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Dernière parade en Forêt Noire

    La Division bretonne est en Allemagne

Dernière parade en Forêt Noire

 L'Etat-major de la 19 D.I.

 Elle occupe le sud du Wurtemberg

Ces jours-ci, le 25 octobre, croyons-nous, la 19° Division d’Infanterie stationnée depuis fin juin dans la région de Châteauroux, a fait mouvement vers l’Allemagne. Son P.C. s’établit dans le sud du Wurtemberg, entre Rottweil et Siegmarigen. L’heure attendue depuis quatre mois a enfin sonné à la grande joie des soldats de cette unité à qui pesait la prolongation du cantonnement sur les rives de l’Indre ou de la Claise. Nous n’irons pas jusqu’à écrire que la population témoigna de l’hostilité aux Bretons, encore que quelques incidents tendraient à l’établir mais il est bien certain  que la sympathie ne régna point entre les Berrichons et les gars de l’Ouest. Ceux-ci, de plus, eurent à souffrir et du climat trop continental et du ravitaillement pas assez substantiel.

Cadeau d’anniversaire 

L’ordre de mouvement vers l’Allemagne est un cadeau d’anniversaire. La 19° D.I. a pris corps, en effet le 25 octobre 1944, en Bretagne, à Rennes et sur les fronts de Lorient et de Saint-Nazaire. 

Le 8 août précédent un télégramme officiel de l’Etat-Major Général d’Alger, adressé au Général commandant les forces françaises en Grande Bretagne prescrivait de mettre sur pied en Bretagne cette Division et, dix jours plus tard, le Général Borgnis-Desbordes était chargé de cette mission. Le mois n’était pas achevé que déjà ce jeune et dynamique chef se jetait au travail., appuyé par le Général Allard, commandant la XI ° Région.

Unité Bretonne

Le Général Borgnis-Desbordes, après des contacts avec les chefs départementaux des FFI et les Commandants des différents bataillons de maquisards, dont plusieurs faisaient face à l’ennemi installé à Brest, Crozon, Lorient, Quiberon, Saint-Nazaire, put constituer des régiments. La tâche fut plus aisée dans les Côtes du Nord ou le Colonel Marceau disposait d’effectifs nombreux, dans le Finistère et dans le Morbihan qu’en Ille et Vilaine où les effectifs étaient bien moindres.

Les Côtes du Nord donnèrent le 71° R.I. dont le commandement fut confié au Colonel Languillaire, assisté du Colonel Marceau. Le 118° R.I. commandé d’abord par le Colonel Fauche puis par le Colonel Jouteau se fit de deux bataillons du Finistère et d’un bataillon du Morbihan. Le Finistère fournit en outre un bataillon de tradition du 43° RI  qui constitua le centre d’instruction divisionnaire dont le commandement incomba au Colonel Curt. Quand au 41° RI, le vieux et glorieux régiment de Rennes, il fut formé d’un bataillon d’Ille et Vilaine – le Bataillon Frémont – et de deux Bataillons du Morbihan, le tout sous la direction du Colonel Duranthon. 

Côtes du Nord, Morbihan, Finistère, et Ille et Vilaine donnèrent ensemble naissance au 10° RAD, commandé par le Colonel Vermeil de Conchard, et au 19° dragons, commandé par le Colonel Adol, ainsi qu’aux bataillons ou compagnies de Q.G., de Génie, de Train, de Transmissions, de Santé, et des FTA.

Des Chefs chevronnés 

Le Général Borgnis-Desbordes « magnifique soldat, aimé de tous » a dit de lui récemment le Général Allard – riche d’un beau passé militaire, venu d’outre-mer après avoir combattu en Afrique du Nord, en Italie, dans l’Ile d’Elbe, fit preuve de beaucoup de tact dans la composition de l’encadrement de sa division. Aux troupes qui s’étaient illustrées dans la résistance, il fallait des chefs dignes d’elle, alliant la valeur au mérite, capables de comprendre leur âme. Ces chefs, le Général Borgnis-Desbordes les trouva parmi ses camarades de l’armée d’Afrique. Il confia le commandement de l’Infanterie au Colonel Henri Joppé, blessé à Cassino. Le commandement de l’artillerie, c’est au Colonel Conchard , chargé par le Général de Gaulle du ralliement des possessions insulaires à sa cause, qu’il le confia.Enfin, il appela au commandement des régiments des Officiers - nous les avons déjà nommés – qui avaient fait preuve et de courage et de compétence et de noblesse … 

Fraternité au feu 

De part et d’autre du côté des maquisards Bretons comme du côté des chefs venus d’Afrique ou des cadres subalternes, il y eut quelque appréhension au premier contact, mais cette appréhension se dissipa vite. Sous le même drapeau ces êtres aux origines différentes, dont plusieurs avaient errées sur des voies opposées, se trouvaient enfin rassemblés par un même idéal et oeuvraient pour un même but. Ces soldats du maquis, ces officiers d’Afrique, ces rescapés du drame de l’obéissance –marins de Dakar et de Mersel-Kébir, combattants de Syrie et autre – s’ouvrirent les uns aux autres, se comprirent les uns les autres, s’aimèrent fraternellement. Et cette fraternité s’accusa au feu, chacun se plaisant à souhaiter qu’elle survive à la démobilisation, malgré les compétitions partisanes, les luttes électorales.

                                                                                  Robert Marcillé

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