soldats se battent avec beaucoup de courage, mais ils sont rapidement submergés et, bien souvent,
    incapables de savoir de quel côté se tourner. Les chars allemands, dont l'avance est foudroyante, les dépassent, les encerclent tandis que des escadrilles ennemies mitraillent les routes.

    Nos troupes, elles, manquent de camions, de , chars, d'avions, de canons . . .

    A chaque heure le front se modifie et des unités qui croyaient être en réserve se trouvent soudain en
    première ligne. Bien souvent même elles sont isolées sans la moindre liaison avec les autres unités et elles ne reçoivent plus d'ordres... Leurs déplacements sont difficiles car l'adversaire est partout . . .

    A l'intérieur la population civile, mal informée, s'émeut et s'inquiète. Son moral est sans cesse mis à
    dure épreuve.

    Tour à tour elle apprend l'avance allemande, le recul de nos troupes, le martyre de la Belgique, l'embarquement des troupes anglaises qui, en plein conflit, nous abandonnent et regagnent leur pays, l'exode de centaines de milliers de réfugiés qui, ayant tout quitté, ne savent plus de quel côté se diriger . . .

    Le désordre est total.
    La confusion est extrême.

    Dès le 11 mai 1940 le 41è R. l. est en état d'alerte, et il attend les ordres. On ignore encore s'il devra se
    battre sur place ou s'il sera dirigé sur un autre point du front.

    Déjà les permissionnaires qui ont été rappelés en hâte regagnent le régiment.

    Le 16 mai, à 18 heures, le régiment reçoit des instructions. Il va quitter l'Alsace pour être dirigé sur
    un autre point du front . . .

     


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  • En reprenant sa place, en 1919, dans ses deux casernes le 41è R. l. a aussi retrouvé cette ville de
    Rennes qui lui est si chère.

    Maintenant plus qu'autrefois encore il se sent étroitement lié à cette cité. En effet, tant de Rennais ont
    de 1914 à 1918, combattu sous les plis de son drapeau, et tant sont morts aussi, hélas, que l'union
    s'est faite plus grande entre le régiment et les habitants de la ville.

    De même qu'ils sont habitués à entendre le « gros » leur annoncer les heures, les Rennais se réjouissent
    de pouvoir, comme par le passé, être associés, grâce aux sonneries du clairon, à la vie du soldat. Et ces
    sonneries leur permettent de suivre dans leur déroulement les diverses étapes de l'existence quotidienne
    des militaires : le réveil, la soupe, les rassemblements, le distribution du courrier, l'extinction des feux, etc . 

    Dans les deux casernes de Saint-Georges et de Mac-Mahon le service est redevenu ce qu'il était avant
    1914 avec ses exercices, ses revues et aussi ses corvées.

    Comme une horloge bien remontée le régiment mène une vie bien régulière dans le cadre d'un règlement
    qui a tout prévu. Certes, périodiquement, les hommes changent mais les recrues qui remplacent les
    anciens refont aux mêmes heures les mêmes gestes et sont soumis à la même discipline.

    Tout semble donc aller fort bien...

    Mais voici qu'à la fin du mois de décembre 1923 on apprend avec autant de peine que de surprise que le
    41è R. l. est dissous.

    Cette nouvelle attriste tous les anciens du 41è R. 1., surtout ceux qui de 1914 à 1918 ont porté son écusson. Elle attriste aussi tous les Rennais. Les uns et les autres déplorent qu'en procédant à une nouvelle organisation de l'armée on n'ait pas tenu compte de l'ancienneté des unités et, également, de leur courage au combat.

    Si on l'avait fait le 41è n'aurait certainement pas été sacrifié.

    Dissous le 31 décembre 1923, le régiment voit alors ses effectifs répartis entre deux unités du département des Côtes-du-Nord, le 48è R. l. et le 71è R. l.

    Son drapeau quitte Rennes et est confié à la garde du 71è R. l.

    Il faut attendre le mois de mai 1929 pour voir une nouvelle décision ordonner sa reconstitution. Les premiers effectifs lui sont alors fournis par le 48è R. l. et le 71è R. l.

    A partir de ce moment il appartient à la 19è Division d'lnfanterie et ses bataillons sont casernés en
    partie à Rennes et, en partie, à Saint-Malo.

