• Témoignage de Madeleine Fablet - 102 ans (article Ouest-France du 18 juin 2014)

    Madeleine Fablet avait 32 ans lors des événements de juin 1944. Ses souvenirs sont restés presque intacts en ce qui concerne la bataille de Saint-Marcel et surtout celle du Bois-Joly, la ferme où elle se trouvait alors avec son mari, Hyacinthe, et ses enfants, Marcel, Michel, Madeleine et Annick, la petite dernière, qui avait 2 ans.

    Les armes et munitions ramassées après les parachutages étaient entreposés dans les hangars. Mon mari les convoyait le jour avec ses chevaux et sa charrette vers la ferme de la Nouette, qui se trouvait à environ 1 km à vol d'oiseau.

    Là se trouvaient les chefs du maquis : le commandant Bourgoin, chef des parachutistes, et le colonel Morice. Au matin du dimanche 18 juin, une patrouille allemande en repérage sur les routes des Noës a essuyé des tirs. Un rescapé a pu prévenir le bataillon allemand de Ploërmel, qui a cerné Saint-Marcel.

    Les premiers tirs au Bois-Joly

    Aux environs de 9 h 30, nous vaquions à nos occupations habituelles, avec certains parachutistes et résistants présents, quand nous avons aperçu les casques de soldats allemands qui se faufilaient le long des talus.

    Très vite, les premières rafales de mitraillette se sont fait entendre. Cinq résistants originaires d'Auray, et Suzanne Berthelot, 15 ans, qui surveillait les vaches dans le champ Monfort, discutaient ensemble. Ils ont été abattus tous les six.

    Les enfants, qui avaient été préparés pour aller à la messe, n'ont pas eu le temps de descendre au bourg. Heureusement, car à partir de ce moment le fusil-mitrailleur placé au bas de notre propriété, face à la maison, a tiré sans discontinuer. La porte, les volets ont volé en éclats, une balle est venue frapper une casserole et une autre s'est logée dans l'horloge, qui porte encore la marque.

    Tout le monde s'est retranché à l'arrière de la maison, dans la cave. Nous y sommes restés jusqu'à 17 h. Nous avons alors décidé de partir à travers champs vers Sérent, chez ma belle-soeur qui habitait au Coudray. Entre-temps, mon mari, « le grand terroriste », était recherché par les Allemands. Il s'était enfui à Ruffiac avec de faux papiers, car sa tête était mise à prix.

    Toutes les fermes environnantes ont été brûlées, mais la nôtre a été épargnée. Pourtant, des mèches avaient été installées dans les murs, des fagots empilés et une bombe dissimulée dans la baratte. Mais avant d'y mettre le feu, les Allemands voulaient retrouver le fermier, mon mari.

    Nous ne sommes revenus au Bois-Joly que le 15 août. Pendant tout ce temps, les animaux de la ferme ont été livrés à eux-mêmes. J'ai même retrouvé deux poules à Pinieux... »

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