• L'étape du 41° RI

    Le 41° se mit en route à 21 heures.

    On nous avait assigné comme points d'arrêt, avant que le Commandant changeât sa décision : Angivillers, Erquinvillers, Lieuvillers, à l'est de Saint-Just. Mais ces villages brûlent.

    Le commandant Pigeon et le lieutenant Lucas d'abord, puis le lieutenant Loysel, officier de renseignements, partent en avant pour essayer d'aborder les lieux indiqués. C'est impossible, car il y a un effrayant embouteillage.

    Nous rencontrons, dans la nuit, le médecin-colonel Membrey, qui cherche à rassembler son groupe sanitaire pour le faire passer par une autre route. Nous le prenons avec nous et revenons à Angivillers, traversé tout à l'heure.

    Les fusées, par lesquelles l'ennemi signale à son aviation ou à ses autres unités son avance, montent du sol, à notre hauteur, à droite et à gauche. Comme toujours, par trois côtés nous sommes enserrés dans la nasse. On assure (mais que vaut cette assurance?) que que!ques chars français patrouillent sur notre flanc. Tant mieux, si c'est vrai! car ce serait bien utile.

    Tout passe par Angivillers, parce qu'il n'y a plus d'autre voie libre, pour la 7° D. I. N. A., la 19° Division, la 29° D. I, la 47° D. I, la 4° D. I. C. et pour des débris de divisions appartenant à la X° Armée, coupée en deux à hauteur d'Amiens, et dont une partie se dirige vers le sud-est, accroissant encore l'affreux embouteillage dans lequel se débat le 1° Corps. Le lieutenant Lucas, qui assure avec Loysel le rôle difficile d'orienteur bénévole, voit passer les éléments de 7 Divisions.

    Pendant des heures, c'est un défilé ininterrompu, où tout se confond. Dans ce carrefour le spectacle est infernal. Les hommes s'agitent, crient, jurent comme des damnés, essayant de frayer un chemin aux camions, aux lourds canons de 155 long, à tout l'attirail de sept Divisions, d'un Corps d'Armée. Quand ils se sont enfin dégagés, d'autres suivent. On ne peut s'imaginer le nombre de blasphèmes qui furent proférés cette nuit-là.

    Quelle force mystérieuse empêche l'Allemand de consommer notre ruine, de nous envelopper complètement au milieu de notre matériel, dans une position où nous ne saurions nous défendre?.

    Sans doute la faiblesse relative des éléments ennemis, engagés fortement en pointe, mais aussi le sacrifice obscur de la section Simoneaux . . .

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