    Son recrutement est demeuré le même que par le passé et ce sont surtout des Bretons qui servent dans
    ses rangs.

    Retrouvé avec joie par les Rennais, bien accueilli par les habitants de Saint-Malo, le régiment vit dans
    ces deux garnisons quelques années paisibles.

    Puis, brusquement, le ciel redevient sombre et les nouvelles qui viennent de l'Est donnent de nouveaux
    sujets d'inquiétude.

    L'Allemagne qui avait, en 1919, lors de l'établissement du traité de Versailles, bénéficié de la bienveillance de M. Wilson, président des Etats-Unis, et qui avait été, grâce à lui, maintenue dans toute son unité, s'est beaucoup trop vite relevée de ses ruines et elle suit maintenant un homme, Adolf Hitler, qui
    l'entraîne vers l'aventure.

    Une fois de plus elle menace la paix du monde.

    Devenu le véritable maître de l'Allemagne depuis 1933, Adolf Hitler a instauré une dictature totale. Il
    est véritablement le seul maître du pays et il lient tous les leviers de commande.

    A ses compatriotes qui l'acclament avec frénésie, il se présente comme le successeur de tous ceux qui
    ont été les artisans de l'impérialisme germanique et, afin d'atteindre le but qu'il s'est fixé, il manifeste une
    ambition sans bornes.

    Son audace est telle qu'il ne cherche même pas à dissimuler ses intentions.

    Pour mieux exercer son autorité sur une nation qui ne demande qu'à être commandée, il a tout unifié et
    il a tout concentré entre ses seules mains.

    D'ailleurs il affirme qu'il doit tout son pouvoir au peuple et il se réserve le droit de consulter celui-ci
    par voie de référendum. 

    Ainsi agissent les dictateurs.

    Ses principaux partisans sont ceux qui n'ont pas oublié la défaite de 1918 et qui voient en lui l'homme
    capable de déclarer une guerre. Avec eux Adolf Hiller prépare ouvertement la revanche.

    En France, où l'on croit encore que la guerre de 1914-1918 a été la der des der, on ne veut pas
    voir le danger et on écoute avec trop de complaisance ceux qui prêchent le désarmement et qui, ainsi,
    se font les complices inconscients d'Hitler.

    On assiste alors au déroulement des événements qui, rapidement, vont conduire au conflit.

    En 1936, l'Allemagne remilitarise la Rhénanie et consolide son alliance avec l'Italie de Mussolini en
    créant l'axe Rome-Berlin.

    En 1938, elle annexe brutalement l'Autriche et le pays des Sudètes.

    En 1939, elle s'empare de la Bohême et de la Moravie, puis elle envahit la Pologne après avoir signé le pacte germano-soviétique.

    Tout cela se fait au mépris des traités et du droit. Hitler ne respecte rien et, ayant su rallier à lui le militarisme prussien et la grosse industrie, il marche sur les traces de Bismarck en se faisant comme lui le défenseur du pangermanisme.

    Alors, mais alors seulement, la France commence à s'émouvoir et à s'inquiéter. Il est impossible désormais de ne pas voir le danger, ce serait nier l'évidence.

    Tous ceux qui ont vécu la grande guerre, s'indignent à la pensée que le monde va, une fois de plus
    être transformé en un vaste champ de bataille.

    Certes, les Français sont tous partisans de la paix. Mais la paix n'est possible que si tous les peuples la
    désirent.

    Or, les Allemands veulent la guerre et, sans se cacher, ils se préparent à la faire.

    Dans ces conditions, le pire ne peut être évité et on est bien obligé de reconnaître que toutes les concessions faites jusqu'ici à l'Allemagne ont été inutiles. Elles n'ont même servi qu'à renforcer son audace et son insolence.

    Finalement, après avoir fait pendant plusieurs années preuve de beaucoup de patience, la France ne
    peut en supporter davantage et, au lendemain de l'invasion de la Pologne, elle déclare la guerre à l'Allemagne.

    Nous sommes arrivés au 3 septembre 1939.

    Comment la nouvelle est-elle accueillie en France ?

    Roland Dorgelès, devenu en 1939 correspondant de guerre, va nous le dire en nous apportant son témoignage.

