Ce chapitre sera consacré à la retraite des restes de la 19° D.I
du 8 juin au 20 juin 1940
( Les combats sur l'Oise et le Cher )
Le 8 juin à 1h30 du matin le 41ème RI s'installe aux points suivants :
- PCRI, CDT CDAC et BDAC à Quinquempoix
- Section de mitrailleuse de 20 mm du 1er Bataillon et la section Le Moal de la 9ème Cie du 3ème Bataillon à Ansauvillers
- Le 2ème Bataillon à Sains
- Le 3ème Bataillon à Gannes.
A 20h00 le régiment se porte légèrement en arrière pour tenir une position défensive intermédiaire à Erquinvilliers et Lieuvillers. PCRI à la ferme de la Folie, au sud-est de Saint-Just. Un bouchon solide sera installé sur la route nationale Amiens-Paris, au carrefour de la route de Valescourt à 4 km au sud de Saint-Just-en-Chaussée.
Chaque bataillon part isolément suivant l'itinéraire fixé (Brunvillers, Ravenel, Angivillers) : Compagnie régimentaires, 2ème Bataillon, les sections restantes et le PC du 3ème Bataillon.
Des éléments se trouvant à Ansauvillers, pourront rejoindre plus tard quelques hommes, mais les pièces et les trois quart des effectifs sont restés à Ansauvillers, tués ou blessés suite à une attaque par plusieurs auto-mitrailleuses et chars légers allemands.
Au cours du déplacement le régiment reçoit des nouveaux ordres. Tous les éléments de la 19ème DI et du Corps d'Armée doivent se replier aussi vite que possible en direction du sud-est pour atteindre l'Oise qu'ils doivent franchir à Pont-Sainte-Maxence. Tous éléments qui n'auront pas franchis la rivière le 9 juin à 16h00 seront considérés comme perdus.
plus de 35 km vont s'ajouter aux 15 km déjà fait depuis Gannes, Sains ou Quinquempoix, 50 km à ajouter aux 60 km de la veille.
Le 9 juin - Véhicules et colonnes à pied passent sans arrêt à Angivillers. Les diverses unités du 41ème RI, prisent dans cette immense enchevêtrement d'hommes atteignent ce village à de longs intervalles. A 2h45, les restes du 3ème Bataillon arrivent enfin, suivant de loin les Compagnie régimentaires passées vers 22h00 et le 2ème Bataillon vers minuit 30. Tous sont dirigés sur le même itinéraire :
Pronleroy, Gernoy, Fouilleuse, Epineuse, Sacy-le-Grand, Tourteaucourt et Pont-Sainte-Maxence.
Les éléments du 41ème RI passent à Sacy-le-Grand, à 10 km de Pont-Sainte-Maxence, entre 7 et 9h00.
A 12h30 le 3ème Bataillon, dernier élément du 41ème RI, passe l'Oise à Pont-Sainte-Maxence. A 15h30 le pont est détruit par un bombardement de l'aviation allemande.
Après un pareil effort physique les hommes s'effondrent dans la forêt de Halatte, sur la route de Saint-Maxence à Creil. Il faut qu'ils reprennent des forces avant d'atteindre, à 10 km encore de Pont-Sainte-Maxence, Mont-la-Ville, lieu de regroupement du régiment.
Le 41ème RI est réduit au tiers de son effectif : un millier d'hommes à peine. outre les tués et blessés des combats des 19 mai au 7 juin, tout le 1er Bataillon et 2 compagnie du 3ème Bataillon sont restées dans la Somme; une section de mitrailleurs et une section de voltigeurs sont restées presque entières à Ansauvillers. Enfin, une centaine d'hommes égarés durant le repli n'ont pas rejoint.
Le 10 juin - Le régiment s'embarque entre 4h30 et 5h30 dans des autobus de la TCRP qui, au fur et à mesure de l'embarquement de chaque unité, filent à pleins gaz pour éviter les avions qui depuis le début du jour ronronnent dans le ciel direction Chantilly par Senlis. Le débarquement s'effectue dans la forêt de Chantilly, aux abords de Lys-Chantilly. Le 2ème Bataillon du 41ème RI a pour mission d'interdire le passage dans la région du pont de Boran. Le 3ème Bataillon du 41ème RI a pour mission d'interdire le passage du pont de Précy-sur-Oise.
Le 3ème Bataillon s'installe sur ses positions dans l'après-midi. il ne comprend plus d'ailleurs que trois sections de la 9ème Compagnie, la 4ème section étant restée à Ansauvillers, la 10ème Compagnie ayant été laisée encerclée à Fay et la 11ème Compagnie à Soyécourt. La section Payen s'installe face à l'ouest, moulin de Précy, la section Le Denmat avec le PC Bataillon dans la ferme de Précy, face au pont, et la section Mauduit à Toutevoie, en liaison avec les cavaliers qui occupent le camp Romain.
A 22h00 le 2ème Bataillon s'installe sur ses positions reconnues dans l'après-midi : la 7ème Compagnie à la plage de Boran, la 6ème Compagnie au Pont, la 5ème Compagnie au nord, en liaison avec le 3ème Bataillon. Le PCRI est installé à Lys-Chantilly, au carrefour des routes Précy-Viarmes et Boran-la-Morlaye.
