Un centre mobilisateur est créé tout près du village de Saint-Marcel, dans une ferme couvrant 70 hectares où est créée une drop zone et où affluent (au su de l'armée allemande qui n'attaquera que le 18 juin 1944) dans une atmosphère de kermesse, quelques 8.000 réservistes, répartis en 12 bataillons dont huit vont bientôt rejoindre leur zone.
En effet, le maquis qui déborde littéralement d'hommes est renforcé chaque jour par les hommes encadrés du 4ème régiment de parachutistes (environ 4000 hommes encadrés) qui rejoignent le maquis Saint-Marcel après avoir réalisé leur mission de sabotage et de harcèlement des troupes allemandes. Le 10 juin 1944, le colonel Bourgoin, qui est manchot, est largué sur la drop zone du maquis de Saint-Marcel. Très vite, la tête du commandant des parachutistes français est mise à prix pour un million de Francs et tous les manchots du département sont arrêtés...
La situation du camp de Saint-Marcel devient de plus en plus dangereuse: les Allemands ont en effet mis en place de fausses "drop-zones" afin de recueillir les containers d'armes et de munitions destinées au maquis. Du 8 au 17 juin, veille de la bataille, l'activité du camp peut se résumer ainsi:
- Préparation d'une action commune S.A.S - Résistance. Encadrement et instruction des volontaires avant l'envoi en mission.
- Forts largages quotidiens (de nuit) de logistique, armement et munitions afin d'équiper les bataillons présents sur le Camp (plus de 2500 hommes) , qui seront effectivement équipés avant le 18 juin.
- Parachutage des renforts S.A.S par groupes, dont le Commandant Bourgoin et son E.M dans la nuit du 9 au 10 juin.
- Récupération des sticks "Cooney-Parties" sur la Base établie à Saint-Marcel et des éléments de "Samwest" qui peuvent rejoindre après leur dispersion.
- Largage pour la première fois sur le théâtre européen de 4 jeeps armées (ndr: les jeeps armées généralement d'un bofor de 40 en déporté au lieu de deux mitrailleuses lourdes jumelées ont été utilisées pour la première fois à "El Alamein") dans la nuit du 17 juin.
- Le 18 juin, se trouvent sur le camp : 200 parachutistes de l'Etat Major et de la 2ème Compagnie (2è Squadron) du 4è B.I.A et un peu plus de 2500 F.F.I. formant principalement les 2ème, 8ème et 9ème Bataillons F.F.I. A 4h30 du matin, une patrouille motorisée de 8 feld gendarmes allemands est prise à partie. Le seul Allemand qui parvint à s'échapper et à donne l'alerte.
Deux heures plus tard, un bataillon de 200 Allemands tentent de s'infilter pour occuper le château "Les Hardys" à l'Est du camp et sont pratiquement anéantis. A neuf heures, c'est un régiment qui débarque des camions le long de la RN 774 et ne parvient pas à s'emparer du même objectif. Or des renforts estimés à une division, comprenant de l'artillerie, des unités de Géorgiens, des troupes anti-parachutistes et même des blindés venant de Coëtquidan et de La Baule commencent à affluer sur le secteur malgré le harcèlement de la RAF.
La décision sage est prise par "le Manchot" d'abandonner le camp à partir de 22 h 30 et de disperser les troupes dans le Finistère et la Loire-Atlantique. A 23h 30, une demi-heure après le dernier décrochage des compagnies engagées, les munitions et les stocks sautent. Au bilan, l'opération a coûté 560 tués aux Allemands et de nombreux blessés, et la mort de 50 parachutistes et de 200 maquisards tués ou disparus. De faibles pertes par rapport aux 10.000 maquisards équipés et encadrés du département qui restent sur pied de guerre et la rage de la vengeance vissée aux tripes. Et ce, d'autant plus qu'une répression féroce s'abat sur la région: Le village de Saint-Marcel a été incendié et est pratiquement anéanti, les villages environnant sont soumis à un couvre-feu total et à l'interdiction absolue de circuler, mesures associées à des représailles féroces contre la population civile, dont le bilan ne semble jamais avoir été dressé.
Mais, dans l'opération du maquis Saint-Marcel, il y avait finalement beaucoup plus que le sacrifice de 250 hommes soutenus par les alliés. Alors qu'une cinquantaine milliers de soldats d'élite allemands attendaient un débarquement hypothétique sur le littoral de la Côte d'Opale, elle crédibilisait la stratégie alliée d'un deuxième possible débarquement en Bretagne, dans la zone de la presu'ïle de Crozon, au lieu du du littoral de la Côte d'Opale... On se trouve alors en présence d'une opération prolongeant l'opération "Fortitude South". De quoi donner de fortes migraines à Adolph Hitler, en entretenant les hésitations du Führer, qui, depuis son nid d'aigle, ne tolérait plus la moindre contradiction de ses généraux opérant sur le terrain!