19 Juin 1940
Marche pénible. Les hommes sont vraiment à bout et ont peine à suivre la colonne sur la route poussiéreuse qu'éclaire le disque brillant de la lune. A Selles-Saint-Denis, par suite des nouvelles recueillies, le commandant Jan décide d'obliquer encore plus au Sud-Est et de passer le Cher au pont de Châtres. Ce pont est enfin franchi vers 8 heures. Les hommes, épuisés par ces 35 kilomètres, s'écroulent à l'abri des couverts, pour prendre quelques heures de repos.
Pendant ce temps, le lieutenant Lucas, qui a attendu en vain toute la nuit le passage du régiment à Loreux, puis à Villeherviers, enfin à Villefranche, retrouve à 7 heures le motocycliste du G. R. D. qui n'a
pu remettre le compte rendu de changement d'itinéraire. Le P. C. D. I. a en effet quitté Millançay, occupé par les Allemands. Il gagne alors Châbris, où vient d'arriver le convoi hippo du 3ème bataillon qui a franchi le pont de Villefranche à minuit 30, puis le château de Campaix indiqué comme P. C. D. I. et ou un motocycliste lui apprend le repli de la division à 40 kilomètres de Châbris au Sud de l'Indre. Le convoi hippo du 3ème bataillon du 41ème, dont les équipages marchent sans arrêt depuis la Somme, continue sa route vers Buzançais qu'il ne pourra jamais atteindre, les chevaux, à bout de forces, s'abattant sur la route pour ne plus se relever. A Buzançais, le lieutenant Lucas retrouve le convoi auto du régiment et rend compte de la situation au général Lenclud ,qui, pendant plusieurs jours, redoutera d'avoir définitivement perdu les restes de son infanterie. Il n'en était rien, heureusement.
Le commandant Jan, qui, du pont de Châtres, ne peut reprendre la Iiaison avec le P. C. D. I., met les restes de son bataillon, déjà si durement éprouvé, à la disposition de la 87ème D. I. N. À. (9ème zouaves, 17ème et 18ème R. T. A.) près de laquelle il se trouve, et il reçoit immédiatement la mission de défendre le pont de Châtres et le pont de la Prée, à 2 kilomètres plus au Sud. Par une lourde chaleur le régiment occupe ses positions. Les armes automatiques sont en place, protégeant le repli de
la 87ème D. I N. A. qui, devant nos fantassins, défile vers l'arrière. Le ravitaillement fait totalement défaut. La journée s'achève sans incident.
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