• Herleville

    A Herleville, ou la journée d'hier a été tumultueuses, il n'y a rien de notable à signaler le 6 juin.

    Le nettoyage de la veille a été si complet, qu'il vaut aujourd'hui à nos camarades une tranquillité relative.

    Seuls des bombardements intermittents viennent les troubler, mais sans conséquences sérieuses.

    Un autre récit sur Herleville

    Extrait du journal de marche du sous-lieutenant PINEL, commandant la section installée dans la ferme GODIER. : « …Les 77 pleuvent toujours. Les avions de reconnaissance allemands passent sans cesse au dessus de nous. Je n’ai pas vu un avion français depuis le début des hostilités. La belle ferme ou nous étions en position n’est plus qu’un amas de pierres et de terre. Nos chevaux sont blessés dans l’écurie. Nous n’avons aucun ravitaillement. Nous avons infligé de fortes pertes aux Allemands. Nul doute qu’ils vont contre-attaquer. Le soir approche. Ils ont reçu des renforts et nous attaquent au lance-flamme. J’ai la barbe grillée et sent le cochon grillé à plein nez. La nuit est troublée maintenant. Les blessés allemands crient toute la nuit. Nous ne pouvons les secourir car nous savons ce qui nous attend. Au petit jour, nouvelle attaque. On les distingue mal. On va ouvrir le feu, mais on entend parler français «  Ne tirez pas les gars, nous sommes de la 7ième compagnie ». Les allemands les avaient fait avancer devant eux pour attaquer. Ils étaient prisonniers depuis la veille. On a d’abord tiré en l’air, puis dans le tas. L’attaque est repoussée, mais à quel prix !

         A ma gauche, un obus tombe prés d’un groupe de « voltigeurs ». Leur sergent-chef arrive près de moi me disant : « ils ne nous ont pas eu les vaches, seul le chien a été tué. » Cela barde toujours. Nous n’avons pas mangé depuis 3 jours. Quelques débrouillards ont trouvé du pinard, cela nous soutien malgré tout. Quelques Allemands ont réussi à monter dans le clocher du village et nous tirent dessus avec leurs mitraillettes. Notre canon de 25 a vite fait de descendre le clocher. La nuit vient, il faut redoubler de vigilance. Les blessés crient toujours dans la plaine. Les vaches blessées dans les champs beuglent toute la nuit, c’est épouvantable.

         Au petit jour, nouvelle attaque. Le capitaine THOURON, les lieutenants PRIGENT et RAVOUX veulent se rendre compte du mauvais fonctionnement des postes radio avec le P.C. Un obus tombe prés d’eux. THOURON a le bras droit arraché. RAVOUX, coté droit criblé d’éclats. PRIGENT est tué. Il avait 25 ans et devait se marier sous peu… Dans la nuit un ordre arrive. Il faut se replier immédiatement, nous sommes encerclés parait-il. Nous rassemblons notre matériel et partons avec les chevaux blessés. La 5ième Cie ferme la marche. Il y a eu de la bagarre ou nous passons ; la route est jonchée de casques allemands et français. Ceci se passe le 7 juin. J’ai su par la suite, et de bonne source que le 41ième avait été considéré par l’état-major comme complètement disparu… 

     

    « Défense de SoyécourtFoucaucourt »

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