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Le 3° Bataillon du 41° RI à Estrées-Deniécourt et Fay

Le matin du 23 mai, à 3h00, le bataillon passe par le bois des Loges et poursuit sa marche par Crapeaumesnil et Any, passe l'Avre à Roiglise; des avions allemands survolent la colonne qui se dirige sur Puzeaux  près de Chaulnes par carrepuis, Liancourt, Fonchette; cette longue étape ne s'achève qu'à la tombée de la nuit. Le bataillon, toujours survolé par l'aviation ennemie, construit des barricades aux issues de Puzeaux.

Le lendemain, 24 mai, traversant Chaulnes, Vermandovillers, Soyécourt, le bataillon monte en marche d'approche pour occuper Estrées-Deniécourt, que le G.R.D.21 est venu reconnaître. A 8h00, les compagnies se mettent en route, La 10° et la 9° en première échelon, suivies des mitrailleuses et de la 11° en deuxième échelon.

Trois avions ennemis lancent des bombes et mitraillent à basse altitude, près du bois, à la sortie de Chaulnes. Les premiers obus fusants ennemis apparaissent au-dessus et en arrière du bois situé entre Soyécourt et Estrées. Au débouché de ce bois, la 11° traverse en ordre un tir de barrage qui tue les soldats Ramel et Le Bris, et fait quelques blessés. Auparavant la 9° Cie, quelque peu désaxée vers la droite, avait pris contact avec l'ennemi et s'était arrêtée au sud-est d'Estrées. dans Estrées, le commandant Jan arrête le reste de son bataillon et s'y organise défensivement. La 11° Cie, reforcée d'une section de mitrailleuses, se forme en deux points d'appui fermés dans la partie ouest. Nos feux d'armes automatiques arrêtent des éléments isolés d'infanterie venant de Fay et d'Assevillers. On perçoit le bruit de la fusillade contre le 22° Etranger qui attaque Berny. L'artillerie donne de part et d'autre. On est sans liaison avec la gauche.

Le 25 mai, tout le bataillon creuse des trous individuels, et d'autres plus larges pour les équipes de FM. L'artillerie allemande bombarde Estrées, spécialement les carrefours, et certaines partie de la route qui le traverse. Nos canons répondent avec vigueur, et envoient leurs rafales sur l'ennemi qui travaille avec une activité fébrile à s'organiser en face de nous, débarque de nombreux renforts et du matériel derrière Assevillers, du côté de Flaucourt et Becquincourt.

On installe un observatoire dans la brèche faite hier, 24 mai, dans le toit du café, à l'angle de la route d'Assevillers, par un obus allemand.

La 11° Cie est avertie que demain 26 mai, à l'aube, elle devra marcher sur Fay, village situé à 1 km au nord du carrefour ouest d'Estées; renforcée d'une section de mitrailleuses, elle enlèvera ce village et deviendra ensuite compagnie du 2° échelon du 3° Bataillon, si celui-ci appuie l'attaque que le 1° Bataillon (Commandant Hermann) doit effectuer sur Assevillers, à 3h30. Le 3° Bataillon du 41° RI dans l'hypothèse du succès dépasserait le 1° et pousserait sur Herbecourt. 

Au coucher du soleil, le Capitaine Fauchon se met en observation à l'ouest d'Estrées et, à la nuit, conduit une patrouille, armée d'un FM, à la lisière du bois sud de fay pour voir si l'ennemi n'occuperait pas ce bois. Ce qui pour la progression du lendemain serait un obstacle sérieux, surtout s'il y avait une mitrailleuse allemande. Fauchon repère seulement quelques sentinelles à la corne sud-est du bois et près de la première maison de Fay. Le local de la bascule sur la route de Fay n'est pas occupé. Le Capitaine Fauchon obtient qu'une section de mitrailleuses (section Saillard) se tienne pendant sa progression à l'ouest d'Estrées, pour neutraliser par ses feux les armes ennemies, s'il s'en révélait à la lisière du bois ou à l'entrée sud de Fay.

Le 26 mai, le 1° Bataillon par d'Estées pour attaquer Assevillers. Les 9° et 10° Cie du 3° Bataillon restent dans le point d'aapui, mais la 11° Cie va s'établir, à 3h00 du matin, en avant de Fay, au nord-ouest, pour protéger, sur la gauche, le dispositif d'attaque du 1° Bataillon du 41° RI et, éventuellement, préparer le débouché du 3° Bataillon. 

Au point du jour, le capitaine fauchon place la section Saillard, et le Sergent  Roussel avec un FM au local de la bascule, sur la route de fay, pour provoquer en temps utile par quelques rafales sur le bois la riposte ennemie qui décélerait une arme automatique allemande. La 11° cie attaque en colonne double: à gauche, section Lebreton, suivie à 100 mètres de la section Philippe; à droite, la section Holtz, suivie de la section Véron. les deux groupes de la section de mitrailleuses Catherine-Duchemein sont intercalés entre les deux échelons. Le Capitaine Fauchon marche au centre droit à hauteur des éléments de têtes, la section de commandement (Adjudant Maignant) derrière lui, ainsi que le mortier de 60 ( Adjudant Baot de la C.R.E).

L'occupation de fay, manoeuvré par la droite, et nettoyé par la 4° section ( Sous-lieutenant Philippe) se fait sans autre incident, qu'un blessé ( soldat Bourel de la section Lebreton). La Compagnie, en colonne double, suit les foulées des colonnes allemandes dans l'herbe humide et s'arrête à 500 mètres au delà de Fay, au sommet d'une crête, d'ou les vues sont superbes (rapport du capitaine Fauchon).

La crête dont parle Fauchon est de médiocre hauteur, deux ou trois mètres tout au plus, mais étendue; elle est située à 400 mètres environ au nord, un peu avant le carrefour des routes qui divergent vers Dompierre et Assevillers.

Le Capitaine est un remarquable soldat; il comprend les nécéssités de l'action et n'hésite par à interpréter les ordres qu'il a reçus dans le sens le plus favorable à ses camarades du 1° bataillon qui se battent à se droite. Il s'installe hors du village, parce que, de la crête, il a des vues sur Assevillers et Dompierre, et peut surveiller le ravin, fort dangereux pour nous, qui descend de la sucrerie Dompierre sur fay, par la gauche. Fauchon estimait qu'il avait là, mieux que dans le village, ses hommes en main.

Mais il faut noter que les ordres donnés étaient différents. fauchon devait tenir Fay, s'y retrancher; l'installation dans le village s'imposait, si l'on ne voulait pas s'exposer à être tourné et enveloppé par des éléments ennemis s'infiltrant derrière la 11° Cie, à la faveur des couverts boisés, à l'ouest. 

Quand, dans l'après-midi, le Lieutenant colonel Loichot viendra à fay, il modifiera le dispositif en conformité avec les instructions antérieures.

Fauchon eût désiré une liaison plus étroite avec le 31° R.T.A qui occupait à sa gauche le village de Foucaucourt, situé à plus de 2 km. C'est un fait à noter que cette absence de liaison trop fréquente entre les bataillons ou les compagnies. Il s'explique partiellement par la forme que les circonstances imposaient chez nous à la guerre: le manque d'hommes ne permettait pas d'étoffer les attaques, et il y avait nécessairement une longue distance entre les groupements: deux km, davantage parfois.

Fauchon " s'enterre sur place, en arc de cercle largement étalé, épousant la ligne des crêtes au nord et au nord-ouest de Fay, avec, à droite, de la route de Fay à la sucrerie de Dompierre, le mortier de 60 et un groupe de mitrailleuses allemandes; mais grâce aux trous individuels et aux camouflages, nous n'avons aucune perte ".

Des patrouilles allemandes essaient d'aborder Fay, vers midi. Elles sont repoussées par le tir de nos mitrailleuses et du mortier. vers 16h00, l'ennemi sort de Dompierre avec l'intention de déloger la 11° Cie de la crête, en la tournant par le ravin boisé de l'ouest, et tente de mettre en position une mitrailleuse lourde. Par le mouvement en avant et les feux des sections Lebreton et Philippe, l'effort de l'adversaire est enrayé. Henri Corre, un vaillant soldat de la section Lebreton, dont j'aurai à parler ailleurs, confirme, dans ses notes, le rapport de fauchon: " Par un brusque mouvement sur la gauche et le feu nourri de nos armes automatiques, l'ennemi sera repoussé ". En effet, nos FM dirigés par le Lieutenant Holtz, obligent les Allemands à se replier. Le Sergent Angibault, comptable de la compagnie, mentionne que ce jour là plus 10000 cartouches de mitrailleuses furent consommées par les tirs de la 11° Cie.

