• La chute de Chaulnes

    De Chaulnes où se trouve l'I. D., on ne répond plus aux appels du 41° R. 1. Vers 8 h 30, ce sera fini.

    La nuit a été marquée par le bombardement des P. A.

    Chaulnes en, particulier est soumis à un bombardement intensif par avions, qui détruit de nombreux immeubles, notamment le bureau de la Poste (en face du P. C. établi dans la maison du notaire) où se trouvait le central des transmissions.

    Du côté ennemi, la nuit paraît être marquée par le ravitaillement des chars, qui signalent leur présence par
    des fusées.

    De notre côté, au petit jour, les Capitaines Berthelot et Cazeau apportent toute leur activité à unifier et coordonner les mesures de défense prises à l'intérieur du centre de résistance.
    Le 6 juin, au jour, l'ennemi continue son travail de réduction des points d'appui, par des attaques d'infanterie et chars, avec effort sur l'axe Pressoir-Chaulnes-Roye.

    Au P. C. de l'I. D., les communications ne fonctionnent plus avec la D.I.

    Avec les Régiments, elles se limitent au 22° R. V. E. qui répond seul aux appels.

    Pressoir, P. C. du 117° R. I., tombe aux mains de l'ennemi à 5 h 30 (plutôt 6 h 30 - voir ce que j'ai écrit précédemment).

    L'effort de l'adversaire se porte alors sur Chaulnes.

    Des chars ennemis, suivis d'infanterie, pénètrent dans la partie nord de cette localité et attaquent au canon les immeubles occupés par les pionniers et les éléments du C. 1. D., qui défendent les barricades du P. A. formant réduit.

    Un duel s'engage entre les chars et les pièces de 47.

    A 7 h 30, le Commandant de la B. D. A. C. rend compte qu'il n'a plus aucune pièce en état de tirer.

    A 8 heures, se présente au P. C. de l'infanterie divisionnaire un officier allemand qui demande
    au colonel Paillas de faire cesser le feu pour éviter une effusion de sang inutile.

    Cet Officier venait du P. C. du général allemand déjà installé dans la mairie, sur la place de l'église (témoignage du capitaine Berthelot).
    Il était sans arme et en bonnet de police, accompagné du Commandant de la B. D. A. C. Il demanda très correctement au Colonel français de le recevoir. Il fit valoir, en faveur de la reddition immédiate, que la garnison s'était très bien battue; nos équipes antichars étaient maintenant hors de combat; nous étions attaqués dans la région de Chaulnes par 3 divisions, et complètement bloqués par les chars; toute résistance était actuellement vaine, et ne pourrait que causer des victimes inutiles; la ville serait écrasée
    en 1h 30 si l'on ne se rendait pas.

    Le colonel Paillas refusa et le combat continua.

    Des fantassins ennemis, bientôt suivis par un char, pénètrent dans la rue principale, et les défenseurs refluent vers le P. C. de l'I. D. qui tombe aux mains de l'ennemi vers 8 h 30.

    II faut signaler une perte douloureuse, en ce matin du 6 juin.

    Le lieutenant Percerou, professeur agrégé à la Faculté de Droit de Rennes, est frappé mortellement en servant une mitrailleuse. Percerou était adjoint au colonel Javourey, du 210° R. A. L. D.; il mourut le lendemain à Saint-Quentin.

    Le colonel Paillas loue et admire son grand courage.

    Après la reddition de Chaulnes (après 8 heures du matin par conséquent), un Général de la 1° Panzerdivision s'arrêta à Chaulnes et fit venir le colonel Paillas. Le Général posa au Colonel quelques questions: mais celui-ci répliqua en allemand qu'étant soldat, il n'avait pas à répondre et
    tourna les talons.

    Il y avait à ce moment là 800 prisonniers environ, sur la place. Pendant l'arrêt du Général, on les obligea à se coucher tous sur le sol. On craignait sans doute qu'ils ne tirassent sur lui!

    Les officiers prisonniers ne furent pas interrogés.

    Jusqu'au matin du 3 juin, le P. C. de la D. I. avait été
    installé à Chaulnes; il fut transféré ce jour là à Rouvroy.

    Heureusement, car il eût été pris, et nous eussions été sans commandement ! Par la radio, nous restions en communication avec le général Lenclud.

    Ainsi, en ce matin du 6 juin, notre situation devient tragique:
    la ligne de résistance que constituait la division a été rompue au centre, parce que l'ennemi a fait porter sur ce point l'effort d'un millier de chars; les deux extrémités demeurent; celle de gauche (41°) n'est pas encore enveloppée par l'ouest à cause de sa liaison avec la 7° D. I. N. A.; mais celle de droite (22° Étranger) ne s'appuie plus sur rien, et si l'on regarde le plan, l'on voit que les routes vers l'arrière lui
    sont fermées, par où pourrait lui venir le ravitaillement en vivres et en munitions. Je ne dis pas les renforts, car il n'y a pas de troupes derrière nous! Et si nous n'avions pas tenu hier, ce matin les auto-mitrailleuses ennemies eussent pu se présenter devant Compiègne, ou se répandre sur les arrières des divisions qui combattent encore sur l'Aisne.

    Si l'on y songe, on appréciera mieux le sacrifice accepté par les restes de la 19° Division et sa lutte courageuse.

    Aujourd'hui 6 juin, l'Allemand va pouvoir utiliser ses chars contre le 22° Étranger; il se réserve d'achever demain le 41° R. I.

    Pour le 22° Étranger, il n'y a plus qu'à combattre jusqu'à l'épuisement total des munitions (il n'y en a presque plus); jusqu'à la mort, obéissant ainsi à la terrible consigne donnée par le général Weygand. 

    L'encerclement est complet . . . 

    « La fin su 117° RI à PressoirSoyécourt »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :