17 Juin 1940
La matinée s'écoule dans le plus grand calme, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps, Le 2ème bataillon se repose dans les bois de Montevran. Les éléments chargés de la défense de l'entrée Nord de la Ferté-Saint-Aubin travaillent avec coeur à creuser des éléments de tranchées. Sur la route les colonnes de civils continuent à déferler sans arrêt, en masses pressées. Dans la Ferté-Saint-Aubin, abandonné par la plupart de ses habitants depuis la veille, c'est partout le pillage.
Après le train de ravitaillement stationné en gare, les épiceries ont été prises d'assaut. Une épicière a été assommée vers la fin de l'après-midi d'hier, et ce matin, maintenant que les habitants sont partis, la
foule des réfugiés casse et pille tout comme une horde dévastatrice.
Quel coup de maître pour Hitler d'avoir jeté cette population sur les routes ! Et quelle honte pour la France. C'est cet exode qui a rendu impossible toute défense sur la Loire en bloquant sur les routes les
convois militaires.
A 11 heures, la C. H. R. reçoit l'ordre de se porter au château de Grand-Vaullier, à 4 kilomètres au Sud, près de Chaumont. A 11h30 arrive le 3ème bataillon qui avait quitté Souvigny à 5 heures et s'installe
dans le parc du château du Mousseau, dont les habitants viennent de déguerpir.
A midi la T. S. F. nous apprend que des plénipotentiaires sont partis demander l'Armistice, Chacun sent avec tristesse que c'est la seule solution possible et l'on regrette que cet acte n'ait pas été
accompli plus tôt.
Dans l'après-midi le convoi hippomobile de la C. H. R. et des 2ème et 3ème bataillons rejoint le Mousseau. Parti d'Ormoy le 15 juin vers 2 heures du matin, mitraillé en route, retardé par les civils, il a pu cependant atteindre Ia Loire et la franchir, au pont de Jargeau, entre deux bombardements. Les hommes rapportent les visions horribles dont ils ont été les témoins: hommes, femmes et enfants massacrés par les bombes et la mitraille, spécialement au passage de la Loire.
A 22 heures, les deux sections de la 5ème compagnie qui stationnent au château de Montevran et reçoivent l'ordre de se porter à la Ferté-Saint-Aubin où elles remplaceront les deux sections du 107ème R. I. qui rejoignent leur régiment, Le bouchon de la Ferté-Saint-Aubin sera ainsi assuré par toute la 5ème compagnie, sous les ordres du sous-lieutenant Guilloton. On rassemble ce qui reste comme munitions de F. M. pou ravitailler ces éléments, et la 5ème compagnie, qui a perdu une partie
de ses armes automatiques détruites par l'artillerie ennemie dans les comtats de l'Oise, en est pourvue à nouveau aux dépens des autres compagnies du bataillon.
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