• La défense de Soyécourt et de Foucaucourt ( 5 juin )

     

    La défense de Soyécourt ( 5 juin )

    Comme Fay, Foucaucourt, Estrées, Deniécourt, etc., Soyécourt est un lieu connu dans l'histoire de la guerre 1914 -1918. On s'y est âprement battu, et il a été détruit entièrement. Les Allemands l'occupaient.

    Au matin du 5 juin 1940, Soyécourt est tenu:

    A droite, au carrefour de la route d'Estrées, par la 9° Compagnie du 41° (capitaine Dunand).
    A gauche, autour de l'église, par trois sections de la 11° Compagnie (capitaine Faucbon). Nous avons vu que la section Lebreton est en avant, dans le bois du Satyre, sur la route d'Amiens.

    Il y a en outre la section de mitrailleuses de 20 mm. antichars du 1° Bataillon (commandée par le sous-lieutenant Simonneau) et trois sections de mitrailleuses de la C. A. 3 (la 4° est à Fay) et 2 canons de 75 antichars du 10° R. A. D. sous le commandement du lieutenant Leclerc de la Herverie.

    Le commandant Jan, du 3° Bataillon du 41° dirige la défense.

    La veille, dans la soirée, on a incendié et fait sauter deux fermes situées l'une à gauche de la route, l'autre à droite, à la sortie nord-ouest, parce qu'elles gênent le tir de nos armes automatiques. On a fait disparaître également un hangar rempli de paille, situé à 500 mètres sur le chemin de Foucaucourt.

    A 3 h 30, le 5 juin, comme pour toute la Division, un violent bombardement annonce que l'attaque est déclenchée. A travers le bois, au nord, on aperçoit déjà les incendies qui dévorent Estrées. Une fumée âcre et noire, chassée par le vent, nous vient de ce village; le bombardement fait rage; les obus s'abattent sur Soyécourt. Un 105 déchiquète, près du P. C. de la 11° Compagnie, le soldat Le Crosnier. Puis des
    escadrilles de bombardiers ennemis surviennent; les bombes descendent en sifflant; leur éclatement provoque des secousses formidables; les avions semblent chercher les mitrailleuses de 20 (antiaériennes). Les entonnoirs sont tout proches du matériel et des abris; rien n'est touché. Une fois
    de plus, les trous étroits et profonds prouvent leur efficace protection. Le jour s'est levé. On sent nettement que l'effort ennemi se fait à l'est, sur Estrées, Belloy. Aucune nouvelle de Fay. Il n'est plus possible d'envoyer un agent de liaison, car notre observatoire signale des masses compactes de chars d'assaut ennemis en direction de I'est ; on les voit défiler en formation profonde dans les terres à blé; ils dépassent déjà Deniécourt et foncent vers le sud. Ils sont hors de portée de nos 25 et de notre 75 (1). En même temps, nous hésitons à ouvrir le feu sur des hommes qu'on aperçoit à la lisière du bois du Satyre... Cependant, nous aurons bientôt la certitude qu'il s'agit de « Feldgrau », et que jamais Fay n'a eu l'idée d'un repli. Nous exécutons alors sur ces éléments d'infanterie ennemie des tirs efficaces à la mitrailleuse, au mortier de 81, et même à la mitrailleuse de 20. Toutes les lignes téléphoniques sont coupées. La liaison est assurée avec Vermandovillers par motos « et par E. R. 17 ». (Journal de
    marche du 3° Bataillon) On peut même y venir à pied comme je l'ai fait moi-même.

    Les vagues allemandes, venant du nord, ont, en effet, dépassé la route d'Amiens. Elles se sont heurtées à la vaillante section Lebreton qui livre un courageux combat dans le bois du Satyre. Elle y tiendra jusqu'au soir. Mais par la droite et par la gauche, elles débordent le bois et s'approchent à 400 mètres de Soyécourt, où elles sont accueillies par le tir vigoureux de toutes nos armes.

    Aussi vers 9 heures, l'attaque se ralentit. Nos 75 et nos mortiers ont nettoyé la crête autour du bois. Un agent de liaison de la section Lebreton, réussit à ramener l'infirmier allemand fait prisonnier par Henri Corre.

    (1) Cependant le capitaine Fauchon écrit que le 75 de son point d'appui fait
    flamber un de ces chars qui débouchait de derrière la corne du bois sur la route
    d'Estrées a Soyécourt.

