• Noël d'occupation à Rottweil

    Le 24 décembre 1945 à minuit, à la Caserne ‘Napo ‘de Rottweil en Forêt Noire, il y a de la neige partout. Il fait très froid et l’ennemi n’a rien laissé en état de fonctionnement derrière lui, même pas les chaudières de chauffage central de la caserne.

    Mais, c’est notre premier Noël de Paix et à notre tour comme occupants. Alors, des guirlandes de circonstances ont été installées partout, dans les couloirs, dans les réfectoires... Les repas, depuis la veille, sont améliorés et le vin n’est pas rationné. Des poêles a bois de fortune ont été installés au réfectoire et l’on se promet de passer une nuit de conquérants dans ...la caserne, car tout le monde est consigné pour ne pas risquer de désordres en ville.

    Sans doute grâce à la présence de l’état major de la 19e D.I. du Général Borgnis Desbordes en ville, des souvenirs avaient été confectionnés à notre intention par la fabrique d’insignes Moker de Rottweil. (des boîtes de cigares et cigarettes, des blocs-notes à en-tête de la Division …) Ci-dessous un exemple de ces coffrets souvenirs aux armes du 41ème régiment d'infanterie que les camarades seront fiers de ramener à la maison plus tard.

    Pendant ce temps en ville, des anciens nazis se chargeaient parait-il, de diffuser à notre égard la plus mauvaise publicité. Pour la population, nous sommes les terroristes Bretons qui tiraient dans le dos de leurs soldats au temps de l’occupation allemande en France. . Et le dernier événement connu alimentait les conversations ne contribuait pas à l’apaisement.

    C’est vrai que des camarades de la région de Saint-Méen le Grand, Montfort, se promenant en ville, étaient tombés nez à nez sur le pont du Nekar à Rottweil avec un Allemand bien connu chez nous qu’on surnommait "menton de galoche" Au temps de l’occupation, il était adjudant  au camp d’aviation de Gaël en France et s’était mal comporté avec les civils.

    Alors, ces camarades et la prévôté qui se trouvait à proximité n’ont pu s’empêcher de lui donner une raclée, dont il a dû se souvenir longtemps. Mais, dans la nuit, un des nôtres avait été balancé par-dessus le pont et était retrouvé mort au fond du Nekar le lendemain matin.

    Cette histoire ajoutée à d’autres, ne fît qu’exacerber les esprits au fur et à mesure que les verres se vidaient car la haine et la guerre nous habitaient encore. Certains chantaient la valse des vaches et parlaient d’aller tondre une allemande.

    Notre cordonnier qui avait perdu un proche dans un camp de concentration nazi, ressassait ses souvenirs dans l’alcool. Se levant soudain, il disparaît du réfectoire. On apprendra ensuite, qu’il s’était rendu dans son atelier pour se saisir d’un tranchet avant de se diriger vers la chambre isolée où étaient cantonnés quatre soldats allemands prisonniers, chargés des corvées dans la caserne.

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