L'artillerie des deux partis avaient beaucoup donné. Les pertes infligées à l'ennemi avaient permis de le bluffer, et il n'insista pas davantage contre fay.

Le calme se fit enfin; il pleuvait. Des avions allemands se montraient encore; nos hommes creusaient des trous individuels, car ils pensaient devoir rester là. Mais l'attaque du 1° Bataillon, à droite, avait échoué. A 23h00, la 11° Cie reçue l'ordre de regagner Estrées. Fauchon eût voulu, disent ses hommes, demeurer sur ses positions. Mais en raison de l'échec du 1° Bataillon, et de l'ignorance ou l'on était des forces et des intentions de l'ennemi, la prudence commandait de rassembler pour la nuit le 3° Bataillon à Estrées, pour qu'on ne risquât point une dangereuse dispersion, la 9° Cie dans la nature, à l'est d'Estrées.

Le 27 mai, on commença d'édifier à Estrées de solides barricades, sur la route d'Amiens. L'ennemi se montra devant le secteur ouest, mais disparut devant le tir de nos armes automatiques.

Au matin du 27 mai, le Commandant Jan demande au Capitaine fauchon s'il est volontaire pour retourner à Fay. La réponse est immédiate et affirmative. fauchon part avec un groupe de soldat, soutenu à vu par le reste de la section Philippe, patrouiller dans la lisière boisée à gauche de la route de la bascule à Fay. Il constate que Fay est libre; et la 11° Cie, en groupement temporaire avec la 4° section de la C.A.3 (qui n'a plus que 3 pièces en état de tirer), fait sans incident à 15h00 l'occupation de Fay, avec mission d'y tenir pour permettre des opérations projetées.

La 11° Cie, comme la veille, était suivie par le médecin Adjudant renault, et l'équipe de brancardiers du Caporal-chef Lécrivain.

Ces incohérences apparentes dans les décisions, faisaient un peu grogner les officiers et les hommes.

Immédiatement on creuse des retranchements, qui furent occupés d'une manière permanente.

Pendant 3 jours, avec antrain, la 11° Cie organisera la défence d'appui, en construisant des barrages aux issues, et en préparant des emplacements pour les armes automatiques. mais il fallait souvent repousser de petits détachements ennemis, qui venaient reconnaître  les positions et harceler nos hommes.

Fauchon établit, comme la première fois, des éléments avancés de jour à la crête, à 500 mètres en avant de Fay.

Au crépuscule, il obtient un tir de notre artillerie sur l'observatoire allemand de la sucrerie de Dompierre.

Dans la nuit du 27 au 28 mai, de minuit à 1h00 du matin, les canons et les minenwerfer allemands bombardent Fay. Il n'y avait heureusement dans le village que la section Philippe et le mortier de 60mm de l'adjudant Baot; les pertes se limitent à deux blessés graves: Le Sergent Roussel et le soldat Cagnot. Le chevet de l'église est percé par les obus, et des maisons avoisinantes  sont détruites.

dans l'après-midi, le 28 mai, un détachement d'assaut ennemi vient occuper le petit bois circulaire, situé entre la route de Fay-Dompierre et celle de Fay-Assevillers. Il soutient, par des feus nourris de mitrailleuses, d'autres groupes qui attaquent la section Holtz sur son flanc droit. tandis que Holtz se défend par le feu et le mouvement en avant, le Capitaine Fauchon se porte à sa hauteur avec le groupe Le Goff (section Lebreton) et une mitrailleuse. le feu par salve du groupe Le Goff d'abord, puis le tir fauchant de la mitrailleuse, réduisent au silence les Allemands du boqueteau, et les contraignent à s'en aller. mais l'ennemi réagit par une rafale de minen qui arrose le groupe Le Goff: un avion Dornier descend en piqué sur le groupe. Fauchon fait tirer le FM et la mitrailleuse sur l'avion; les fusils de Le Goff et de la section Holtz font de même. Le Dornier arrête sa descente, tente de filer en rase-mottes, puis après une déviation va s'abattre en flammes dans les bois, à 1 km au nord de fay; on entend, avec les hourras de nos hommes, l'éclatement du chargement de bombes qu'il transportait.