    Vers 10 heures du matin, Albert Quiblier, mitrailleur de la 4° section de la C. A. 3, en position à la sortie nord-ouest de Soyécourt, au delà de la maison brûlée, voit passer des camions chargés d'hommes. Quiblier m'assure qu'on défendit aux mitrailleuses de tirer, parce que l'on croyait que ce pouvait être des soldats du 117° qui se retiraient d'Estrées. C'était oublier qu'il n'y avait pas de camions à la disposition
    du 117°, à Estrées, ce ne pouvait être que des Allemands.

    Dans la matinée, le capitaine Fauchon s'en va dans le bois du Satyre, avec un groupe de la 11° Cie, accomplir la mission de dévouement.

    Vers le soir, trois auto-mitrailleuses ennemies venant d'Estrées sur Soyécourt dépassent la corne sud du bois, à droite. Le 75 ouvre le feu de trop loin; elles s'en vont, sans être, me semble-t-il, endommagées.

    L'ennemi s'est infiltré dans tout le bois.

    La section Lebreton, bien réduite, reçoit l'ordre, au crépuscule, de se retirer sur Soyécourt. Son mortier de 81 avait rejoint déjà.

    Les bombardiers allemands viennent, dans la journée, lancer leurs bombes sur les batteries de 75 du 10° R. A. D. et du 304° R. A. P., installées dans le bois Étoilé et sur le chemin d'Herleville. Aussi beaucoup de tirs demandés ne sont pas exécutés.

    Depuis hier soir, nos observateurs signalent des convois de voitures blindées sur les routes, au nord et à l'est de Soyécourt. L'encerclement commence. Pendant plus de 30 heures, sans arrêt, le jour comme la nuit (mais alors avec les feux allumés) les chars, les camions, les voitures de tout genre, défilent.

    L'on ne pouvait leur opposer, sur la droite de Soyécourt, dans le secteur de la 9° Compagnie, qu'un canon de 25, 1 mitrailleuse, 1 canon de 75 incapables de les atteindre efficacement.

    Maintenant la nuit est venue; elle est calme. On voit, vers le sud, monter les fusées ennemies.

    L'on ignore qu'à Estrées, à Deniécourt pourtant si proches, le 1° Bataillon du 117° a succombé.

    On met la nuit à profit pour faire le ravitaillement en munitions. . .

    La défense de Foucaucourt.

    La défense de Soyécourt et de Foucaucourt ( 5 juin )

    Foucaucourt, assez gros village tout en longueur, s'étale sur les deux côtés de la route d'Amiens à Saint-Quentin. Il a été à peu près entièrement détruit, nivelé, pendant la bataille de la Somme, de juillet à novembre 1917; la ligne de démarcation des deux armées passait entre Foucaucourt et le bois du Satyre, Foucaucourt était entre nos mains, le bois du Satyre était occupé par les Allemands qui y avaient de nombreux abris, et des positions de batteries encore visibles aujourd'hui. Un poste de commandement allemand était installé sous le petit pont qui livre passage à la voie de 60.

    A 1500 mètres au nord, court, parallèlement au village, une ligne de bois épais, de Chuignes à Dompierre, très propres à couvrir les mouvements de l'ennemi. Entre ces bois et Foucaucourt la plaine est parfaitement plate, et offre un bon champ de tir à nos mitrailleuses, mais aussi se prête aux manœuvres des engins blindés.

    A l'est, rien n'arrête la vue jusqu'au bois du Satyre, qui descend du nord-ouest de Fay à Soyécourt; les dernières maisons se trouvent à proximité d'une route conduisant à Soyécourt.

    Au centre, la route qui relie Chuignes à Vermandovillers coupe celle d'Amiens; un mauvais chemin se détache vers Lihons; il est légèrement encaissé entre Herleville et Vermandovillers, en face du bois Étoilé. Ce bois va être aujourd'hui le théâtre d'un rude combat qui tournera heureusement au désavantage de l'ennemi, je le raconterai plus loin quand il sera question d'Herleville.

    Un chemin circulaire enveloppe Foucaucourt et forme un léger bourrelet, susceptible de gêner un peu la vue de nos mitrailleuses.

    A l'ouest enfin, au nord de la route d'Amiens, on remarque une très légère crête, d'un mètre environ, dont les Allemands se serviront pour leur approche.

