Les lignes attristées qui terminent l'ouvrage qu'on vient de lire , sont du début de l'année 1942, Elles exigent un court complément.
Nous avons depuis vécu des années angoissantes et humiliées, portant au coeur. Une blessure profonde, encore, acrue par l'apathie d'un trop grand nombres durant ces années, plusieurs au moins ,ont continué de servir par la parole et par l'action. Par la parole, en s'efforçant de faire vivre dans les âmes la foi en la France et l'espérance que des jours meilleurs viendraient, Ce n'était pas sans risque. Car , on pouvait s'attendre à voir paraître la police allemande ; mon confrère, le Père Le Maux, l'a éprouvé. Par l'action en Allemagne, le colonel de Lorme (promu Général) vivait dans un camp de représaille; il en est mort à son
retour. A Besançon, le vaillant colonel Loichot a été arrêté par L'ennemi pour son activité résistante; le conduit au camp de la mort, à Dachau, il n'en est : pas revenu. A Brest, Fauchon a été l'animateur de la lutte clandestine, jusqu'au moment ,où les armes à la main .il a contribué à anéantir l'allemand dans sa ville. A Paris, un brave garçon nommé Poirier travaillait assidûment et avec péril au service de
renseignement; pourchassé par la Gestapo, il partit rejoindre, les forces du Général de Gaulle et fit une courageuse campagne en Afrique du Nord, en Italie, puis en Alsace, pour être finalement blessé au combat. Macé, de la C. H. R. du 41e devenu officier à la 1° armée a été tué dans la bataille victorieuse d'Allemagne. Sans doute faudrait-il citer d'autres noms, par exemple celui du capitaine Gazeau, avoué à
Saumur (de l'Etat-Major de la D.I) arrêté et tué par les Allemands.
La Libération enfin est venue, suscitée par un chef d 'une valeur morale et intellectuelle extraordinaire, le Général de Gaulle, mainteneur de l'âme française. Avec lui, la 19° D.I. ressuscitée a pris sa part glorieuse des luttes libératrices en Bretagne.
En mettant la dernière main à ce travail, il est juste de rendre hommage à tous ces soldats, connus ou inconnus, grâce auxquels le sentiment de la grandeur française et de l'honneur national pourra retrouver sa place dans la conscience de notre peuple.
Puissent tous les jeunes, appelés à servir autour des drapeaux de nos vieux régiments, s'inspirer des exemples de leurs anciens, de (nos morts, et faire leur la fière devise du 41°, la devise d'Anne de Bretagne: « Potius mori quam foedari » mieux vaut mourir que forfaire à l'honneur.