Fouquescourt est à l'est de Rouvroy, à 2 ou 3 kilomètres en direction de Nesles.
Depuis le 29 mai, la Compagnie télégraphique, la Compagnie hippomobile, la Compagnie Radio de la Division y sont installées. Le 1° juin, on y a construit des barrages; on a percé des meurtrières dans les murs ,du village pour s'y défendre. Le 2 juin, on a confectionné et essayé des bouteilles d'essence antichars.
Le 5 juin, à 0 h 15, la Compagnie Radio est avisée que l'attaque allemande prévue est imminente. Elle prend les dispositions de combat.
A 3 h 30, les localités environnantes Chilly, Hallu, Maucourt, Chaulnes sont bombardées.
L'aviation ennemie survole continuellement Fouquescourt.
Par radio, on apprend qu'une importante colonne blindée se dirige sur Fransart, au sud de Fouquescourt, sur la grande route de Roye. On passe maintenant les télégrammes en clair pour aller plus Vite.
Un poste de guet est installé dans le clocher; on le relie par une ligne téléphonique avec le P. C. du capitaine Levy.
Plusieurs chars sont signalés en route pour Fouquescourt.
Un sergent a une idée ingénieuse: il relie quelques bidons vides d'essence avec du fil téléphonique de campagne; il les installe devant la barricade, et avec ces engins barre les rues.
A 8 h 20 des autos blindées précédant les chars, se présentent, mais s'arrêtent, inquiètes devant ces mines d'un genre nouveau. Elles n'osent passer ce barrage, et se contentent de tirer sur tout ce qu'elles voient, soldats ou voitures.
Elles entrent dans quelques cours de fermes, mitraillent et rendent inutilisables les voitures. Leur tir prend les rues d'enfilade; l'adjudant de la Compagnie Radio s'en va faire une reconnaissance, mais il n'a
vu un char, ou une auto blindée derrière lui qui envoie plusieures rafales, et lui brise la cuisse droite.
Un char ennemi, en panne au bout du village, est tenu en respect par une vieille mitrailleuse (qui s'enraye souvent), si bien que le conducteur du char ne pouvait descendre pour le réparer.
A 19 heures arrive un télégramme qui prescrit de tenir coûte que coûte, dans Fouquescourt.
Mais à 20 heures, le capitaine Lévy revient de la Compagnie télégraphie, en apportant un ordre de repli sur Guerbigny.
Parmi les soldats les uns se réjouissent; mais les autres voient et font remarquer « que l'on recule ».
Comment expliquer ce changement subit d'ordre! Le sergent Collin, qui était au bureau de la Compagnie
Radio, l'expliquerait ainsi: Après le télégramme de 19 heures, les 3 Capitaines (de la 204 R, 204 T, et Compagnie hippomobile) se seraient réunis, auraient délibéré sur la situation difficile. Car, dit
un autre témoin, une estafette de la Compagnie Radio aurait averti, dans la soirée, du retour des chars ennemis qui, dans la journée, s'étaient approchés de Fouquescourt et l'avaient attaqué.
Les Commandants de Compagnies se seraient jugés menacés d'encerclement, repérés par l'avion d'observation allemand (qui, de fait, était descendu très bas sur le village) et sur le point d'être attaqués sans pouvoir se défendre efficacement.
Ils auraient donc exposé, par téléphone, la situation à la Division. D'où ce télégramme de 20 heures qui modifiait l'ordre antérieur et assignait un autre lieu de cantonnement.
Un départ, sans ordre de la Division, aurait, dit toujours Collin, rompu la liaison avec celle-ci, et jamais le capitaine Lévy ne s'y serait résolu.
Les 3 Capitaines firent donc partir leurs Compagnies. Les voitures quittèrent Fouquescourt, une par une, pour se former en convoi à 3 kilomètres au Sud, et de là filer sur Guerbigny.
L'E. R. 26 ter, qui se trouvait avec le G. R. D. 21 marcha très bien, et se replia toujours avec cette unité.
Les postes détachés dans les divers P. C. de la 19° D. I. s'éteignirent l'un après l'autre dans les journées du 5 juin et du 6 juin.
Le sergent Collin note : « C'était triste d'appeler ainsi un poste qui ne répondait plus. Anxieusement on s'interrogeait: Un tel répond-il encore! »
Le 6 juin, la Compagnie Radio demeura à Guerbigny . . .