Une patrouille, dirigée par le sergent Gabé, va fouiller le boqueteau.

Le Lieutenant-colonel Loichot et le Commandant Jan viennent à fay; il est prescrit au capitaine Fauchon de resserrer le dispositif de la 11° Cie dans le village, vu la situation du bataillon.

Le 29 mai est encore marqué pour la 11° Cie par quelques incidents. Une patrouille du Sous-lieutenant Philippe inspecte le ravin boisé à l'ouest de Fay; une autre du capitaine Fauchon à la crête occupée la veille, au nord, reçoit de flanc, du versant ouest du ravin boisé, des rafales de mitraillettes. Le tir d'une de nos mitrailleuses rétablit le calme dans ce ravin.

Vers 10h30, l'ennemi essaie de s'infiltrer par le ravin, à l'ouest toujours. On l'aperçoit heureusement à moins de 1000 mètres environ. le mortier de l'Adjudant Baot l'empêche d'aller plus loin, et peut-être même le met hors combat, car on ne voit venir et s'en aller que des brancardiers.

Pendant l'après-midi, une groupe allemand venu de Dompierre met en batterie une Minenwerfer derrière le bois, au nord-est du ravin, à gauche de Fay. L'observateur Jules Le Saignoux ayant décelé d'une façon très précise cette pièce, un tir de mortier le dédruit rapidement, et son équipe se replie en emportant ses morts. Des éléments qui s'étaient rapprochés sous bois et tiraient à la mitraillette se retirent également.

A la nuit se produisit un incident qui eût pu avoir des conséquences fâcheuses. Une note du Lieutenant-colonel Loichot avait prévenu Fauchon que des chars, accompagnant deux sections de voltigeurs du 1° bataillon, progresseraient su Fay pour nettoyer les arrières du point d'appui des infiltrations ennemies, dans les bois au sud-ouest et à l'ouest. Fauchon devait, à 21h00, se rendre à leur rencontre pour donner au commandant des chars les renseignements indispensables. Vers 21h30, les chars dont les mitrailleuses avaient le bruit que les mitrailleuses allemandes, débouchent sur fay par le sud, tirant à l'aveuglette, à droite et à gauche, au canon et à la mitrailleuses. par miracle, personne n'est atteint. En dépit des signaux, les chars continuent à tirer et ne s'arrêtent qu'au moment ou le Capitaine Fauchon peut, près de l'église, s'aggriper au char de tête et se faire reconnaître !  

Les équipages descendirent de leurs engins, prirent le café et repartirent. Le Lieutenant avoue qu'il avait juste assez de carburant pour rentrer ! Jamais plus la 19° D.I. revit de chars français. Fauchon était furieux. On le comprend sans peine.

Cette aventure devait avoir le 7 juin pour fauchon une conséquence regrettable. Ce souvenir, note-t-il dans son rapport, devait au matin du 7 juin me faire croire, devant la cessation de tir d'un char dont le chef se dressait en levant les bras, qu'il s'agissait encore une fois d'une méprise de ces nouveaux français, dont on nous avait laissé espérer à maintes reprises une contre-attaque en notre faveur; et cette méprise, si courte fut-elle, devait faciliter à l'ennemi la mise hors de combat des survivants de la 11° Cie jusqu'alors jamais vaincue.

Pendant tout ce temps le Médecin Renault avait installé son poste de secours dans la grande ferme Howard, à l'ouest du village. Il n'eut pas à faire oeuvre médicale sérieuse avec la 11° Cie, puisque, outre les deux morts, elle n'eut, en ces jours-là, que 3 blessés. ses brancardiers se muèrent en cuisiniers, et une partie de la compagnie eut recours à leurs bons offices; car ils avaient recueilli les vivres trouvés dans les maisons, et pour suppléer aux insuffisances du ravitaillements, ils distribuaient un utile supplément de vivres. 

Sur tout le front du 3° Bataillon, l'infanterie allemande manifeste une activité de patrouilles. On a constaté, en effet, à Estées, le 29 mai vers 10h00, que des petits groupes ennemis de 3 ou 4 hommes, porteurs d'armes automatiques, partaient d'Assevillers, en utilisant le terrain avec beaucoup d'habilité.

