21 Juin 1940
La marche est interminable, comme un cauchemar.
A 5 heures le régiment atteint Rouvres-les-Bois. Les hommes s'écroulent à terre et s'endorment.
Pendant ce temps, la 19ème D. I., qui ne compte plus de troupes combattantes et a été placée en réserve de corps d'Armée, a atteint Gouex, sur les bords de la Vienne, par la Trimouille, Montmorillon et Lussac-le-Château.
Mais il faut repartir, les colonnes ennemies ne doivent pas être loin. Avec une grande énergie, à 8 heures, le commandant Jan remet en marche le régiment. Trois heures de repos et de sommeil n'ont fait que durcir les muscles et on sent plus lourdement que jamais la fatigue.
A 4 kilomètres de Rouvres, enfin, deux camions envoyés par le 9ème zouaves, chargent quatre-vingts hommes, les plus fatigués,. . . et les autres continuent. Au carrefour de la Verrerie une colonne de cars
attend, et son chef commence à faire embarquer les hommes, mais un général survient et les fait descendre, Ces cars sont destinés à une brillante unité méridionale, le 344ème R. I., qui doit aller fort loin vers son pays et dont les hommes, pour voyager plus confortablement, ont déposé sur la route, avant le carrefour, en morceaux, leurs armes et leurs équipements. . . Sans commentaires.
Le 41ème marche toujours. De 11h30 à 14 heures, il fait halte à Moulins-sur-Cêphons, où, grâce à un boulanger, il trouve un peu de ravitaillement. Puis les deux camions-navettes reviennent et embarquent à nouveau quatre-vingts hommes. Seuls restent les " durs ", et ils repartent. . . Saint-martin-de-Lamps, Saint-Pierre-de-Lamps, Sougé. . . Enfin, vers 16 heures, les deux camions sauveurs prennent leur dernier chargement. Un détachement cycliste est formé. Les dernières voiturettes de mitrailleuses partent sous les ordres du sergent-chef Lincot; elles se joindront le 23 au soir aux restes de la C. D. A. C. et continuant sans répit une marche harassante; la petite colonne ayant ses chevaux épuisés, les pneus de ses voiturettes hors d'usage, atteindra le 24 au soir Grand-Madieu. Rejointe alors par l'ennemi, elle devra laisser dans un bois ses chevaux à bout de forces, après plusieurs centaines de kilomètres parcourus, et les hommes en armes continueront le repli et retrouveront le régiment après l'armistice.
Par Argy, Varonne et Buzançais, les restes du 41ème R. I. atteignent Vendoeuvres, puis la Cabasserie, où un officier de la 19ème D. I. heureusement retrouvée leur prépare un transport en camions.
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