Le G.R.D.21
Lihons est un gros village du Santerre; détruit pendant l'autre guerre, il a été reconstruit; son église, fort jolie, était neuve. Deux kilomètres séparent Lihons de Vermandovillers, au nord; de Chaulnes, à l'est, de Rosières, à l'ouest.
Sa garnison était constituée par le G. R. D. 21, la C. H. R. du 41° R. I. et son train de combat, le P. C. du 304° Régiment d'Artillerie portée, venu en soutien de la Division. Des 75 et des 155 sont en batterie à Lihons.
L'escadron motocycliste du G: R. occupe la lisière ouest, l'escadron à cheval, la lisière nord, l'escadron de mitrailleuses, la lisière sud. Les hommes du 41° coopèrent à la défense et ont creusé des tranchées.
Vers minuit, le 5 juin, un violent tir d'obus fusants s'abat sur Lihons pendant une demi-heure environ. Les dégâts sont peu importants, et la garnison ne souffre pas de ce tir.
A 4 heures du matin, le bombardement recommence par fusants et percutants. De nombreux obus tombent sur le village; plusieurs maisons sont détériorées. La lisière nord-nord-ouest est spécialement atteinte; néanmoins, il n'y a pas de victimes.
Vers 4 h 30, dans le jour naissant, on entend un sourd vrombissement. Une dizaine d'avions allemands, en ligne de file apparaissent ; ils se préparent à piquer et, par trois fois, descendent, lançant de petites bombes qui font à peu près les mêmes trous que les obus de 77. Elles glissent vers leur but, en s'accompagnant d'un sifflement strident, comme celui d'une sirène. Quelques maisons sont touchées; il y avait aussi quelques blessés.
Vers 5 heures, accalmie. Les téléphonistes du G. R. en profitent pour réparer leurs lignes coupées. Peine inutile, car le bombardement reprend bientôt. Les chars allemands, qui ont rapidement progressé, arrivent sur le village et le débordent, sans essayer d'y pénétrer, ou sans le pouvoir.
Car ils sont accueillis par nos canons de 25, et les pièces du 30° R. A. P. tirent à bout portant. Il semble que plusieurs chars soient mis hors de combat; les autres s'en vont.
Un témoin, le sergent Gandon, de la C. H. R. note que si Lihons put être défendu avec succès jusqu'au bout, on le doit aux pièces lourdes de nos camarades artilleurs. Présence opportune, car le G. R. D. 21 n'a que 4 canons de 25 antichars à opposer aux engins blindés qui eussent pu entrer dans Lihons par 7 ou 8 routes.
Les avions allemands continuent de survoler le point d'appui,mais à ce moment ils ne bombardent plus.
Le calme se rétablit peu à peu. Les premiers blessés arrivent au poste de secours.
Vers 9 heures, le G. R. D. a son premier mort de la journée. Les blessés sont maintenant nombreux, surtout au groupe du canon de 25 de l'escadron hippomobile, déjà si éprouvé le 19 mai.
Deux obus, lancés par un char, atteignent la coupole et la sacristie de l'église.
Pendant l'après-midi, les hommes de la C. H. R. du 41° s'organisent, selon la mission qui leur est indiquée. Par une chaleur accablante, ils creusent des trous individuels, surveillés par les appareils ennemis de reconnaissance, qui continuent de tourner au-dessus de Lihons.
Les prisonniers faits par le 10° R. A. D. au Bois Étoilé, et par le 41° à Herleville, arrivent; leur vue donne un
courage nouveau à nos hommes.
Vers 19 heures, les avions allemands laissent tomber quelques bombes; l'alerte n'est pas sérieuse.
A 21 heures, l'abbé Sérouet, qui sert d'aumônier au G. R., conduit au cimetière le corps du cavalier Paul Robert, tué le matin; l'escadron motorisé rend les honneurs. Ce 5 juin, le G. R. D. n'a que 2 tués, mais les blessés sont nombreux, et plusieurs sont gravement atteints.
La nuit est venue. Plusieurs engins blindés sont tapis dans un petit bois, à 700 ou 800 mètres à l'est, dans la direction de Chaulnes.
Les heures s'écoulent dans le calme; vers minuit, des avions ennemis lancent des fusées et jettent des bombes sur le village.
Le 117° RI dans l'attaque
L'histoire du 117° RI, le 5 juin, et le matin du 6 pourrait se résumer en quelques mots: il a été emporté par la vague des 1000 chars allemands qui a déferlé sur lui d'abord.
Mais ce ne fut pas sans avoir, opposé une farouche résistance, comme on va le voir par les détails qui suivent, précieux à enregistrer.
le 1° Bataillon
Le 1° Bataillon occupe deux points d'appui :
Estrées, sur la route d'Amiens à Saint-Quentin, avec les 1° et 3° Compagnies.
Deniécourt; à 1 kilomètre au sud d'Estrées. Autour du P. C. du chef de bataillon Pierret sont groupées la 2° Compagnie et une partie de la C.A.1