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Les heures douloureuses de juin 1940

Quand le 7 juin 1940, à 1 h 30 du matin, le colonel Loichot reçoit l'ordre de repli qui lui est apporté par
un officier de l'Etat-Major de la Division, il commence par protester énergiquement.

En effet, le régiment est brutalement mis dans l'obligation de quitter le terrain qu'il a victorieusement
conquis et défendu et le repli qui lui est ordonné va l'obliger à traverser une zone de 15 kilomètres déjà
occupée par l'ennemi.

En outre, les hommes déjà épuisés par l'effort qu'ils viennent de fournir doivent rompre le contact avec
un ennemi qui les menace et gagner une nouvelle position éloignée de 30 kilomètres.

Mais les instructions sont formelles et le colonel Loichot doit s'incliner.

Toutes les compagnies sont alors alertées, sauf la 10è compagnie qui demeure isolée dans Fay où elle
va combattre courageusement jusqu'au moment où, réduite à un effectif squelettique et privée de ravitaillement, elle se trouvera dans l'obligation de cesser la lutte.

Le 1er bataillon quand il reçoit l'ordre de repli se met en route avec l'itinéraire suivant : Lihons, Rosières
et Caix pour gagner ensuite Davenescourt où le régiment doit se rassembler. Mais, pour lui, cette marche
sera un véritable chemin de croix . . . A diverses reprises il se heurte à l'ennemi et ses pertes sont lourdes
en tués, blessés et prisonniers. A Beaufort-en-Santerre toute une section est cernée et fusillée.

Le 2è bataillon, plus heureux, parvient sans trop de difficultés au point de rassemblement.

Le 3è bataillon, privé de la 10è compagnie demeurée comme nous l'avons dit à Fay, rejoint lui aussi
Davenescourt, mais une autre de ses compagnies, la 11è, est surprise par l'ennemi près de Caix et en partie décimée. Ceux de ses hommes qui échappent à la mort doivent se rendre.

Quand ce qui reste du régiment est réuni à Davenescourt, un nouvel ordre de repli lui parvient et une
étape de 50 kilomètres le conduit au sud-ouest de Montdidier.

Le 8 juin, vers 16 h 30, nouveau recul . . . L'avance allemande se poursuit et déjà des éléments blindés
attaquent le 41è R. l. Il faudra cette fois encore un nouvel acte d'héroïsme pour éviter un désastre.

Chargé avec une section de mitrailleuses et la section de l'adjudant Le Moal de tenir le point d'appui
d'Ansauvillers, le sous-lieutenant Simonneaux arrête l'ennemi et pendant plusieurs heures le tient en échec.

Les Allemands attaquent avec force les deux sections qui lui barrent la route mais il ne parvient pas
à forcer le passage. De chaque côté il y a de nombreux morts et blessés. Six engins blindés allemands
sont détruits.

Finalement la courageuse résistance du sous-lieutenant Simmoneaux et de ses hommes permet au
41è. R. l. et, également, à d'autres unités de se retirer.

Maintenant le régiment se dirige vers Sainte-Maxence et il franchit l'Oise.

Le 10 juin, le 41è R. l. prend position pour défendre les ponts de Boran et de Précy-sur-Oise, à l'ouest de
Chantilly. ll doit à cet endroit interdire le passage de l'Oise.

Cette fois encore il faut tenir et c'est aux hommes du 41è R. l. que l'on demande un nouvel effort tandis
que d'autres unités, moins disciplinées, s'enfuient dans un désordre invraisemblable.

Lisez ce qu'écrivent les lieutenants Lucas et Hervé dans leur ouvrage:

Le 11 juin, n'ayant plus de nouvelles d'une section d'un régiment du midi, le . . . !!! installée en tête de pont sur l'autre rive, à Précy, pour signaler l'approche de l'ennemi avant de se replier en barques, le commandant Jan envoie l'adjudant-chef Denmat avec une patrouille de six hommes de l'autre côté de la rivière, à 13 h 00 . L'adjudant est de retour vers 14 h 00 . Il ramène six prisonniers allemands, dont un sous-officier . . . par-contre, aucune trace de la section du . . . R.I, qu'on soupçonne fort de s'être volatilisée sans crier gare. Le lieutenant commandant la compagnie du  . . . R.I n'est pas fier de ses Méridionaux qui, bien que 40, se sont éclipsés sans tirer un coup de fusil alors six hommes du 41è R.I trouvent le moyen, en une heure, de ramener six prisonniers. Gloire aux Bretons.

 Laissant les autres s'enfuir, le 41è R. l. tient. Il se bat avec désespoir et cela dans une confusion extrême
car les Allemands ont réussi à passer l'Oise.

La situation semble alors désespérée et le colonel Loichot prend la décision de faire brûler le drapeau
pour qu'il ne tombe pas entre les mains de l'ennemi.