Le 11 juin - Le régiment reçoit l'ordre de faire sauter les ponts de l'Oise à 11h15. Celui de Boran s'écroule d'abord puis à 11h50, c'est le pont suspendu de Prècy qui s'abime dans l'Oise.
Vers 14h30 le 2ème Bataillon signale des éléments ennemis sur les hauteurs bordant l'Oise. Vers 15h15 un violent bombardement de minen et de 105 s'abat sur Boran plage et les abords du pont. Puis le tir s'allonge jusqu'aux lisières ouest du bois de Lys et des éléments ennemis tentent de franchir l'Oise sur de petits bateaux en caoutchouc, mais les tirs nourris de fusils et d'armes automatiques les repoussent. L'ennemi a profité de cet essai pour repérer avec précision les emplacements de mitrailleuses et de FM. Vers 17h00, les tirs d'artillerie qui avaient fortement diminué reprennent avec une grande violence. Chacun des emplacements d'armes est soigneusement arrosé de minen. Cela dure près d'une demi-heure à forte cadence. Puis, soudain, de nombreux éléments ennemis tentent le passage. Ils sont repoussés presque partout, sauf à Boran plage où le bombardement a rendu inutilisable plus de la moitié des armes automatiques.
A 17h45 l'ennemi a pris pied armés de nombreuses mitraillettes et appuyés par des tirs nourris d'artillerie. La confusion est à son comble. une trentaine de permissionnaires du 2ème bataillon qui, après avoir erré depuis le 12 mai, venaient de retrouver (par quel hasard !) le régiment et avaient été dirigés vers 17h00 sur leur unité, accueillis sans armes par le violent tir d'artillerie, se sont repliés en désordre sur Lys-Chantilly, surpris de ce premier contact avec la réalités de la guerre.
des groupes isolés d'ennemis s'avancent dans la partie sud du bois de Lys. Le PCRI augmente rapidement ses moyens de défense. les barricades sont renforcées. un canon de 25 du 2ème Bataillon qui s'est replié sur le PC vient s'ajouter aux deux canons de la CRE déjà en batterie. Les maisons et les jardins de la partie est du PC sont aménagés rapidement. Vers 18h15 des rafales de mitraillettes sifflent dans les rues. Le Colonel fait brûler le Drapeau. Les heures passent. A aprt quelques rafalent de mitraillettes rien ne bouge. Deux patrouilles sont envoyées, l'une en direction de l'Abbaye de Royaumont, et ne signale rien, l'autre , en parcourant le bois de Lys, en direction de Boran plage, reçoit des coups de feu.
Vers 21h00, le Lieutenant LUCAS reprend la liaison avec le 2ème Bataillon. La situation, bien que confuse, ne semble pas très bonne. La 5ème Compagnie, au nord, se dit submergée par l'ennemi; la 6ème Compagnie, au centre, résiste encore avec peine; la 7ème Compagnie, au sud, s'est repliée dans le bois de Lys où elle résiste. Mais le brutal bombardement si précis n'a pas causé que des pertes; il a aussi atteint le moral des hommes dont l'état de fatigue est extrème. une section de la 7ème Compagnie qui était chargée de la garde du PCRI est envoyée en renfort.
A 23h00 le Colonel donne l'ordre au 2ème Bataillon de se replier sur la route de Précy-sur-oise à Viarmes. Pendant cette fin de journée, le 3ème Bataillon n'avait eu à subir aucune action de la part de l'ennemi.
Le 12 juin à 1h00 - Le 2ème Bataillon est installé sur ses nouvelles positions, face à l'ouest. Le décrochage s'est fait sans grandes difficultés, et une fois le regroupement terminé, on s'aperçoit que les pertes sont moins fortes qu'on ne l'avait craint. L'ennemi ne semble pas vouloir exploiter cette nuit son avantage, mais il est indispensable de le repousser au plus tôt de l'autre côté de l'Oise. en effet, cette percée menace dangereusement les arrières du 3ème Bataillon et du GRD qui bordent l'Oise, face au nord.
dès 3h30 cinq chars d'assaut et un peloton de cavaliers portés sont mis à la disposition du régiment. A 3h45, le 2ème Bataillon repart en avant, appuyé par ce nouveau renfort. surpris, les Allemands n'offrent que quelques résistances isolées. en peu de temps l'ennemi est rejeté dans l'Oise et le 2ème Bataillon s'installe aux lisières ouest du bois de Lys. Puis matinée assez calme.
Au début de l'après-midi, le 3ème bataillon signale des éléments ennemis sur l'autre rive de l'Oise; des coups de feu s'échangent de part et d'autre sans grands résultats.
Vers 18h00 bombardement par minen des maisons proches du pont de Précy. A 18h15 la situation devient mauvaise. La division informe que l'ennemi a franchi l'Oise en amont de Creil et qu'il se trouve dans la forêt de halatte. un repli probable est envisagé pour la nuit.
A 20h10 un ordre arrive de la division : repli à partir de 21h00. Mission : atteindre la région de Noisy-le-Grand-Noisiel pour défendre les passages de la Marne. Itinéraire : Viarmes, Belloy, le Mesnil-Aubry, ecouen, Gonesse, le Bourget, Bondy, Rosny, Neuilly-sur-Marne; encore 56 km. L'ordre de repli est aussitôt transmis aux divers éléments. Le décrochage se fait sans difficultés."