A diverses reprises, des avions allemands passent en rase-mottes sur Estées dans la matinée du 29 mai; et vers 18h40, un violent bombardement met à mal la maison de la poste, ou l'on avait installé le 2° observatoire du bataillon.

Au cours de la nuit du 29 au 30 mai, alerte à fay. Profitant du brouillard et se couvrant du feu d'une mitraillette et d'une mitrailleuse, une patrouille de stosstruppen s'avance contre le groupe de combat Gabé (de la section Holtz) en position dans des trous individuels à quelques mètres devant le carrefour nord de fat (route de Dompierre et d'Assevillers). Gabé et ses hommes résistent bravement sur place avec leur FM et une mitrailleuse. Les allemands se retirent en hurlant, emmenant leurs blessés. Malheureusement , il y a chez nous un mort, le tireur du FM, Joseph Bigot. Dans son rapport, le Lieutenant Holtz signale la brillante conduite de tout le groupe Gabé, et particulièrement celle du soldat Bigot et Salaün. L'ennemi laisse sur le terrain du matériel qu'une patrouille rapporte au jour.

Dans le secteur ouest de Fay, du côté du ravin, le capitaine Fauchon resserre le dispositif de la compagnie, et dans l'après-midi s'en va lui-même donner la chasse dans ce ravin boisé à une patrouille ennemie.

A 12h30 déjà une autre patrouille allemande était arrivée à 30 mètres de fay, par le bois de l'ouest, là ou se trouvait une petite chapelle sur le bord de la route, tout près de la ferme Howard. D'un coupe de fusils, le sergent Angibault la mit en fuite et quelques hommes nettoyèrent les bosquets d'alentour (la chapelle à été détruite par l'attaque du 5 juin).

Vers 16h00, on annonce comme prochaine une attaque générale allemande avec des chars. L'ordre est de laisser passer les engins blindés, si on ne peut les détruire, et de stopper, par le feu, l'infanterie qui les suivra. Le général en chef donne cette consigne " Tenir ou Mourir "

A 22h00, la 9° Cie (Capitaine Dunand) relève à Fay la 11° Cie, qui descend à Estrées. Le personnel médical reste en place. Deux jours plus tard la 9° Cie subira un coup de main allemand qu'elle repoussera.

Vendredi 31 mai, quelques tirs d'armes automatiques sur des isolés allemands venant d'Assevillers.

Des avions ennemis viennent à 4h00 du matin, mitrailler nos hommes sur leurs positions. Le soir, à 19h00, 6 avions de chasse allemands passent à basse altitude, sur Estrées. un bimoteur, touché par des rafales de nos armes, fait un piqué, et file vers l'ouest. de la fumée s'en échappe; le pilote saute en parachute, l'appareil disparaît derrière le bois du Satyre. Le Lieutenant Holtz revient avec la trappe de l'avion, sur laquelle on relève deux tâches de sang. Avec étonnement on lit sur ce débris, en français " Ouvert . . . Fermé " Nul n'a jamais su si cet avion était français ou allemand.

Vers 22h00, le 1° Bataillon du 117° RI prend à Estrées la place du 3° Bataillon du 41° RI qui s'en va à Soyécourt, mais garde Fay. Le 1° bataillon du 41° RI quitte Soyécourt pour remplacer le 31° Tirailleurs algériens à Foucaucourt.

A Soyécourt, la disposition suivante est adoptée: la 10°  Cie, les mortiers de 81, les mitrailleuses de 20, la C.A.3, forment un point d'appui fermé dans la partie est et sud du village, autour du P.C du Commandant Jan, avec un canon de 75 et les pièces de 25.

La 11° Cie s'installe en P.A autour de l'église, la mairie-école, à l'ouest, avec la 4° section de la C.A.3, un canon de 25 et un de 75.

La 9° Cie est à Fay.