Le 12 juin, le régiment lance une attaque et parvient à rejeter les Allemands de l'autre côté de la
rivière. Mais ce succès est sans lendemain car l'ennemi ayant franchi l'Oise sur la droite menace le 41è R.I d'encerclement.

Et c'est encore un décrochage.

Le 13 juin, le 41è R.I est transporté en camions aux portes de Paris, du côté de Noisy-le-Grand où il ne
reste que quelques heures, puis il est dirigé sur Ormoy.

Ainsi l'Oise, la Marne et la Seine ont jalonné sa retraite.

En même temps qu'il se retire, le 41è R.I. apprend le 14 juin que les Allemands viennent de faire leur
entrée à Paris.

Embarqué dans des conditions difficiles le 15 juin à Ballancourt et à la Ferté-Allais, le régiment se rassemble dans la soirée du 16 juin au sud d'Orléans, non loin de la Ferté-Saint-Aubin.

Désormais chaque heure qui passe apporte des nouvelles déprimantes. La confusion est extrême et les éléments de l'armée française qui résistent encore sont isolés sans la moindre liaison avec les autres
unités.

Le 41è R. l. est de ceux qui continuent à se battre.

Encerclés, les derniers hommes du 2è bataillon sont faits prisonniers et le colonel Loichot lui-même tombe
aux mains de l'ennemi.

C'est alors le commandant Jan qui prend le commandement du régiment.

Exténués, ayant luttés jusqu'au dernier moment, les rescapés du 41è R. l. arrivent enfin le 24 juin à Laroque-des-Arcs, près de Cahors. L'effectif est réduit à 17 officiers, 63 sous-officiers et 446 hommes de troupe.

Les autres ?
tués, blessés, disparus, prisonniers . . .

Les tombes qui jalonnent la route suivie par le régiment depuis la Somme jusqu'à laroque-des-Arcs
constituent un triste mais éloquent témoignage. Elles disent quel fut le calvaire du 41è R. l.

Dans la soirée du 24 juin, on apprend que la tragédie vient de prendre fin. l'armistice est signé.

Au début du mois de juillet 1940, le régiment se rend dans la région de Limoges ou la 19è D.I va être dissoute.

Et c'est là, dans la petite localité de Saint-Priest-Ligoure que le 41è R. l. disparaît.

Ses hommes sont démobilisés et ils regagnent la Bretagne.

ll faut avant de clore ce chapitre de l'histoire du régiment rendre à celui-ci l'hommage qu'il mérite.

Certes en 1940 le 41è R. l. a connu, comme toute l'armée française, l'amertume de la défaite. Mais s'il
a tout perdu, son honneur est demeuré sauf.

Courageux au combat il ne s'est jamais replié que sur ordre et alors qu'il ne pouvait plus lutter. A de
nombreuses reprises ses officiers, sous-officiers, caporaux et soldats ont multiplié les actes de bravoure et d'héroisme.

Ceux qui ont été faits prisonniers l'ont toujours été en combattant, les armes à la main, et seulement après
avoir épuisé leurs munitions.

Enfin ceux qui ont vécu les heures pénibles de la retraite sont toujours demeurés fidèles aux traditions
de leur régiment. Alors qu'autour d'eux tout s'écroulait . . . et que tant d'unités se débandaient dans une
pagaille inimaginable - ils ont donné un bel exemple de discipline. S'ils ont dû reculer ils ne se sont jamais
enfuis. Et jamais, non plus, ils n'ont abandonné ceux qui avaient l'honneur de les commander.

Cela il faut le dire.

Afin que les jeunes qui portent aujourd'hui l'écusson du régiment sachent bien qu'ils peuvent être fiers
de leurs aînés, de tous leurs aînés.

D'ailleurs les mérites du 41è R. l. ont été reconnus comme le prouvent les termes de la citation dont, à
ce moment, il fut l'objet.

Et cette citation porte la signature d'un grand chef, celle du général Weygand,

C'est également le général Weygand qui à la même date, épingle la médaille militaire sur la poitrine
de l'adjudant Tardiveau, le héros du Bois Etoilé.

Dissous au début de juillet 1940 à St-Priest-Ligoure, le 41è R.I est reconstitué le 28 août 1940 à Brive,
avec des effectifs Bretons et Normands, en vertu de la clause du traité d'armistice qui prévoit la mise en
service d'une armée de 100 000 hommes.

ll demeure alors en Corrèze, deux de ses bataillons étant cantonnés à Brive et le troisième à Saint-Yrieix,
jusqu'au mois de novembre 1942 époque à laquelle il est dissous une nouvelle fois, en même temps que
l'armée d'armistice, lors de l'arrivée des troupes allemandes en zone libre.

Toutefois, avant sa disparition, ses officiers parviennent à camoufler son matériel et son armement qu'ils
refusent de livrer à l'ennemi. . . 

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