• Les durs combats de mai et juin 1940.

    Le 41è R. l. quitte l'Alsace, et les 17 et 18 mai 1940 il embarque à Dannemarie. Il effectue alors un voyage
    difficile car les voies ferrées sont toutes encombrées et les convois sont fréquemment bombardés.

    ll faut sans cesse modifier les itinéraires et les trains avancent lentement. Des trous d'obus et des rails tordus, disent qu'ici la guerre a déjà causé des ravages.

    Le plus grand désordre règne dans les gares où les services de renseignements sont incapables de donner la moindre indication. Les ordres qui arrivent ne font souvent que se contredire.

    De leurs wagons les hommes du 41è R. l. assistent à des scènes pénibles. Militaires en déroute et réfugiés épuisés par de longues marches, offrent un pitoyable spectacle.

    Finalement le régiment débarque mais les bataillons sont dispersés, car dans le désordre général le débarquement s'est effectué en divers endroits aux environs de Compiègne. On a même dû, à un moment donné, tellement la confusion est grande, constituer une formation temporaire groupant le 1er bataillon du 41è R.I et deux bataillons du 117. R. l.

    Le 22 mai le régiment est enfin rassemblé et il va opérer dans la partie sud du département de la
    Somme, entre Amiens et Péronne.

    Pendant les jours qui vont suivre le 41è R. l. va manifester beaucoup de courage.

    Non seulement il doit faire face à l'offensive allemande, mais il le fera dans des conditions particulièrement dures en raison de l'extrême confusion qui se manifeste sur tout le front et en raison aussi du départ
    des troupes britanniques, départ qui met le commandement français dans l'obligation de modifier à plusieurs reprises ses dispositions de combat. On sait, en effet, que la carence anglaise a imposé à nos troupes de lourds sacrifices.

    Bien souvent, au cours de ces journées, on fait appel au 41è R. l. pour rétablir des situations compromises.

    Le 24 mai 1940 le deuxième bataillon reçoit l'ordre de s'emparer de Villers-Carbonnel, au sud de Péronne. C'est la 6è compagnie qui est chargée de l'exécution de cette mission avec le concours d'une petite unité de chars.

    Après de violents combats, la 6è compagnie chasse les Allemands de Villers-Carbonnel et occupe le village où elle demeure malgré le tir de l'artillerie ennemie. Elle se prépare à progresser afin d'enlever un
    pont sur la Somme quand l'officier qui commande les chars décide de se replier.

    Privé de cet appui, le lieutenant Duchesne, chef de la 6è compagnie, est malgré tout décidé à poursuivre
    la lutte mais il reçoit l'ordre d'abandonner le terrain conquis.

    A partir de ce jour le régiment se trouve engagé dans des opérations qui ne lui laissent aucun repos. Il
    est difficile de suivre dans le détail ces opérations qui se déroulent souvent à l'échelon d'un bataillon ou
    même d'une compagnie.

    On se bat partout et partout les Bretons du 41è R. l. multiplient leurs courageux exploits.

    Le 25 mai, la 7è compagnie s'empare de Saint- Christ-Briast et oblige les Allemands à repasser la
    Somme.

    Plus au sud, la 5è compagnie occupe Epenancourt.

    Le 26 mai, le 1er bataillon, sous les ordres du commandant Hermann, reçoit la mission de s'emparer du
    petit village d'Assevillers, près d'Estrées, et de pousser ensuite jusqu'à la Somme.

    Mais Assevillers est occupé par de nombreux Allemands qui disposent de solides éléments de défense
    et qui bénéficient d'une position dominante alors que nos troupes doivent progresser sur un terrain nu et
    plat n'offrant pas le moindre abri.

    Malgré un tir violent qui lui fait subir de lourdes pertes, le 1er bataillon avance dans un ordre impeccable,
    comme s'il évoluait sur un champ de manoeuvre. Obus et balles pleuvent sans cesse sans arrêter
    sa marche.

    Hélas, l'héroïsme des hommes de ce bataillon n'est pas récompensé et, en fin d'après-midi, ils doivent se
    replier.

    Le 25 mai et pendant les jours qui suivent, le 41è R. l. se réorganise et s'installe sur des positions
    défensives avec l'ordre de tenir sur place. A ce moment il occupe Estrées, Fay, Soyecourt, Vermandovillers et Saint-Christ.

    Depuis son arrivée dans ce secteur, il a repris vingt villages et fait reculer l'ennemi. Alors que tout craque
    autour de lui, il a tenu et même progressé. ll aurait mieux fait encore s'il avait bénéficié de l'appui de
    chars . . . !!!

    Pendant ce temps trois divisions anglaises lâchaient pied dans un secteur voisin et ouvraient ainsi une
    brèche dans laquelle s'engouffraient les blindés allemands.

    Le 28 mai la 7è compagnie, attaquée par des éléments très supérieurs en nombre, doit évacuer Sain-
    Christ, mais ce village est repris le lendemain par la 6è compagnie.

    Surpris par la farouche résistance du 41è R. l. qui leur barre la route, les Allemands font venir des renforts
    afin d'écraser ceux qui enrayent leur avance.

    Le 30 mai, la compagnie qui tient Fay, repousse une attaque allemande.

    Nous voici arrivés au début de juin 1940.

    On s'attend à une nouvelle et violente offensive ennemie et le 41è R. l. se prépare à défendre un secteur
    jalonné par Fay, le bois du Satyre, Soyecourt, Foucaucourt, Herleville et Vermandovillers.

    Le régiment a, à sa droite, le 117è R. l. et, à sa gauche, le 31è régiment de tirailleurs algériens.

    Le 5 juin les Allemands attaquent en masse sur toute cette partie du front. lls mettent en action plusieurs régiments d'infanterie, une forte artillerie et des escadrilles d'avions.

    C'est une terrible ruée sur le secteur occupé par le 41è R. l.

    Partout le régiment qui, cependant, risque à chaque instant d'être submergé et écrasé, résiste magnifiquement et brise les attaques des assaillants. Chacune de ses compagnies et de ses sections s'accroche au sol et repousse les vagues ennemies qui déferlent sans arrêt.

    Chaque unité fait sienne la fière devise des poilus de Verdun « On ne passe pas ».

    Dans un bruit infernal le combat se poursuit et les avions allemands, maîtres du ciel, viennent déverser
    des tonnes d'obus sur nos soldats.

    Au sol de nombreux bataillons et des chars se lancent à l'assaut de nos positions.

    Malgré cela le 41è R. l. tient.

    Mais soudain la situation devient critique au Bois Eloilé, petit massif boisé situé entre Herleville et Vermandovillers où se trouve un détachement du 41è R. l. et une batterie d'artillerie. Les Allemands ont légèrement dépassé cette position et s'ils parviennent à s'en emparer le régiment tout entier va se trouver menacé.

    Coûte que coûte il faut donc dégager le Bois Etoilé.

    Mais comment le faire ?

    Tous les éléments du 41è R. l. sont engagés et comme il n'y a pas de réserves on ne dispose d'aucun
    renfort. Par ailleurs il est impossible de dégarnir le front sans risquer le pire.

    Seul un coup d'audace peut permettre de sauver la petite garnison du Bois Etoilé dont la situation semble
    désespérée.

    Ce coup d'audace c'est l'adjudant Tardiveau qui va le tenter. Avec deux chenillettes du ravitaillement
    qu'il arme chacune d'un fusil-mitrailleur il va réaliser un magnifique exploit.

    Le récit de cet exploit est raconté dans  le chapitre 03-C ( le combat du Bois Etoilé )

    Quand la nuit arrive, le 41è R. l. occupe toujours ses positions.

    La bataille reprend le 6 juin.

    Mars la situation du 41è R. l. est devenue pratiquement intenable, car il se trouve désormais presque
    seul. En effet, les deux autres régiments d'infanterie de la 19è D. l. viennent de connaître un sort malheureux. Dégarni sur sa gauche, le 41è R. l. peut bientôt se trouver encerclé.

    Alors que le front craque par ailleurs, le 41è R. l. a conservé le terrain qu'il avait mission de défendre.
    Ses hommes manquent de ravitaillement et ils viennent de recevoir les dernières munitions dont dispose
    le régiment. Malgré cela leur moral est bon car ils sont fiers des résultats obtenus depuis le début de
    l'offensive.

    Des positions qu'ils occupent, ils voient des colonnes ennemies se diriger vers le sud et ils entendent
    le roulement sourd des convois de camions qui roulent sur les routes voisines.

    Au 41è R. l. on ignore encore que sur presque tout le reste du front les Allemands poursuivent leur
    avance. On attend seulement la contre-attaque demandée qui doit permettre au régiment de compléter son succès et de transformer ce succès en une victoire totale.

    Hélas, cette contre-attaque n'aura pas lieu. Le commandement ne dispose d'aucun régiment pour
    entreprendre une nouvelle action et il est même incapable d'envoyer au 41è R. l. les munitions dont celui-ci
    a besoin.

    En attendant cette contre-attaque, et les munitions qui ne viendront pas, le 41è R. l. demeure sur place
    et continue de repousser l'ennemi.

    Le P. C. du colonel conserve le contact avec ses unités. Seule la 10è compagnie, encerclée dans le village de Fay, demeure isolée. On sait seulement qu'elle résiste toujours.

    C'est alors qu'à 1 h 30 du matin, le 7 juin, le régiment reçoit le seul ordre qu'il était loin de prévoir, celui de se replier . . . !!!

     

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