Le dimanche 17 mars, la commune de Saint-Méen le Grand a honoré la mémoire de Louison Bobet, enfant du village, à l'occasion du trentième anniversaire de sa disparition, survenue le 13 mars 1983. Après la messe dominicale, un cortège s’est rendu sur la tombe du champion, au cœur du cimetière qui jouxte l’abbatiale de Saint-Méen le Grand.
Là, un hommage a été rendu par Pierrick Génetay, président de l’association des Amis de Louison Bobet, en présence notamment de la sœur du cycliste et du frère de Louison, Jean Bobet, également champion cycliste dans les années 1950, journaliste sportif et écrivain.
L’Office a invité quatre porte-drapeaux, par l’intermédiaire de Jean Piron, président de la section U.N.C de Saint-Méen.
Après la cérémonie, un vin d’honneur a été servi à la mairie de Saint-Méen à l’invitation du maire, M. Michel Cottard. A cette occasion, le directeur du service départemental de l’ONACVG d’Ille-et-Vilaine a souligné l’exemple donné par Louison Bobet, engagé dans les rangs des F.F.I à 19 ans pour participer à la Libération de la Bretagne et du pays. La famille Bobet a ensuite échangé avec les représentants des associations d’anciens combattants sur l’occupation et la libération de la commune en évoquant leurs souvenirs communs.
Ce passage peu connu de la vie de Louison Bobet fait du champion cycliste une icône au-delà de son palmarès. Il en fait un exemple d’engagement citoyen
TEMOIGNAGE D'EMILE ELAUDAIS : « j’étais dans la même compagnie FFI que Louison Bobet »
Lorsque les Allemands sont arrivés en 1940, j’avais 16 ans. Je me souviens bien de leur arrivée puisque j’étais en train de couper du foin avec une faux dans un champ à Beignon, tout près de la forêt de Paimpont dans le Morbihan. Tous les chevaux avaient été réquisitionnés à la déclaration de la guerre, c’est pourquoi nous étions nombreux à travailler dans les champs. J’ai passé l’ensemble de l’occupation allemande à Baulon, au sud-ouest de Rennes. Dès 1943, j’ai participé avec plusieurs camarades à la Résistance, notamment du côté des Forges de Paimpont. Nos actions se sont renforcées au moment du débarquement du 6 juin 1944. On coupait des poteaux pour rompre les communications, on changeait les panneaux directionnels de sens, et il nous est même arrivé d’abattre des arbres pour bloquer la route aux troupes allemandes.
A Baulon, j’ai rencontré celui qui allait devenir le capitaine Jubin. Militaire de carrière, ancien prisonnier de guerre, c’est lui qui est devenu en 1944 le commandant de la 12ème compagnie de FFI.
Dès que j’ai pu, je me suis donc engagé dans les FFI, sous les ordres du capitaine Jubin. Dans cette section figurait Louison Bobet avec qui j’ai combattu. Je me souviens bien de lui, c’était un bon copain. Il avait déjà du caractère puisque c’est le seul qui ne voulait pas porter des bandes molletières. Nous avons combattu ensemble sur les fronts des poches de SaintNazaire et de Lorient. C’est d’ailleurs à Locoal-Mendon qu’il a rencontré sa première femme.
A la fin de la guerre, Louison est reparti vers d’autres activités. Moi, je me suis engagé pour deux années supplémentaires dans l’armée. Je faisais partie du 159ème Régiment d’Infanterie Alpine. J’ai défilé avec l’ensemble des Alliés le 8 mai 1946 à Berlin, près de la porte de Brandebourg. Les Russes et les Américains n’étaient pas très bien vus à Berlin. Ensuite, j’ai effectué une carrière dans la police, du Maroc à Vannes. C’est d’ailleurs dans la préfecture du Morbihan que j’ai recroisé Louison lors du Tour de France 1954. Alors au sommet de sa gloire, je suis allé le saluer sur la ligne de départ lors de la 8ème étape. S’il ne m’a pas reconnu au départ dans ma tenue de policier, son regard a changé lorsque j’ai enlevé ma casquette : « Mimile ! je ne t’avais pas reconnu ! »
J’ai pourtant attendu l’année 1983 et son passage dans ma ville de résidence, à Noyal-Chatillon, lors de la course cycliste portant son nom, pour qu’il me signe un autographe derrière notre photo de groupe prise en octobre 1944. C’était il y a déjà 30 ans, quelques semaines avant sa mort . . .