• Le repli du 1° Bataillon

    A 2 h 15, le matin du 7, le lieutenant Lucas, adjoint au lIeutenant-colonel Loichot, vient en side-car apporter l'ordre de se replier en direction de Montdidier au capitaine Giovanini.

    Celui-ci fait observer qu'il sera très difficile de se décrocher de Foucaucourt, en raison de la proximité de
    l'ennemi ; à l'est, les adversaires se mêlent en quelque sorte à l'ouest, nos hommes entendent les cris des Allemands.

    Immédiatement l'ordre est communiqué aux Compagnies.

    Contrairement à son attente, le capitaine Giovanini put, sans difficulté sérieuse, rassembler tout son monde et tout son matériel, en une heure, devant le P. C. du 1° Bataillon.
    A l'est, cependant, le petit groupe de Béthuel ne fut pas atteint par l'ordre, car il était entouré par l'ennemi. Essayer de le porter, était s'exposer à une mort ou à une capture certaine. Bethuel et ses 4 hommes restèrent donc sur leur emplacement. La privation totale de munitions les avait contraints à se réfugier dans la cave de la maison. Béthuel ignorant le départ du Bataillon essaiera, de bonne heure de sortir.

    Mais les Allemands étaient derrière lui, près du canon de 25, inutilement braqué désormais vers la route. A plusieurs reprises dans la journée, il renouvellera sa tentative et chaque fois des mouvements de troupes ennemies la rendront vaine. Dans l'après-midi du 7, vers 13 heures, Béthuel devra
    se rendre aux Allemands; deux de ses hommes, on l'a vu, étaient blessés. Le petit groupe fut accueilli par des menaces: les Français tuaient les brancardiers, se servaient de balles explosives; ils méritaient d'être fusillés !, L'officier ennemi déclara à Béthuel qu'il devrait les mettre à mort pour venger les 400 Allemands tombés dans l'attaque du village. Béthuel protesta que lui et ses hommes n'avaient fait que leur devoir.

    Après en avoir délibéré avec ses lieutenants, l'officier accorda enfin la vie sauve à Béthuel et à ses hommes.

    Dirigés sur Fay, ils y retrouveront leurs camarades, blessés également, de la 10° Compagnie, qui n'étaient pas encore évacués.

    Au poste de secours furent laissés 7 ou 8 blessés graves qu'on n'avait pu transporter; l'abbé Le Teuff, l'infirmier très dévoué du 1° Bataillon, demeura avec eux pour les remettre aux médecins allemands; plusieurs, de ces blessés, sinon tous, moururent sur place de leurs blessures; ainsi périrent
    Le Luduec et Traon, deux braves soldats de la 5° Compagnie.

    Le rassemblement s'effectue tranquillement pour les autres.

    L'unique chenillette, mise quelques jours avant par le Colonel à la disposition du Bataillon eût été insuffisante pour tracter les canons de 25 et emporter le matériel de combat. Deux chenillettes de la C. R. E. arrivèrent opportunément à 3 heures, sur l'initiative du lieutenant Lucas (Lucas m'a dit en avoir envoyé 5).

    A 4 heures, le 1° Bataillon se mit en marche dans l'ordre suivant, avec une grande discipline :
    La 1° Compagnie en tête, puis la 3° Compagnie, et enfin la 2°. Le Chef de Bataillon partit le dernier.

    Le moral des hommes était excellent. Ils se considéraient comme vainqueurs dans cette bataille de deux jours contre des forces bien supérieures; ils pensaient que d'autres, plus heureux, allaient les relever, avec l'appui de chars, et Ils ne parlaient que de contre-attaque. Le sergent-chef Levitre (1° Compagnie) écrit dans ses notes qu'à l'annonce faite à ses hommes de l'ordre de repli, ils ne furent pas très contents;
    ils étaient plutôt surpris que l'on partît sans attendre la relève. Pour un peu, Ils eussent refusé de quitter leurs Positions. Ils étaient très fiers, et avec raison, d'avoir tenu en échec des forces ennemies plus nombreuses et mieux armées qu'ils ne l'étaient eux-mêmes. De son côté, le sergent Bitaud
    (3° Compagnie) exprime le sentiment d'un grand nombre en ces termes: «L'ordre, tel qu'il nous fut présenté, ne pouvait être que bien accueilli; une division de chars montait nous relever; elle était même arrivée à proximité du village; nous n'avions qu'à lui céder la place! Et de fait, dans ce moment
    même, on entendait; assez lointain, mais très net, semblant venir de l'est, un grand bruit de moteurs et de
    ferraille grinçante : des chars sans aucun doute ».

    Sans aucun doute, ils étaient allemands.

    Le drame du 1° Bataillon va bientôt commencer.

    Il faut d'abord étudier la tragique retraite de la 1° Compagnie . . .

     

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