    Tous ces détails seront utiles à l'intelligence du combat de Foucaucourt.

    Le 1° Bataillon du 41°, sous les ordres du commandant Hermann, s'était retranché aussi bien qu'il l'avait pu dans ce point d'appui; des barricades avaient été dressées aux issues, des mines semées par le Génie sur les toutes et dans les champs.

    Hermann ayant été appelé au commandement du 22° Étranger le 3 juin, le capitaine Giovanini, venu du
    117° R. I, l'avait remplacé.

    La garnison était composée de la section de Commandement, de la C. A. 1, d'une section de la C. R. E. (deux canons de 25 et deux mortiers de 60), des 3 Compagnies de voltige, et de quelques sapeurs.

    Elle était ainsi répartie :
    Le P. C, de Bataillon et la Section de Commandement, dans la deuxième maison après le poste de secours, à droite de la route de Vermandovillers, à 300 mètres environ avant le carrefour central.
    La 1° Compagnie (lieutenant de Saint-Sever) occupe le secteur est, depuis l'église (exclue) jusqu'au carrefour de la route de Soyécourt, au nord de la route d'Amiens.

    Elle s'échelonne dans l'ordre suivant, de la gauche à la droite: .
    La 1° section (lieutenant Sebag), à gauche de la route de Chuignes; elle tenait aussi, au sud de la route d'Amiens, la mairie-école et le jardin de l'école (groupe du sergent Morazin).
    la 2° section (adjudant Héry), à droite de la route de Dompierre.
    la 3° section (adjudant-chef Rochard), plus à droite, orientait son tir vers Dompierre.
    la 4° section (sous-lieutenant Primel), occupe la droite du secteur; elle a détaché, un peu en pointe vers l'est, dans les dernières maisons, le groupe du sergent (abbé) Béthuel; deux barricades sur la route encadrent ce groupe Isolé, qu'appuie un canon de 25 de la C. R. E. placé un peu en arrière, dans une forge dont le mur a été percé d un créneau, non loin de ce canon, et sur le même côté sud, se tenait une
    partie des voltigeurs de Béthuel. La mission de Béthuel est de se battre et de défendre le carrefour est. Un petit boqueteau se trouvait au sud, et non loin de Béthuel.

    La 3° Compagnie (lieutenant Herzog le 5, sous-lieutenant Goudineau le 6), garde le secteur ouest, à partir de l église, au nord de la route.

    La 3° section, sergent-chef Besnier, à droite de la rue perpendiculaire à la route d'Amiens, dans la région du Calvaire, face au nord.
    La 2° section, sous-lieutenant Goudineau (à partir du 6 : sergent (abbé) Armand Bitaud), à gauche de cette rue, face au nord-ouest.
    La 4° section, sergent-chef Morin, en arrière et à gauche de la 2° section, du côté du cimetière, en flanquement du dispositif.
    La 1° section, sous-lieutenant Agnès, au sud de la route d'Amiens, en réserve.

    Une section de mitrailleuses est placée entre la grange située tout au bout de cette rue perpendiculaire et la ferme qui servait de pivot à la section Goudineau.

    L'observatoire de la 3° Compagnie fut d'abord établi dans cette grange, puis, après sa destruction, un peu au sud, dans une ferme, en face du P. C. de la Compagnie.

    La 2° Compagnie (lieutenant Servais) défend le sud du village, à droite et à gauche de la route de Verrnandovillers : elle protège les arrières du 1° Bataillon.

    Les armes automatiques avaient été placées:
    Le canon de 25 de Bernard, de la C. R. E.dans un bouquet d'arbres isolé, au nord-est de l'église.
    Le canon de Hubert de Goesbriant, C. A. I, dans un jardin, à gauche de la route menant à Dompierre; deux mitrailleuses l'encadraient, celle du caporal Glotain, à gauche, celle du caporal Delarose, à droite.
    Un autre canon de la C. R. E., derrière le groupe Béthuel pour battre la route Estrées-Soyécourt, à l'est.
    Un dernier canon, enfin, au sud de la route dl'Amiens à gauche de la mairie-école, pour la défense sud.
    Des trois mortiers de 60, le premier se trouvait derrière le canon de 25 de Goesbriant, le deuxième au sud du P C de Bataillon et du poste de secours, près de la route de Vermandovillers et du canon de 25 du caporal Arondel pointé vers le sud; le troisième au nord-ouest de l'église . . . 

     

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