Contre attaque de Fay par le capitaine Dunan ( 31 mai au 1er juin 1940 )

Dactylographié par Georges Guéneron le 1er juin 1940

Le 30 mai, vers 22h00, la 9° Cie du 41° RI relevait dans le village de fay la 11° Cie et prenait à son compte la défense du village. A 2 km en avant de la route Amiens - Péronne, Le village de Fay représentait, à la tête d'un ravin montant de Dompierre et de la somme, un point d'appui important qui, en liaison à l'Est avec Belloy en santerre, devait permettre une reprise de la progression vers Assevillers et le Nord. Depuis plusieurs jours, des patrouilles allemandes étaient venues tâter notre dispositif, un coup de main était donc à prévoir. La journée du 31 et le début de la nuit du 31 mai au 1er juin furent employées à l'amélioration des conditions de défenses. Le dispositif réalisé le matin du 1er était le suivant:

- Le lieutenant Payen avec une section de la 9° Cie et le mortier de 60 avaient pour mission de garder les issues ouest du village, face au ravin boisé venant de Dompierre ( la sucrerie ).

- L'adjudant-chef Le Denmat et la 2° section gardaient le carrefour des routes de Dompierre et d'Assevillers au nord du village.

- L'adjudant-chef Le Moal cdt la 3° Section, renforcé d'un groupe de mitrailleuses du sous-lieutenant Vaillant de la C.A.B.3 ( compagnie d'accompagnement de bataillon ) installé au cimetière, flanquaient le village vers l'Est.

- Le Sous-lieutenant Mauduit Cdt de la 4° section gardait dans les environs de l'église les couverts sud du village.

- Le P.C avec le 2° groupe de mitrailleuses du S/Lieutenant Vaillant étaient installés face au N.O entre le lieutenant Payen et l'adjudant-chef Le Denmat.

Les liaisons avec l'arrière avaient été soigneusement étudiées en prévision d'un coup de main possible, un E.R.17 ( poste de radio ) avait même été détaché avec le capitaine Commandant la 9° Cie.

Dans la soirée du 31 mai vers 22 h 00, le sergent Raymond, s/officier adjoint du Lieutenant Payen avait remarqué un affolement anormal des troupeaux de vaches errants en liberté et le dispositif de veille avait été renforcé, vers 3 h 00, le s/officier de garde entendit très nettement parler allemand près de la barricade derrière la chapelle, il donna l'alerte. Un quart d'heure après, on entendit hurler des commandements et les allemands au nombre d'une cinquantaine se ruaient à l'attaque de la barricade. Le soldat Mignard ouvrit le feu au F.M. au bout de quelques rafales, le F.M s'enraya. Les allemands qui s'étaient repliés revinrent à l'assaut au lance-flammes, à la grenade et les défenseurs débordés furent dépassés par les allemands qui pénétrèrent dans le village. Arrivés devant l'église, ils se trouvaient devant la section Mauduit qui ouvrit le feu avec ses F.M et ses V.B ( fusils à grenade ). Devant la violence de la riposte, l'assaillant montant vers le Nord et entraînant les restes de la section Payen, s'est présenté devant le P.A ( poste avancé ) formé par le P.C et le 2° groupe de mitrailleuses, et pénétrant dans la cour de la ferme se voyant tourné le s/lieutenant Vaillant aidé de 2 mitrailleuses modifia sous le feu de l'assaillant son emplacement de batterie et ouvrit le feu à 10 mètres sur l'ennemi qui repris son mouvement de repli vers le Nord.

A la lueur des incendies et des fumigènes qu'ils avaient allumés pour couvrir leur repli et grâce au jour qui commençait à se lever, les assaillants furent cloués au sol par le feu conjugués des points d'appui du P.C et du point d'appui de l'Adjudant chef Le Denmat.

Vers 6 h 00 , le jour étant complètement levé, le Capitaine Dunand donnait ordre à la section Mauduit de reprendre la partie Ouest du village puisque tout laissait supposer que la section Payen avait été enlevée. Tandis que le groupe Jost  se portait à la barricade, les groupes Gontier et Bourhis déblayaient les jardins N.O du village et faisaient, appuyés par la section Le Denmat la moisson de prisonniers et du matériel. Vers 8 h 00 dans la cour du P.C se trouvaient rassemblés avec 29 prisonniers et 16 cadavres ennemis, 36 fusils, 3 mitraillettes, 3 mitrailleuses légères, 2 lance-flammes, 30 grenades, 10 pots fumigènes et tout un lot d'équipements.

NDLA: La croix de guerre fut attribué au capitaine Dunand le 27 juin 1940 par le Chef de Bataillon Jan, Commandant du 41° R.I.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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