16 Juin 1940
Pas de nouvelles du 3ème bataillon. Le chef de gare de la Ferté-Saint-Aubin nous apprend qu'un grave accident de chemin de fer s'est produit dans la nuit au sud d'Orléans et que les voies sont encombrées;
tout trafic est arrêté. Le chef du 3ème Bureau du corps d'Armée nous renseigne sur la situation : Le 24 mai notre division devait rejoindre la tête de l'armée Blanchard, entre Péronne et Arras, mais la défection des trois divisions anglaises, formant l'avant-garde de cette armée, avait rendu impossible cette opération. Le repli de l'Oise et de la Seine était dû au recul de la 6ème Armée, à notre droite.
Sur la route d'Orléans passent, en masses compactes, piétons, voitures hippomobiles et autos. Très peu de militaires, la Ferté fourmille. Un train de vivres est mis au pillage par les civils et il nous faut employer la force pour conserver le wagon de pain attribué au régiment.
A 11h15, une quinzaine d'avions apparaissent, venant du Nord à moyenne altitude. Ils descendent en piqué sur la Ferté. Ce sont des Italiens. Eclatement des bombes qui tombent en sifflant; poussière et
fumée dans le ciel bleu. Ils reviennent et à nouveau, par chapelets de quatre ou de six, une centaine de bombes s'abattent sur l'axe de la route Orléans-Vierzon et de la route Orléans-Pithiviers. Les civils,
affolés, s'enfuient au hasard dans la campagne. Les hommes du régiment sont pâles, mais calmes; ils en ont vu d'autres et s'efforcent de rassurer ces femmes tremblantes qui ne savent plus ce qu'elles font.
Les dégâts sont importants. Environ 200 tués ou blessés graves, dont trois quarts de civils. Un autobus de la T. C. R. P. plein de femmes et d'enfants a été coupé en deux dans la longueur et on voit partout
des maisons effondrées.
A 15 heures, le 3ème bataillon et la C. D. T. font prévenir qu'ils ont débarqué à Cerdon, à 40 kilomètres à l'Est de la Ferté-Saint-Aubin.
Mitraillé par des avions au Sud de Gien, leur train est passé sans dommages au pont de Sully entre deux bombardements et, par suite de l'encombrement des voies, il a dû s'arrêter à la gare de Cerdon à
13 heures. L'ordre arrive alors de la division de regrouper le régiment dans la région du carrefour des routes la Ferté-Romorantin et Vouzon-Yvoy-le-Marron, à 4 kilomètres au Nord de Chaumont-sur-Tharonne, où se trouve le P. C. D. I. En exécution de cet ordre, le 3ème bataillon et la C. D. T, font mouvement en deux étapes par Isdes, Souvigny et Vouzon, et le 2ème bataillon se porte à 17 heures vers ce carrefour. Des avions mitraillent les colonnes en marche, mais sans aucun résultat.
A 20 heures, le régiment est installé comme suit : P. C. R. I. et C. H. R. au château du Mousseau, encore occupé par des éléments de chars, sans matériel; 2ème bataillon au château de Montevran; le 3ème bataillon, qui a été mitraillé par des avions entre Cerdon et Isdes, est arrêté à Souvigny; enfin, deux sections de la 5ème compagnie, deux sections du 107ème R. I. et trois autos-canons sont établies défensivement à l'entrée Nord de la Ferté-Saint-Aubin.
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