    Voici ce qu'il a écrit dans son ouvrage : La drôle
    de guerre:

    En vérité, la plupart des mobilisés n'avaient pas compris les causes de cette guerre et n'en discernaient
    pas clairement le but. Vingt-cinq ans plus tôt, on aurait dit a leurs pères: Il faut délivrer l'Alsace-Lorraine 
    et tous s'étaient dressés ; cette fois, on n'avait trouvé pour les enflammer que le nom de Dantzig, c'était trop loin, aussi étaient-ils partis sans entrain. Dès le premier jour, une comparaison s'imposa: en août 1914, on s'écrasait aux bureaux de recrutement pour s'engager ; en septembre 1939, les quelques volontaires n'eurent pas a se bousculer. Ce manque d'esprit combatif s'observait jusque chez les grands chefs. Je dirai même: surtout chez eux. On avait déclaré la guerre, mais on retardait
    l'instant de I'engager. Après une vaine démonstration dans la forêt de la Warndt, le Haut-Commandemt
    semblait se résoudre a la défensive et le major-général de I'armée, recevant à l'Ecole militaire, notre groupe en formation de correspondants de guerre, nous fit entendre qu'une bataille en rase campagme n'aurait pas lieu avant longtemps.

    Cette guerre-ci, nous dit en substance ce savant tacticien, différera totalement de celle de 1914. La puissance des fortifications comme la nature des armements ont transformé les conditions de la stratégie. Après une offensive même heureuse, il faudra des mois de préparation avant d'engager une autre bataille. Nous devons donc nous attendre à une sorte de guerre tour à tour stagnante et violente, avec des rebondissements imprévus, des fronts constamment déplacés, des armées qui cesseront de combattre pour prendre leurs quartiers d'hiver, ainsi que cela se passait au XVII siècle.

    Puis, résumant sa pensée en une phrase, le porte-parole du Grand Quartier conclut du même ton tranquille:

    Une guerre, en somme, qui pourrait se comparer à la guerre de trente Ans...

    Trente Ans ! Nous en restâmes abasourdis. Ce n'était certes pas ce qu'attendait l'opinion, ni notre
    piaffante cohorte d'écrivains militaires. Cependant, le décourageant augure n'avait pas entamé ma confiance.

    Voulez-vous mon avis ? dis-je repartant à l'historien Octave Aubry, correspondant du « petit Journal ». Je crois que la guerre, la vraie guerre n'aura pas lieu!

    Tout comme le major-général, Je me trompais. Simplement dans I'autre sens. La vraie guerre aurait lieu, mais elle ne durerai que trente jours. le temps d'égorger la France.

    Comme tous les Français, les Rennais ont suivi avec anxiété le déroulement des événements au cours de
    cette année 1939.

    Plus rapidement renseignés qu'en 1914 grâce à la presse qui dispose de meilleurs moyens d'information,
    et grâce aussi à la radio, ils n'ignorent rien de ce qui se passe au-delà de nos frontières.

    A Rennes d'ailleurs, comme également à Saint-Malo où se trouve une partie du régiment, on sait
    que le 41è R. l. se trouve en état d'alerte. Dès le 25 août, il commence sa mise sur pied de guerre, et
    dans toutes les compagnies on vérifie l'armement et l'équipement. On comprend que les revues de
    détails, si fastidieuses, ont cette fois, une raison d'être.

    Puis, on assiste à l'arrivée des réservistes. Quand, descendant du train ou des cars, ils traversent la ville
    pour se rendre à la Caserne Mac-Mahon, leur passage provoque des commentaires.

    Et comme en août 1914, ceux qui, en dépit des événements, se veulent optimistes, déclarent :
    « La mobilisation ce n'est pas la guerre... ».

    Mais cette fois, leurs propos ne trouvent pas d'écho. . . 

    Le 29 août, le 41è R. l. a reçu les effectifs qui lui sont nécessaires et tous ses préparatifs sont terminés.

    Dans ses deux casernes, Mac-Mahon à Rennes, et Rocabey à Saint-Malo, il attend les ordres.

    Ses hommes vivent alors une veillée d'armes qui va se prolonger pendant quelques jours . . . 


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