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Le repli des 2° et 3° Cies et de C.A.1
La 1° Compagnie s'était éloignée; les autres partirent à leur tour, dès qu'elles furent rassemblées, vers 4 heures.
Déjà il faisait jour. Il m'a été impossible de savoir dans quel ordre les 2°, 3° Compagnies et la C. A. l s'acheminaient. Le capitaine Giovanini, commandant le 1° Bataillon, avec son État-Major, marchait devant la C. A. 1.
Les deux canons de 25 de la C. A. étaient tractés par une chenillette, chargée de toutes les munitions; les deux canons de la C. R. E. par l'une des chenillettes venues en renfort.
Tout de suite, la colonne quitta la grande route et s'engagea en direction du sud par un chemin de terre; elle passa à droite du Bois Étoilé; il y avait là des tas de douilles d'obus, et des obus prêts pour le tir.
Après le Bois Étoilé, la colonne continua sa route, dans la plaine. Des avions ennemis la survolaient à basse altitude, sans la bombarder.
Avant d'atteindre Lihons, les compagnies s'arrêtèrent dans la ferme isolée de Lihu, sans doute pour reconnaître l'itinéraire.
Durant 10 minutes les hommes se mirent à l'abri pour échapper aux vues d'un avion de reconnaissance.
Dans cette ferme située près de la route Vermandovillers - Lihons, le soldat Rouault découvrit un soldat allemand qui fut fait prisonnier. C'était, m'a dit le sergent Bitaud, chef de section à la 3° Compagnie, un jeune soldat; il parlait fort bien le français et semblait plutôt avoir été laissé là pour inciter nos hommes à ne pas poursuivre la lutte, car il leur déclara: Il est inutile de continuer; vous ne pourrez pas
vous retirer; nous sommes à Rosières.La colonne, emmenant son prisonnier, entra dans Lihons, qu'elle traversa sans aucune difficulté, et, à la sortie de ce village, fit une pause de 5 minutes. Elle bifurqua vers l'ouest, vers Rosières. On aperçut alors, à gauche, des autos, des camions, des canons, des chevaux, roulant ou courant à toute vitesse sur la grande route; ils paraissaient venir de Chaulnes. Nos hommes pensaient que ce pouvait être des
Français, qui, comme eux, se repliaient.Les Compagnies s'arrêtèrent, un Lieutenant fut envoyé en reconnaissance.
Il ne revint pas; vraisemblablement, il avait été fait prisonnier.Tout ce qui venait était allemand.
Presque au même moment, de Rosières on tira sur la colonne avec des mortiers probablement, peut-être avec des canons, Un obus fit chez les nôtres 8 tués et blessés.
Parmi ces derniers, le sous-lieutenant Agnès et le sergent Armand Bitaud, de la 3° Compagnie.
Jusqu'alors on avait marché en ordre ,sur les deux cotés d'un chemin étroit, et l'on était arrivé a 1 endroit d'ou partait un autre petit chemin, dans la direction d'une usine à droite.Ce fut un affolement général; en un clin d'oeil, les hommes se dispersèrent sur le terrain, les uns vers la droite, les autres vers la gauche. La 3° Compagnie était alors toute proche de Rosières, sur le point d'y pénétrer. Le plus grand nombre essaya, par un mouvement instinctif, de se, mettre à l'abri derrière les murs de l'usine. Mais le lieu n'était pas sur, et sous le couvert d'un bois, on retourna à Lihons.
Arrivé là, le capitaine Giovanini remit immédiatement tout son monde en ordre, autant qu'il était possible, et, fit prendre des dispositions de combat. Le sous-lieutenant Pean qui commandait la C. A. 1 le secondait. Ce détail semble indiquer que le Lieutenant fait prisonnier dans la reconnaissance
dont j'ai parlé, était Bellanger, adjoint au Chef du Bataillon.Il était environ 9 heures du matin, quand ces dispositions furent prises. Les mitrailleuses se mirent en batterie autour de LIhons, 3 canons de 25 prirent position. l'un face à Rosières, servi par Hubert de Goesbriant, un autre, avec une mitrailleuse, prenait d'enfilade la route d'Amiens, un troisième battait le carrefour Vermandovillers - Chaulnes. Le canon de Goësbriant n'eut pas à intervenir.
Le sous-lieutenant Goudineau, dont j'ai dit la brillante conduite à la tête de la sa compagnie, tardant à arriver, le sergent-chef Morin prit immédiatement le commandement de cette Compagnie; le sergent-chef Rio l'aida dans sa tâche d'organisation. Morin avait d'autant plus de mérite que, bousculé la veille par la déflagration d'un obus, il s'était fait une foulure dont il souffrait beaucoup. Mais Morin avait
de l'énergie; il s'était fait remarquer au corps franc devant Sarrebrück.Vers midi, Goudineau à bout de forces rejoignit sa Compagnie, au moment où le 1° Bataillon dut repousser des troupes ennemies venant à l'attaque.
Deux auto-mitrailleuses, d'abord, se présentèrent par la route d'Amiens, défendue par la 2° Compagnie; l'une de ces auto-mitrailleuses arborait un drapeau blanc, et transportait un Lieutenant français que les Allemands voulaient envoyer en parlementaire. Il s'y refusa énergiquement. Un de 25 et des mitrailleuses avec des balles perforantes ouvrirent le feu sur la voiture blindée qui n'avait que des ennemis à son bord; elle fut projetée dans le fossé, et, semble-t-il, détruite. Roger Cotto et le soldat Albert Bertrand l'ont vue à une très courte distance : 200 mètres environ, peut-être moins. Quant à l'autre, elle s'en alla.
Il n'était pas encore question de se rendre. Le capitaine Giovanini ne le voulait à aucun prix.
Mais l'infanterie allemande ne tarda pas à paraître; les ennemis avançaient (en criant comme des sauvages), dit Bertrand (2° Compagnie). Ils furent reçus de la même manière que les auto-mitrailleuses. Dans ce combat, qui se poursuivit jusqu'à 13 heures, nos mortiers envoyèrent leurs derniers obus.
Il y eut alors un répit d'une demi-heure; puis de nouveau le canon de Rosières se fit entendre; les obus tombèrent sur Lihon. Des chars se dirigèrent vers le village, mais ils furent vus à une assez grande distance.
Vers 14 heures, le sous-Iieutenant Goudineau et le sergent Morin cherchèrent à se mettre en liaison avec le Commandant du Bataillon. Après une assez longue absence, ils revinrent, disant avoir reçu l'ordre de s'échapper par sections, par petits groupes, s'il était possible. On voyait, en effet, déjà sur les routes des mitrailleurs allemands en marche. On abandonnerait les sacs, le matériel, les canons, pour n'emporter
que les armes individuelles.On démonta la culasse des canons de 25 pour les rendre inutilisables; les 3 chenillettes ne furent pas incendiées, sans doute parce qu'elles contenaient encore quelques grenades F.1 qui eussent pu blesser nos hommes; mais les conducteurs Herpès et Martin, de la C. R. E., Roger Cotto, de la section
de Commandement du Bataillon, les mirent hors de service.Choisir une direction était difficile, car les coups de feu venaient de tous les côtés.
Pour essayer de mettre un peu d'ordre dans le récit de ces dernières heures du 1° Bataillon, il convient de distinguer différents groupes.
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